lundi 12 août 2024

Mille existences possibles

L'un de mes cinémas de prédilection a eu une idée plutôt originale pour enrichir sa programmation estivale: chaque membre de l'équipe a pu choisir un film "pépite" pour une projection unique (le mardi). Une amie à moi a opté pour un film belge: Quand je serai dictateur. Je suis allé le voir sans en savoir grand-chose et c'était mieux ainsi...

Sur le Net, vous pourrez peut-être trouver la trace de ce long-métrage rare, parfois présenté comme "un documentaire de science-fiction". Certains critiques évoquent aussi sa dimension autobiographique. Quant à moi, j'ai d'abord été attiré par le fait qu'il est constitué d'innombrables images 8 mm et Super 8, tournées par la réalisatrice ou bien dénichées auprès de particuliers qui n'en avaient plus l'utilité. Forte de ce matériau, Yaël André raconte sa vie - ou plutôt ses vies imaginaires, en s'appuyant sur l'idée d'univers parallèles construits grâce à tout ce qu'elle aurait pu faire autrement. Sa destinée l'entraîne alors vers d'autres horizons où elle serait dictateur, donc, psychopathe, aventurière, chef-comptable ou alors mère exemplaire. Et heureuse ? C'est possible, oui. Et je préfère vous laisser en juger...

Il faut dire qu'un second protagoniste est évoqué tout au long du film. De son identité exacte, nous n'apprendrons que le prénom: Georges. En écoutant la narratrice en parler, j'ai compris (ou cru comprendre) qu'il pouvait être le premier amour de sa jeunesse. Un amour à l'issue tragique: très rapidement, la voix off nous dit en effet que le couple s'est disputé lors d'un voyage et qu'après une reprise de contact ratée au téléphone, l'homme s'est suicidé. Quand je serai dictateur conserve son aura poétique et se teinte d'une forme de mélancolie. Bon... je ne jurerai pas que cette évolution vous plaira à coup sûr. J'ai cependant envie de dire qu'elle correspond bien à des images éclectiques, captées depuis les années 1940 et laissées en leur état. C'est-à-dire qu'elles n'ont visiblement pas été restaurées: tant mieux. Très fragiles, elles ont toutefois été numérisées avec précaution. Comme l'espérait la cinéaste, leur "force d'identification" est intacte !

Quand je serai dictateur
"Documentaire" belge de Yaël André (2014)

Un beau film... qui n'a semble-t-il connu qu'une sortie confidentielle en France, par le biais des plateformes de vidéo à la demande. J'apprécie toutefois sa démarche "archéologique" et vous oriente donc vers Et j'aime à la fureur si vous cherchez une production similaire. Autre bon plan: se tourner vers des fictions oubliées depuis des lunes et investir La chambre interdite, une oeuvre étonnante (et superbe).

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