lundi 20 avril 2020

Jeunesse (é)perdue

Arthur Rimbaud l'avait écrit: on n'est pas sérieux quand on a 17 ans. Le poète voyageur est-il venu en Corse ? Le cas est bien assez rare pour que je veuille le souligner tout de suite: le film que je présente aujourd'hui se passe entièrement sur l'Île de Beauté. Un territoire largement inexploité, ici mis en valeur par un cinéaste né à Ajaccio...

Les Apaches s'ouvre sur la virée nocturne d'une bande d'adolescents insouciants. Aziz, Hamza, François-Jo et consorts squattent une villa laissée à la garde de l'un d'eux, en l'absence du propriétaire légitime. Baignade dans la piscine, musique à fond les ballons, beuverie partagée... une bêtise, certes, mais rien de bien méchant, a priori. L'affaire prend une autre tournure quand une partie du groupe décide de ne pas repartir les mains vides, volant quelques DVD, une chaîne hi-fi et... deux fusils de collection. L'affaire revient vite aux oreilles d'un petit caïd local, qui se passera des gendarmes pour la régler. Avant d'aller plus loin, une précision: je ne suis jamais allé en Corse. Même si je sais qu'il s'inspire d'un fait réel, je souhaite ne rien dire sur le réalisme du film ou les libertés qu'il prendrait avec la "vérité". Pour tout cela, je pense que d'autres sources seront mieux adaptées que Mille et une bobines ! Avis aux amateurs d'histoires judiciaires...

Du point de vue formel et technique, le long-métrage m'a convaincu. Pour vous parler d'abord de ce qui ne va pas, je ne citerai finalement que l'élocution des acteurs: la (parfaite) compréhension des dialogues s'avère parfois une tâche complexe, a fortiori quand un peu d'accent s'ajoute au phrasé des jeunes. Le reste me convient: ce premier film affiche de très belles qualités, notamment sur le plan esthétique. Mention spéciale pour certaines scènes de nuit, où les plans s'étirent jusqu'à un lointain point de rupture: la tension va ainsi crescendo. Découvrir de telles images dans un environnement a priori inconnu aura de fait été pour moi une bonne expérience de cinéphilie active. Qu'arrive-t-il au juste ? C'est à vous de le voir. Le tout dernier plan est diversement apprécié: revenu à la villa, j'ai pour ma part ressenti cette conclusion comme un choix du réalisateur de boucler la boucle. Les Apaches nous suggérerait donc que tout ce qui nous a été montré jusqu'alors pourrait très bien se reproduire demain, encore et encore. Un constat glaçant, comme le cinéma parvient parfois à en imposer...

Les Apaches
Film français de Thierry de Peretti (2013)

Quelques faiblesses, certes, mais d'assez bonnes choses également. Malgré le côté thriller, je retiens surtout l'idée que le long-métrage observe la jeunesse de Corse aujourd'hui: je trouve cela judicieux. L'âpreté du dispositif est un vrai atout: un petit air "documentaire". Vous auriez voulu un polar pur et dur ? Assez glauques, Les Ardennes et La colère d'un homme patient pourraient certes vous intéresser...

2 commentaires:

Pascale a dit…

Ça me parle vaguement.
Je ne peux en dire plus :-)

Martin a dit…

Ne te sens surtout pas obligée.