Vous l'avez peut-être remarqué: ma chronique d'hier portait le titre d'un western. Ce n'est pas un hasard: parce qu'il évoque une rivalité mortelle entre des hommes avides de richesses, ce formidable récit qu'est Jean de Florette pourrait trouver une place dans l'Amérique profonde. Même constat pour sa suite, qui nous parle de vengeance...
Une bonne dizaine d'années est passée depuis que Ugolin et le Papet sont parvenus à leurs fins: en privant leur voisin immédiat d'une eau abondante indispensable à sa survie, ils ont asséché ses ressources pour prendre le contrôle de ses terres (je préfère taire les "détails"). Témoin muet de tout ce qui s'est passé, la fille du brave homme spolié n'a rien oublié et se prépare à régler les comptes des faux amis de son père. Le livre est fabuleux. À l'écran, Manon des sources apparait sous les traits d'Emmanuelle Béart, qui a confié à la caméra tout le charme de ses vingt ans pour devenir une parfaite incarnation de la belle héroïne. Je vous avais promis de revenir sur le contexte dans lequel cette histoire a été imaginée: Marcel Pagnol a commencé par... la fin ! C'est en effet pour offrir le beau rôle à son épouse d'alors, Jacqueline, qu'il tourna en 1952 le premier Manon des sources du cinéma. Les romans - celui-là et celui qui raconte les événements antérieurs - furent publiés plus tard, en 1963. C'est dire l'importance que l'écrivain lui-même devait attacher à ce personnage de légende...
J'ai dit et je veux répéter qu'à mes yeux, son esprit n'a pas été trahi. Dans ce second épisode, le tandem Daniel Auteuil / Yves Montand assure une continuité narrative tout à fait respectueuse de la plume de l'académicien. Quelques plans viennent encore sublimer la beauté naturelle de la terre de Provence, mais je tiens à vous rassurer aussi sur un point: Manon des sources n'est jamais un film "tape à l'oeil". Je me souviens qu'après avoir lu le bouquin, j'avais observé une carte de la région en vue d'y trouver le fameux village des Bastides Blanches qui sert d'écrin à ce texte. Peine perdue: il n'existe pas ! Un constat identique prévaut pour Crespin, l'autre lieu évoqué, tant dans le livre qu'au cinéma. Qu'en conclure, alors ? C'est le talent de Marcel Pagnol que de parvenir à rendre si justes, crédibles et captivants des faits imaginaires comme ceux de ce diptyque cinématographico-littéraire. Claude Berri, lui, n'aura aucunement eu à rougir de son double travail d'adaptation: ces deux films resteront comme ses plus grands succès. Un peu après, il misera sur Émile Zola, mais c'est une autre histoire...
Manon des sources
Film français de Claude Berri (1986)
Le roman s'achève sur une confession, écrite et quelque peu abrupte. Le film, lui, choisit une image symbolique: une décision respectable. J'ai préféré revoir les deux opus coup sur coup, là où douze semaines séparaient leurs sorties officielles en salles. Tombé en admiration devant La fille du puisatier très récemment, je veux parler un jour d'autres Pagnol, contemporains de l'auteur. À commencer par Marius !
J'ai dit et je veux répéter qu'à mes yeux, son esprit n'a pas été trahi. Dans ce second épisode, le tandem Daniel Auteuil / Yves Montand assure une continuité narrative tout à fait respectueuse de la plume de l'académicien. Quelques plans viennent encore sublimer la beauté naturelle de la terre de Provence, mais je tiens à vous rassurer aussi sur un point: Manon des sources n'est jamais un film "tape à l'oeil". Je me souviens qu'après avoir lu le bouquin, j'avais observé une carte de la région en vue d'y trouver le fameux village des Bastides Blanches qui sert d'écrin à ce texte. Peine perdue: il n'existe pas ! Un constat identique prévaut pour Crespin, l'autre lieu évoqué, tant dans le livre qu'au cinéma. Qu'en conclure, alors ? C'est le talent de Marcel Pagnol que de parvenir à rendre si justes, crédibles et captivants des faits imaginaires comme ceux de ce diptyque cinématographico-littéraire. Claude Berri, lui, n'aura aucunement eu à rougir de son double travail d'adaptation: ces deux films resteront comme ses plus grands succès. Un peu après, il misera sur Émile Zola, mais c'est une autre histoire...
Manon des sources
Film français de Claude Berri (1986)
Le roman s'achève sur une confession, écrite et quelque peu abrupte. Le film, lui, choisit une image symbolique: une décision respectable. J'ai préféré revoir les deux opus coup sur coup, là où douze semaines séparaient leurs sorties officielles en salles. Tombé en admiration devant La fille du puisatier très récemment, je veux parler un jour d'autres Pagnol, contemporains de l'auteur. À commencer par Marius !
2 commentaires:
Emmanuelle Béart était une Manon idéale mais Jacqueline Pagnol aussi.
Quelle histoire folle quand on y pense. Faire crever les oeillets d'Ugolin et tout le village, cest diabolique et pourtant Manon reste toujours émouvante.
Je comprends ton désir de trouver les lieux des romans. J'ai fait la meme chose pour La Gloire de mon père, le Château de ma mère et tous les lieux des films/romans de Pagnol. Et là, quel bonheur, un circuit est possible à partir d'Aubagne et même à dos d'âne.
Nous avons préféré le faire à 2, seuls, à pied. Une journée de rêve avec le Garlaban couronné de chèvres à découvrir l'école de Marcel, la maison des vacances (habitée), le puits d'Angèle, le château etc...
NB. : aucun embouteillage sur le trajet.
Jacqueline Pagnol m'a l'air un peu "vieille" pour le rôle, mais je n'ai pas vu le film.
L'histoire est folle, oui, mais elle est belle aussi. Franchement, le bouquin m'avait ré-ga-lé !
Ton idée de rando me donne une folle envie de retourner en Provence.
J'y penserai pour une belle ballade à pied, un jour où il ne fera pas TROP chaud !
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