mercredi 21 février 2018

Enjeux démocratiques

Certains d'entre vous le savent déjà: nous aurons droit à deux films de Steven Spielberg cette année. Sans trop attendre, je me suis rué sur le premier dès la semaine de sa sortie, attiré par la perspective de découvrir une oeuvre politique intelligente. J'admire cette facette du travail de Tonton Steven - le pendant de son imaginaire débridé...

Bingo ! Pentagon papers est bien une oeuvre politique intelligente ! Un petit résumé s'impose pour les non-initiés: dans l'Amérique morose des années 70, un éminent analyste missionné par le gouvernement détient des documents compromettants sur l'administration d'État, qui, issus de plusieurs sources concordantes, tendent à démontrer que la guerre du Vietnam se poursuit alors même que les autorités civiles et militaires sont persuadées qu'elle n'est qu'une boucherie inutile. C'est vers le Washington Post, qui n'est encore qu'un journal local à tirage modeste, que la caméra de Spielberg se tourne alors. Questions essentielles: que peut-on publier et quand doit-on le faire ? Cette double interrogation soutient le scénario, une fois encore tiré d'une histoire vraie, mais qui affiche une belle vigueur ! La tension qui anime la rédaction de The Post - pour reprendre le titre original - s'avère joliment retranscrite, ce qui rend finalement accessible à tous une réflexion intéressante sur la place des médias dans une société démocratique. Sur ce point, franchement, le pari du film est gagné...

J'ai débuté cette chronique avec une photo de Tom Hanks, très bon dans le rôle du rédacteur-en-chef obstiné. Il me paraît important d'ajouter qu'il n'est presque ici "que" le deuxième personnage du film. D'après moi, c'est avant tout Meryl Streep qui attire la lumière ! Pentagon papers peut ainsi être vu comme un portrait de femme. Celui de Katharine (alias Kay) Graham, l'ex-propriétaire et directrice de publication du Post. À ce titre, elle avait la charge de la survie économique du journal, ainsi que de sa défense devant les tribunaux ! L'intelligence du récit est ici de montrer le parcours quasi-initiatique réalisé par cette femme, propulsée à la tête d'une grande entreprise sans réellement l'avoir anticipé et contrainte à encaisser les coups. J'aimerais ne pas en dire beaucoup plus: la vie à la tête d'un canard n'est bien sûr pas de tout repos... et cet autre versant du scénario n'est pas le moins intéressant (malgré une ou deux scènes "faibles"). Resterait à considérer l'écho du film dans notre monde d'aujourd'hui. Il existe, mais j'aime autant vous laisser en juger par vous-mêmes...

Pentagon papers
Film américain de Steven Spielberg (2017)

Bon... il faudra que je regarde Les hommes du président. J'ai lu plusieurs fois que ce film consacré au scandale du Watergate demeure l'une des meilleures références de la représentation du journalisme d'investigation au cinéma (et il a décroché quatre Oscars en 1976). D'autres longs-métrages du même genre attendent sur mon étagère. Avant d'en reparler, j'insiste: ne négligez pas ce Spielberg grand cru ! 

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On continue avec le Movie Challenge...
Et hop ! Je coche la case n°39: "Le film est basé sur des faits réels".

Et on termine avec un tour sur d'autres blogs...

Pascale, Dasola et Strum m'ont devancé et ont déjà livré leur analyse.

14 commentaires:

Strum a dit…

Tu peux d'autant plus regarder les Hommes du président que le dernier plan de ce bon cru spielbergien est tiré d'une des premières séquences du film de Pakula. Merci pour le lien !

Martin a dit…

C'est bien ce que j'avais cru comprendre… et j'en suis d'autant plus tenté.
Je ne résisterai pas éternellement au tandem Dustin Hoffman / Robert Redford !

eeguab a dit…

Hey Martin. ComMme je l'ai dit chez Strum j'ai appércéi l'efficacité du film. Le film-enquête journalistique est devenu un vrai sous-genre dont l'archétype est évidemment Les hommes du président mais bien avant Bas les masques par exemple explorait déjà le thème de la presse U.S. Plus récemment Truth et Spotlight. Mon regret est la précision de la dernière scène qui, pour ma génération, coule tellement de source qu'elle me paraît redondante. Mais il faut bien que j'admette que de moins en moins de gens font partie de My generation. A bientôt cher ami.

Pascale a dit…

Spielberg est GRAND.

La dernière scène est GENIALE.
Vire... les Hommes du Président et la course folle de Justin et Robert. Un chef d'oeuvre.

Pascale a dit…

Vite et non vire...
On connait le coupable.

Martin a dit…

@Eeguab:

Tu as tout à fait raison: c'est un film "efficace".
Merci pour les références complémentaires que tu m'apportes.

"My generation"… la prochaine fois, je compte sur toi pour un concert des Who !
Cela dit, je veux bien te croire pour cette scène redondante. J'y vois un clin d'oeil complice.

Martin a dit…

@Pascale 1:

Je suis d'accord à 100% : Spielberg est GRAND !
Bon… je vais mettre "Les hommes du président" à mon planning de fin février / début mars.

Martin a dit…

@Pascale 2:

Ouais, je vois que ton Coréen continue de faire des siennes…
En plus, il donne à Hoffman le même prénom que Timberlake ou Bieber. Craignos !

Pascale a dit…

Bonne idée d'enquiller sur les Hommes du Président rapidly.

Justin Hoffmann :-))) ça le rajeunit de 30.40 ans.

Chagaz' et vous? a dit…

ah et bien tu vois je ne savais pas que ce film était sorti, tu me donnes envies de le voir!
merci pour ta chronique !


www.chagazetvous.com

ideyvonne a dit…

Envie aussi de le voir mais ce sera soit en dvd, soit en téléchargement)
"les hommes du présidents" est effectivement un must qu'il faut que tu vois ;)

Martin a dit…

@Pascale:

Si le rajeunissement fonctionne pour de vrai, je vote pour.
Bon... une autre façon de faire serait de re-revoir "Little big man".

Martin a dit…

@Chaga:

Mais je t'en prie ! Merci à toi de ton intérêt !
Le film est également sorti en Allemagne, mais je suppose que tu attendras le DVD.

Martin a dit…

@Ideyvonne:

Je suppose que le DVD sortira avant l'été.
"Les hommes du président", on reparlera peut-être... prochainement.