samedi 6 février 2021

Le look, coco !

Il y a quelque chose de fascinant dans le cinéma de Quentin Dupieux. "J'ai l'étiquette d'un réalisateur qui fait des films fous", admettait-il courant 2019, lors de la campagne de promotion de son film Le daim. Et de pointer un paradoxe: "Je n'avais jamais vraiment filmé la folie en face". D'où son envie de se frotter "à un personnage qui déraille"...

Chose faite avec ce drôle de machin ? Oui, d'un certain point de vue. Le cinéaste juge ainsi que Le daim est "(son) premier film réaliste". Synopsis: "Georges, 44 ans, et son blouson 100% daim ont un projet". Faire plus court paraît difficile. Sur cette base, QD invente l'histoire d'un mec d'apparence ordinaire, parti de chez lui (Dieu sait pourquoi) et qui arrive dans un village de montagne pour y acheter le vêtement de ses rêves. Parce que le vendeur lui a aussi offert un caméscope numérique, le bougre passe bientôt pour une sommité du cinéma. Débute alors un simili-tournage, dans lequel Georges / Jean Dujardin embarque Denise / Adèle Haenel, apprentie monteuse et serveuse dans un bar du coin. Et tout cela va franchement partir en sucette ! Bien malin qui pourra deviner ce qui arrive ensuite: à vous de juger...

Le daim
n'est pas l'un de ces films qui donnent une explication rationnelle à ce qu'ils disent de la dinguerie de ces drôles d'animaux que l'on appelle les hommes. Soyons clairs: ça passe... ou ça casse. Voilà en tout cas un style qui n'a guère d'équivalent dans le cinéma français, voire mondial ! Bref, une bonne partie du capital-sympathie de ce type de projet tient au fait qu'il reste foncièrement atypique. Certains crieront au génie, d'autres à la fumisterie pure et simple. Pour ma part, je dois avouer que je me situe un peu entre les deux. Que ce type de cinéma existe me réjouit: j'ai une affection sincère pour toute création qui ose sortir des cases et formats préétablis. C'est encore plus le cas lorsque cette forme d'expression artistique s'inscrit dans la durée - ce qui semble avéré pour Quentin Dupieux. Maintenant, je continue à m'interroger sur le sens, sans avoir trouvé de réponse à mes questions. C'est peut-être que j'intellectualise trop !

Le daim
Film français de Quentin Dupieux (2019)

Je me trouve sévère avec mes trois étoiles, mais je ne vois pas trop de raisons d'en accorder davantage. Je continue de trouver la logique du réalisateur sympa, tout en n'étant cette fois qu'à moitié convaincu par le résultat. On notera la brièveté du métrage: une heure et quart. J'avais davantage été séduit par Rubber et Wrong, pour être franc. Ce qui ne veut surtout pas dire que je suis lassé de l'humour absurde !

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Vous voulez approfondir le sujet ?

Un p'tit conseil: la lecture des avis de Pascale, Princécranoir et Strum.

4 commentaires:

Pascale a dit…

Je suis plus enthousiaste que toi.
Tu ne crois pas qu'il est parti parce que sa femme l'a mis dehors ?
Mon préféré reste Rubber.

Martin a dit…

Tu as raison: c'est probablement pour sortir de son couple qu'il est parti. Et parce qu'il est fou ?
J'ai aussi une préférence pour "Rubber", qui reprend et détourne à merveille les codes du film d'horreur.

Pascale a dit…

Je crois me souvenir qu'il téléphone plusieurs fois à sa femme qui lui dit clairement de ne pas revenir.

Un pneu serial killer, une idée de génie.
J'aimerais bien voir son dernier avec la grosse mouche. Au printemps... ?

Martin a dit…

Tu as raison à propos de ces coups de fil. En tout cas, il y en a au moins un.
Le pneu tueur, c'était assez génial, en effet. Et, comme toi, j'ai hâte de voir "Mandibules" !