mercredi 12 février 2014

Parents ?

Pas de chiffres pour le prouver, mais je m'avance quand même: sortir un film le jour de Noël ne me semble pas vraiment être un cadeau fait à ses concepteurs. En fait, j'ai même craint un temps que ce choix étonnant me prive de Tel père, tel fils, Prix du jury à Cannes l'année dernière. Découvert un peu par hasard, le travail du réalisateur japonais Hirokazu Kore-eda m'avait déjà séduit à deux reprises: c'est la raison pour laquelle je ne voulais pas rater sa nouvelle création. Ouf ! Je l'ai vue en janvier, finalement. Sa finesse m'a beaucoup plu !

Le film commence dans le Tokyo bourgeois. Avec sa jeune épouse Midori, Ryota, architecte, élève un petit garçon de six ans, Keita. Papa n'est pas très présent, souvent au travail. Maman s'en sort correctement. L'imprévu survient après un coup de fil de la maternité où est né l'enfant: les médecins ont découvert qu'un échange de bébés avait eu lieu et que Keita n'est donc pas le fils de Midori et Ryota. L'avocat de l'établissement a retrouvé l'autre famille trompée, celle qui élève comme le sien le véritable enfant des "faux" parents. L'idée serait d'organiser une rencontre afin de restituer chacun des bambins à sa famille de sang. Vous l'imaginez bien: ce n'est pas si simple ! Frontalement, Tel père, tel fils pose la question de la parentalité. Avec de nombreux développements tendres ou cruels, le film explique combien le fait d'être parent n'est pas que la conséquence d'un acte charnel et que l'éducation est sans doute au moins aussi importante que la conception. À chacun d'y repenser selon ses propres valeurs...

Tel père, tel fils invite à cette introspection. L'un des grands mérites du film tient justement à ce qu'il fait réfléchir, à mon avis. Il offre même plusieurs opportunités, à travers les diverses situations présentées et l'évolution des quatre parents, assez différents les uns des autres. Bon point: le scénario se garde de porter un jugement définitif sur les personnages et évite du même coup toute dérive manichéenne. Il n'y a ni bon ni méchant, juste des gens ordinaires confrontés à une situation intime extraordinaire. Ils ressemblent finalement à tous ceux que l'on croise dans la rue, à vous, à moi. Hirokazu Kore-eda touche à quelque chose d'universel. Ce qu'il évoque est d'autant plus touchant qu'il fait preuve de pudeur, ses "héros" d'autant plus émouvants que leurs échanges s'opèrent dans la retenue. Pas de cri, peu de larmes... la douleur est rentrée, quasi-muette. N'ayez toutefois pas peur d'une expression tragique: le long-métrage est également porteur d'espoir. Je vous laisse découvrir comment.

Tel père, tel fils
Film japonais de Hirokazu Kore-eda (2013)

Deux pistes à évoquer au petit jeu des comparaisons. Celle qui mène aux autres films du même réalisateur est la plus évidente: mon index des réalisateurs vous place à deux clics d'autres (re)découvertes. Restez-y pour l'autre parallèle: pour ce que j'en connais, je suis d'accord avec ceux qui ont déjà relié le cinéma de Hirokazu Kore-eda avec celui de Yasujiro Ozu. Et je confirme: c'est un vrai compliment !

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Et maintenant, d'autres regards, peut-être ?

"Sur la route du cinéma" et "Le blog de Dasola": je vous invite cordialement à lire ces deux chroniques (positives) du même film.

2 commentaires:

ChonchonAelezig a dit…

Ah il faut que je le voie celui-là, tout le monde le trouve génial apparemment !

dasola a dit…

Bonjour Martin, même si j'avais préféré Nobody Knows et Still walking, Tel père, tel fils se laisse voir. J'ai trouvé les petits garçons très bien dirigés comme toujours avec ce réalisateur. Merci pour le lien et bonne après-midi.