jeudi 18 décembre 2025

Danses sous l'orage

Le chiffre est effrayant: 246%. C'est le pourcentage d'augmentation des hospitalisations, cette dernière décennie, de filles de 10 à 14 ans atteintes de troubles psychiques, en France. Une statistique révélée au public à la toute fin du premier film d'Isabelle Carré: Les rêveurs. L'adaptation de son livre du même nom (en partie autobiographique) !

Élisabeth est encore une jeune adolescente quand un premier chagrin d'amour la conduit dans un établissement de soins conçu pour la prise en charge d'enfants de son âge, victimes d'une quelconque pathologie mentale ou en situation de détresse psychologique. C'est petit à petit qu'elle sort de sa coquille, sympathise avec une gamine aussi brune qu'elle est blonde, Isker, et un joli coeur d'à peine 12 ans, Arnaud. Ensemble, ils suivent leur thérapie (ou pas) et, une fois la confiance établie, parlent librement de ce qu'ils préfèrent cacher aux adultes. Parfois, et quand ça leur chante, ils participent à un atelier-cuisine plutôt rébarbatif ou sourient à la comédienne venue à leur rencontre. Les rêveurs ? Ce sont les autres, qui s'imaginent que la vie est facile. Je tiens à vous rassurer: le film, lui, parvient à conserver un ton optimiste, même s'il fait état de réalités absolument inadmissibles ! À ce jour, l'hôpital public n'accueille en réalité qu'un enfant sur deux...

Isabelle Carré parle d'elle, certes, mais s'ouvre aux autres et je pense que c'est avant tout ce que je vais retenir de son premier passage derrière la caméra (notez cependant qu'elle a aussi un petit rôle). J'apprécie cette actrice, tant pour sa douceur que pour son humilité. Des valeurs une nouvelle fois mises en avant dans ce long-métrage touchant, qui s'illustre également par quelques belles idées formelles comme l'envol symbolique, à plusieurs reprises, de simili-oiseaux. Dans Les rêveurs, vous entendrez également d'agréables musiques originales, écrites par Benoît Carré (ex-Lilicub et frère aîné d'Isabelle) ou empruntées à Zaho de Sagazan - comme le titre de ma chronique. J'ai bien failli passer à côté de ce très joli témoignage d'empathie collective, encore sublimé par quelques visages familiers du cinéma français: Alex Lutz, Nicole Garcia, Bernard Campan... entre autres. N'oublions pas l'actrice principale: Tessa Dumont Janod fait preuve d'une remarquable sensibilité pour sa première apparition à l'écran. Isabelle Carré l'a souligné: "J'ai eu l'impression de me voir à son âge" !

Les rêveurs
Film français d'Isabelle Carré / 2025
Ce serait a priori une bonne idée d'aller voir ce film avec des ados tourmentés, qui pourraient se dire que, finalement, ils sont normaux et en tout cas pas plus bêtes que les autres. La magie du cinéma. D'autres, affectés d'un handicap physique, devraient aimer Patients. Mes rares films de référence sur la dépression ont des sujets adultes. La preuve par trois: Melancholia - Le complexe du castor - Swallow.

Aucun commentaire: