vendredi 27 novembre 2015

Ces bons vilains

"Meilleur est le méchant, meilleur sera le film": cette petite phrase est attribuée à Alfred Hichcock. D'avoir évoqué deux des héros archétypaux de la littérature et du cinéma m'a donné envie de rallier le côté obscur pour parler brièvement de ma conception des vilains. Franchement, sans eux, nos lectures et séances seraient fades, non ? J'ai un goût prononcé pour les bad boys et autres pervers de la fiction.

Je ferai peut-être un jour une liste (et/ou un classement provisoire) de mes méchants de cinéma préférés. S'il me fallait citer aujourd'hui l'une des caractéristiques susceptibles de me satisfaire, j'évoquerais probablement un côté insaisissable. En clair, j'aime être surpris: voir arriver la catastrophe avec de gros sabots, ça m'intéresse assez peu. J'ai constaté que j'appréciais surtout de ressentir une tension croissante vis-à-vis d'un personnage qui semble capable d'exploser dans la seconde... sans nécessairement passer à l'acte, d'ailleurs. J'aime aussi que tout arrive tout à coup et qu'il n'y ait pas eu de signe avant-coureur. Tant qu'on n'est pas dans la vraie vie, bien entendu...

Il me semble que le septième art ne compte que peu de psychopathes vainqueurs. Généralement, au contraire, les criminels de pellicule sont punis ou se repentent de leurs mauvaises actions passées. Quelques autres échappent à la justice ou sont mangés par un poisson plus gros qu'eux. Sans parler de ceux auxquels une série de films permet d'effectuer plusieurs tours de piste, je trouve intéressant d'imaginer un cinéma un peu moins consensuel, qui fasse la part belle aux ordures récidivistes. En fait, ce sont parfois les prétendus héros qui, pour venir à bout de leurs ennemis les plus tenaces, ont tendance à s'inspirer de leurs méthodes. Friand d'ambiguïté comportementale chez les gentils, je jubile quand ils s'écartent peu ou prou des règles. Un peu d'immoralité à l'écran, je juge ça tout à fait acceptable. Non ? 

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Un mot sur les photogrammes du jour...
Le premier sort de L'empire contre-attaque, l'épisode V de la Guerre des étoiles, réalisé par Irvin Kerschner et apparu au cinéma en 1980. Le second date de 1995 et vient d'un thriller de David Fincher: Seven.

Bien ! Le débat est désormais ouvert...
Je suis à vrai dire très curieux de connaître votre vision sur le sujet. J'ajoute que, bien sûr, vous êtes libres de la manière de la présenter.

14 commentaires:

Pascale a dit…

Je vais me pencher sur ces cas forcément très intéressants.
Il me semble que le vilain pas beau au carré impeccable dans No country for old man s'en sort non ??? Mal en point, mais il s'en sort !
Quand le méchant est raté comme dans le dernier Bond... ça affaiblit le film !

dasola a dit…

Bonjour Martin, sans être un "psychopathe" et à propos de Kevin Spacey, il a interprété Kayser Söse dans Usual Suspects de Bryan Singer et c'est lui qui tire les ficelles de l'histoire et il s'en sort. Bonne après-midi.

cc rider a dit…

Fantomas le génie du crime s'en sort toujours à l'écran et ce depuis 1913..

Anonyme a dit…

Super bonne idée de billet ! C'est vrai qu'un bon méchant c'est important, ça donne beaucoup d'élan à un film, ça marque le spectateur. Pour moi, il doit être charismatique, avoir une certaine présence, il faut qu'on tombe dans son jeu (après c'est des généralités, je ne dis pas que c'est systématiquement le cas mais si on me demande ce qu'est un bon méchant, je donnerais ce type de réponse - même si c'est très dur d'y répondre).

princécranoir a dit…

En parlant d'ordure insaisissable, en remontant dans le grenier du septième art on peut tomber sur le Docteur Mabuse, matrice des méchants jamesbondiens et entité maléfique absolue ! Mais quel esprit malin t'a glissé dans l'oreille l'idée de cet excellent billet sur les méchants du cinéma ?

Véronique Hottat a dit…

Un "bon" méchant doit avant tout me séduire d'une façon ou d'une autre. Un peu comme un reptile qui hypnotise sa proie avant de se jeter dessus. Cela peut-être par sa séduction, par l'entremise d'une faiblesse qui se manifeste, d'une faille ou d'une entaille mal cicatrisée. C'est le fait de voir son humanité qui persiste malgré tout mais qui pourtant n'excuse pas. Steve Railsback, qui joue le personnage de Mike Nickerson dans Les visiteurs d'Elia Kazan, est un personnage de cette trempe. Je l'ai trouvé émouvant et effrayant à la fois. Il me faut cette ambiguïté-là en tout cas pour leur trouver ce petit quelque chose de fascinant.

Martin a dit…

@Pascale:

Je ne me souviens plus vraiment du sort du méchant de "No country for old men", mais tu pourrais bien avoir raison. C'est l'un des vilains "récents" assez efficaces, à mon goût. Note d'ailleurs que, si ma mémoire ne m'abuse pas, le roman originel est particulièrement noir... et presque plus flippant encore !

Martin a dit…

@Dasola:

C'est exact et je trouve d'ailleurs que Kevin Spacey est tout à fait remarquable dans ce rôle. Attention de ne pas en dire trop long: peut-être que certains n'ont toujours pas vu "Usual suspects".

Martin a dit…

@CC Rider:

Bien vu, l'exemple de Fantômas ! Je ne pense souvent qu'à Jean Marais, mais ça serait sûrement intéressant d'explorer plus avant la carrière cinéma de ce personnage mythique.

Martin a dit…

@Tina:

Merci pour le compliment sur ce modeste billet ! Ta définition du bon méchant me va bien, personnellement. Je crois que c'est une thématique que nous n'avons pas fini de creuser. Tant mieux, d'ailleurs !

Martin a dit…

@Princécranoir:

Le docteur Mabuse ! Il serait grand temps que je le sorte de son placard, celui-là. Le titre d'entité maléfique absolue titille franchement ma curiosité !

Merci de parler d'un excellent billet - je suis flatté. Sa source d'inspiration ? Tout simplement mon dépit après avoir constaté que le méchant de "Spectre" ne m'a pas fait frissonner un quart de seconde dès lors qu'il est entré dans la lumière...

Martin a dit…

@Sentinelle:

L'idée du méchant séducteur me plaît ! Il y a de ça, en effet, ce côté hypnotique que représente à merveille le serpent Kaa dans "Le livre de la jungle" version Disney.

Très bonne référence que "Les visiteurs", un grand film d'Elia Kazan ! Si je me souviens bien de cette granuleuse pellicule, les mauvais garçons venus enquiquiner la petite famille de James Woods restent longtemps dans une attitude ambiguë avant que, soudain, la violence éclate visuellement. Mais n'en disons pas plus pour préserver la surprise de celles et ceux qui n'aurient pas encore vu le film !

2flicsamiami a dit…

Excellente idée cet article :)
Je crois que tu as parfaitement ce que j'attends, moi aussi, d'un méchant. Un être imprévisible, qui ne laisse rien au hasard et qui pousse le gentil à se corrompre, j'aime ça.
C'est vrai que le John Doe (l'équivalent de notre cher Monsieur X de l'autre côté de l'Atlantique) est un modèle en son genre. Sans doute le plus mémorable des méchants du cinéma.

Martin a dit…

Merci, l'ami 2flics ! Je suis ravi de voir que nous sommes grosso modo sur la même longueur d'ondes. Tout ça m'encourage à publier une prochaine chronique sous la forme d'un top des méchants. Je ne suis pas sûr que je placerais John Doe en tête, mais il était à coup sûr un vilain franchement marquant !