vendredi 15 mai 2020

Guerre civile

Martin Scorsese a sans aucun doute réalisé quelques-unes des oeuvres les plus marquantes du cinéma américain. Sa filmographie complète comptera bientôt, du côté de la fiction, 26 longs-métrages. J'en ai vu presque la moitié et, pour faire une intégrale, j'ai choisi de revoir l'un de ceux que j'avais pu m'offrir sur grand écran: Gangs of New York...

Cette "grosse machine" nous conduit dans le Big Apple de l'hiver 1846. Dans les bas quartiers de la ville, plusieurs bandes locales s'opposent très violemment, à coup de poings, de bâtons ou d'objets tranchants. L'une de ses rivalités met aux prises les Natives et les Dead Rabbits. Pour résumer, disons qu'elle implique des descendants d'Anglais, nés aux États-Unis, et des Irlandais venus ensuite, arrivés par bateau après que la misère les a chassés d'Europe. Cette quasi-guerre civile tue beaucoup de monde, dont le père d'un certain Amsterdam Vallon. Seize ans plus tard, celui qui devenu un jeune homme revient donc pour se venger: dans le rôle, la caméra de Martin Scorsese se tourne pour la première fois vers Leonardo DiCaprio, alors âgé de 28 ans. Gangs of New York le suit pas à pas pendant deux heures quarante ! En arrière-plan, la guerre de Sécession fait rage, bien évidemment. Petit à petit, elle devient ainsi un élément-clé de l'avancée du récit...

On dit parfois qu'une histoire ne peut pas être réussie sans méchant charismatique. Martin Scorsese avait pensé à ses amis Robert de Niro ou Willem Dafoe, mais, en fin de compte, c'est un Daniel Day-Lewis "rangé des plateaux" et expatrié en Italie qui obtint ce rôle majeur. Résultat: le film fut tourné à Cinecittà... et c'est une pure merveille esthétique, au-delà donc des remarquables performances d'acteurs. Martin Scorsese avait lu le roman éponyme de Herbert Asbury (1928) et pensait déjà à ce film dans les années 70 ! L'important budget nécessaire, lui, s'est fait attendre et, à la sortie, le succès escompté n'a pas tout à fait été au rendez-vous. Regrettable constat: sur le sol américain, Gangs of New York a en réalité rapporté moins d'argent qu'il n'en a coûté. Je m'en souviens aussi comme d'une déception. L'heure n'est cependant pas à la dénonciation: même si sa longueur n'est pas toujours justifiée, il contient quelques scènes remarquables et a en outre le mérite de montrer des States un visage peu connu. Nommé dix fois (!) aux Oscars, il en est toutefois reparti bredouille...

Gangs of New York
Film américain de Martin Scorsese (2002)

Sorti (en retard) après le 11-Septembre, cet opus du grand cinéaste du Queens a peut-être également pâti de ce calendrier désastreux ! Comme d'autres avant lui, Martin Scorsese s'est inspiré de faits réels. Il s'inscrit un peu dans la ligne de La porte du paradis et l'Amérique n'aime pas toujours qu'on lui donne des leçons de morale historiques. On peut préférer le vingtième siècle, Mean streets ou Les affranchis.

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Avant de vous quitter, deux liens en bonus...
C'est l'occasion de découvrir la galerie d'images réunie par Ideyvonne. "L'oeil sur l'écran", de son côté, parle du film de façon plus habituelle.

10 commentaires:

cc rider a dit…

Avec seulement une petite vingtaine de films à son actif , Daniel Day Lewis est chaque fois impressionnant , dans le rôle de « Bill le boucher » bien sur mais aussi en handicapé dans « My left foot », en président Lincoln, ou récemment en créateur de mode dans « Phantom thread » . Il est aussi pour moi le meilleur « œil de faucon » de l'histoire du western. Pour l'anecdote, pour préparer le rôle , il trimbala au quotidien pendant des semaines une barre de fer du meme poids que la longue carabine qu'il ne quitte pratiquement jamais dans "le dernier des Mohicans"..On comprend mieux....

Martin a dit…

Je suis bien d'accord avec vous, mais je me rends compte que je n'ai finalement vu qu'assez peu de films avec cet acteur. Il faudrait que j'y remédie, en commençant par revoir "Au nom du père", peut-être, et en enchaînant sur "Le dernier des Mohicans" qui me fait de l'oeil depuis... longtemps.

L'anecdote que vous dévoilez est fameuse: merci !

Pascale a dit…

Ce film vaut pour son merveilleux casting de garçons (Cameron Diaz chez Marty !!!😳 Leo et elle sont aussi mal assortis que possible) et la réalisation évidemment. Mais évidemment, il y a des longueurs qui pesent sur le film.
Daniel Day Lewis aurait mérité un autre Oscar. Il est terrifiant. Et j'aimais sa relation ambiguë avec Leo ainsi que découvrir cette histoire que je ne connaissais pas.

Martin a dit…

Je suppose que Cameron est là pour jouer les belles plantes de service...
Réfléchissions. Qui d'autre aurait-on pu imaginer pour le rôle ? Tu as une idée ?

L'histoire est très intéressante (et moi non plus, je ne la connaissais pas).
Daniel est extraordinaire. Mais l'Oscar 2003 a été remis à Adrian Brody pour "Le pianiste"...

Pascale a dit…

Une belle plante moins glamour, moins grande, moins... continuons à chercher.
Malgré leurs 2 ans d'écart, on dirait que Leo est son petit frère.
J'aime quand il est torturé.
Euh... il est TOUJOURS torturé.

Ah oui j'ai parlé sans vérifier. Adrian... imparable.

Martin a dit…

Franchement, pour l'actrice, je ne vois pas.
Je finis par me dire que Cameron va bien. La différence d'âge ne me dérange pas.

Toujours torturé, Leo ? Là, il l'est pour de bon.
Sinon, je dirais plutôt toujours grimaçant et ultra-expressif. Un jeu qui lui réussit.

Pascale a dit…

Il n'y a pas réellement de difference d'âge puisqu'ils n'ont que 2 ans d'écart, mais avec l'air très juvénile de Leo, je les trouve mal assortis.
J'aurais vu une actrice petite et plus espiègle.

Je me souviens de la scène sur la table je crois où il finit en steak tartare.

Je parlais aussi de torturé psychologiquement...
J'aime pas qu'on dise que Leo est grimaçant.
De Niro est grimaçant mais c'est toujours la même grimace.

Bon j'ai du mal a me faire comprendre sur les derniers comms.
Marty et Steevy, kif kif c'était une tentative d'humour.

Martin a dit…

Holly Hunter dans son jeune temps, ça aurait pu coller, non ?
Ou alors Jennifer Jason Leigh plus jeune, dans l'un de ses numéros ?

La scène du steak tartare est il est vrai tout à fait mémorable.
OK pour les "grimaces" de Leo. Disons qu'ici, je préfère le jeu de Daniel.
De Niro, toujours la même grimace ? C'est vrai, mais un peu réducteur aussi.

Pascale a dit…

Pas mal tes propositions.
J'ai réfléchi aux filles de l'âge de Leo et j'ai pensé à Drew ou Penelope.

Face à Daniel, difficile de rivaliser.

Je ne réduis pas Robert que j'adore à une grimace, mais SA grimace est particulière et toujours la même.

Arrête de me contrarier.

Martin a dit…

Drew, ça aurait été pas mal. Penelope, je ne la vois pas dans un rôle comme celui-là. Sans te contrarier...

Daniel, nous sommes d'accord. Et Bob aussi, dans le fond. Tu vois, quand je veux !