Sisyphe, vous connaissez ? Pour avoir défié les dieux, ce personnage de la mythologie grecque fut condamné à pousser toujours un rocher jusqu'au point culminant d'une colline, avant que la pierre ne reparte dans l'autre sens. Kabwita Kasongo, lui, est un charbonnier congolais. Et le "héros" de Makala parait, lui aussi, subir un châtiment éternel...
Je vous parle aujourd'hui d'un documentaire, récompensé l'an passé du Grand Prix de la Semaine de la critique au Festival de Cannes. C'est à mon association que je dois le privilège de l'avoir découvert. Voilà ce que j'appellerai un "choc positif", dans le sens où Makala permet d'ouvrir les yeux sur une certaine réalité de la condition humaine, en nous ramenant, nous Européens, à une juste humilité. Quand le film débute, Kabwita Kasongo, le charbonnier congolais, s'attaque à un travail de titan: il veut abattre un arbre et le débiter avant, donc, de faire du charbon à partir des plus gros morceaux. Ensuite, pas question de se reposer: il faudra au contraire marcher jusqu'à la ville la plus proche (à 50 km, tout de même !) pour tâcher d'obtenir le meilleur prix du combustible naturel ainsi obtenu. J'imagine que je n'ai pas besoin d'autres mots pour vous expliquer combien cette vie est misérable. Évidemment, on est plutôt secoué...
Je salue le fait que Makala ne se complaise pas dans une observation stérile de cette situation de très grande pauvreté. D'ailleurs, le fait est que Kabwita Kasongo s'accroche et qu'il a même des objectifs précis, motivé qu'il est par l'espoir de pouvoir offrir une meilleure vie à sa femme et à ses enfants. L'intelligence des choix de réalisation opérés pour ce film consiste à laisser les images parler d'elles-mêmes. Aucune voix off ne vient expliciter et/ou dénaturer ce que l'on voit. Seul un peu de violoncelle vient parfois compléter une bande-son objectivement sobre, qui donne en fait toute sa place à la réalité captée sur le terrain. Le résultat est d'une beauté étonnante. Croyez-moi: cette escapade africaine pourrait bien vous surprendre. C'est un périple comme on en fait rarement avec le cinéma européen et dont certain(e)s d'entre vous ne devraient revenir que lentement. Mention particulière pour les scènes nocturnes, d'une force incroyable.
Makala
Documentaire français d'Emmanuel Gras (2017)
Après avoir découvert ce film, je crois qu'il est intéressant de tourner son regard vers le cinéma de Jean Rouch, venu plus tôt sur le sol africain, et qui propose une vision bien différente du "continent noir". Vous préférez la fiction ? Pas de problème ! Pour garder une approche ethnologique, je vous recommande Gabriel et la montagne, déjà cité dans mon top 2017, ou Un homme qui crie - un film venu du Tchad !
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Un petit tour du côté du Movie Challenge...
Chic ! Je peux aujourd'hui valider l'objectif n°17: "Un documentaire".
Et si vous voulez un autre avis sur le film...
Il ne vous restera plus qu'à aller lire ce qu'en pense mon amie Dasola.
Je vous parle aujourd'hui d'un documentaire, récompensé l'an passé du Grand Prix de la Semaine de la critique au Festival de Cannes. C'est à mon association que je dois le privilège de l'avoir découvert. Voilà ce que j'appellerai un "choc positif", dans le sens où Makala permet d'ouvrir les yeux sur une certaine réalité de la condition humaine, en nous ramenant, nous Européens, à une juste humilité. Quand le film débute, Kabwita Kasongo, le charbonnier congolais, s'attaque à un travail de titan: il veut abattre un arbre et le débiter avant, donc, de faire du charbon à partir des plus gros morceaux. Ensuite, pas question de se reposer: il faudra au contraire marcher jusqu'à la ville la plus proche (à 50 km, tout de même !) pour tâcher d'obtenir le meilleur prix du combustible naturel ainsi obtenu. J'imagine que je n'ai pas besoin d'autres mots pour vous expliquer combien cette vie est misérable. Évidemment, on est plutôt secoué...
Je salue le fait que Makala ne se complaise pas dans une observation stérile de cette situation de très grande pauvreté. D'ailleurs, le fait est que Kabwita Kasongo s'accroche et qu'il a même des objectifs précis, motivé qu'il est par l'espoir de pouvoir offrir une meilleure vie à sa femme et à ses enfants. L'intelligence des choix de réalisation opérés pour ce film consiste à laisser les images parler d'elles-mêmes. Aucune voix off ne vient expliciter et/ou dénaturer ce que l'on voit. Seul un peu de violoncelle vient parfois compléter une bande-son objectivement sobre, qui donne en fait toute sa place à la réalité captée sur le terrain. Le résultat est d'une beauté étonnante. Croyez-moi: cette escapade africaine pourrait bien vous surprendre. C'est un périple comme on en fait rarement avec le cinéma européen et dont certain(e)s d'entre vous ne devraient revenir que lentement. Mention particulière pour les scènes nocturnes, d'une force incroyable.
Makala
Documentaire français d'Emmanuel Gras (2017)
Après avoir découvert ce film, je crois qu'il est intéressant de tourner son regard vers le cinéma de Jean Rouch, venu plus tôt sur le sol africain, et qui propose une vision bien différente du "continent noir". Vous préférez la fiction ? Pas de problème ! Pour garder une approche ethnologique, je vous recommande Gabriel et la montagne, déjà cité dans mon top 2017, ou Un homme qui crie - un film venu du Tchad !
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Un petit tour du côté du Movie Challenge...
Chic ! Je peux aujourd'hui valider l'objectif n°17: "Un documentaire".
Et si vous voulez un autre avis sur le film...
Il ne vous restera plus qu'à aller lire ce qu'en pense mon amie Dasola.
2 commentaires:
Rebonjour Martin, ce documentaire m'a emballée. On oublie d'ailleurs que c'est un documentaire. Le héros de l'histoire a beaucoup de dignité et quelle force et détermination pour atteindre son but. On peut comprendre que beaucoup de gens de ces pays veulent migrer en Europe, même sans qu'il y ait la guerre. Bonne après-midi
C'est vrai qu'on a tendance à oublier que c'est un documentaire !
J'en suis sorti un peu sonné, très content de ma petite vie en France, du coup...
Un grand respect pour ceux qui font le choix de l'exil, évidemment.
Mais une immense admiration aussi pour ceux qui restent et endurent.
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