vendredi 10 juin 2016

Une femme

Le premier plan de The immigrant est une merveille d'esthétisme. D'abord, on ne voit que la Statue de la Liberté, jusqu'à ce qu'un zoom arrière nous dévoile le dos d'un homme. On peut dès lors remarquer qu'à l'horizon, un bateau fait son entrée dans le port de New York. Nous voilà arrivés aux États-Unis, aux tous premiers jours de 1921...

Aussitôt, nous faisons connaissance avec le premier personnage féminin du film: Ewa Cybulska, débarquée de Pologne avec sa soeur dans l'espoir d'une vie meilleure, auprès d'une famille déjà installée. Vous aurez très certainement compris que ce sera bien plus difficile que prévu: Ewa va vite se retrouver sous la coupe du type aperçu quelques instants auparavant, un dénommé Bruno Weiss, présenté comme un artiste de cabaret réputé, mais plutôt du genre à arrondir ses fins de mois grâce au proxénétisme. Et ensuite ? Vous verrez ! Bonne surprise: The immigrant n'est pas manichéen - il n'y a pas l'oie blanche d'un côté et le vilain profiteur de l'autre. Je ne vous dirai pas que le scénario brille par son originalité, mais il est plutôt bien écrit. Quant à la reconstitution d'époque, elle est soignée, sans ostentation.

Le récit, lui, tourne autour d'un trio: aux deux protagonistes du début s'ajoute un troisième larron, à peu près à la moitié du métrage. Jeremy Renner rejoint alors Marion Cotillard et Joaquin Phoenix. Qu'ajouter ? Que les trois acteurs sont convaincants. Je dois admettre que la môme française m'a donné toute satisfaction, pour une fois. Évidemment, l'homme qui la filme et ses partenaires à l'écran y sont pour quelque chose, mais une alchimie émerge entre les comédiens. Bémol: sur cette base, je m'attendais à être un peu plus ému. Le fait est qu'au contraire, j'ai plutôt tendance à rejoindre les rangs de ceux qui regrettent que The immigrant conserve une certaine froideur. Oui... je me suis senti plus spectateur que réellement impliqué. Même si on est ici dans le haut du panier du cinéma US, il manque toujours un petit quelque chose pour tutoyer les sommets. Tant pis...

The immigrant
Film américain de James Gray (2013)

En compétition pour la Palme à Cannes, le long-métrage était rentré bredouille de son séjour sur la Croisette. Il reste très recommandable à ceux d'entre vous qui sont férus d'un certain classicisme au cinéma. Les autres pourront noter qu'il s'agit du tout premier film historique de James Gray, mais aussi que je préfère nettement Two lovers. D'autres oeuvres du réalisateur m'attendent: j'en reparlerai, c'est sûr.

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D'ici là, si vous êtes curieux d'autres avis...

Vous pouvez aller faire un tour sur les blogs de Pascale et Chonchon.

6 commentaires:

ideyvonne a dit…

Pour ma part, cela a été une belle découverte ce film et oui, il faut souligner la superbe photographie de Khondji qui avait déjà fait des exploits dans "seven" ou "la cité des enfants perdus" pour ne citer que ceux-là.

Martin a dit…

Darius Khondji est un grand, cela va sans dire ! Je lui avais consacré une chronique en novembre l'année dernière. Il sera de nouveau le directeur photo de James Gray pour son prochain film, "The lost city of Z".

Anonyme a dit…

J'ai bien aimé cet Immigrant, mais il est vrai que ce n'est pas aussi bien que les précédents films de James Gray (The Yards par exemple, c'est exceptionnel, et Two Lovers ce n'est pas mal non plus).
Strum

Martin a dit…

Merci pour cet avis, Strum ! N'ayant encore vu aucun de ses trois premiers films, il est bien possible toutefois que je les rattrape un jour. Compte tenu du sujet et au vu de la bande-annonce, je suis aussi curieux de ce que donnera "The lost city of Z", mais je n'ai pas trouvé sa date de sortie en France. Wait and see.

ChonchonAelezig a dit…

Beaucoup aimé en effet, l'histoire, la réalisation, l'ambiance, les acteurs... tout !

Martin a dit…

D'accord avec tes critères, mais il m'aura juste manqué un tout petit peu d'émotion supplémentaire. Peut-être parce que je ne suis pas tout à fait parvenu à oublier Marion Cotillard derrière Ewa Cybulska...