vendredi 13 décembre 2019

Faire face

Elle a incarné - entre autres - une petite fille pourchassée par un gang de tueurs, la reine d'une lointaine galaxie et une ballerine parano. Natalie Portman n'est pas toujours là où on l'attend. Je la considère comme l'une des bonnes actrices américaines, mais pas la meilleure. Au final, je n'étais pas contre l'idée de la (re)découvrir dans Jackie...

Comme le titre pourra le suggérer aux passionnés d'histoire, ce film dresse le portrait de Jacqueline Kennedy née Bouvier, restée célèbre pour avoir été, dix années durant, l'épouse du président américain assassiné à Dallas en novembre 1963. Que dire ? Cet événement funeste est au coeur du scénario, bien sûr, mais il l'est d'une manière originale: quand le récit s'ouvre, le meurtre a d'ores et déjà eu lieu. Ainsi la caméra suit-elle une veuve et, concrètement, une femme sommée de faire face à la pire tragédie sans perdre sa dignité. Qu'importe si elle n'est déjà plus la First Lady: il lui faut se comporter comme si elle l'était toujours, ne pas céder à une quelconque panique ou au chagrin. Pour rendre ce bout de vie intéressant, le montage propose un enchaînement de courtes séquences, sans se préoccuper de la chronologie: il contient quelques flashbacks, oui, mais s'articule principalement autour d'une interview donnée par Jackie à un reporter de la presse écrite venu recueillir ses impressions quelques semaines après le drame. Cela m'a paru assez juste sur ce plan journalistique...

C'est vrai qu'il n'évite pas complétement de glorifier son personnage principal, mais Jackie est un film plus intelligent qu'un biopic moyen. Pour mémoire, je vous recommande de chercher le nom du réalisateur parmi ceux de mon index (à droite): vous verrez que ce cinéaste chilien avait déjà su se distinguer très favorablement par le passé. Cette fois, il aurait travaillé sur commande. Et alors ? Je vous certifie que cela n'enlève rien à la qualité de sa mise en scène, dynamisée encore par la très belle photographie du Français Stéphane Fontaine. Maintenant, une chose est sûre: un tel projet ne fonctionnerait pas sans l'investissement résolu d'une actrice intégralement impliquée. Bingo ! Natalie Portman se montre très convaincante. Elle a la classe des grand(e)s: pas question, donc, de tirer toute la couverture à elle. Dans le casting, j'ai ainsi été enchanté de revoir John Hurt, excellent en confesseur empathique, et Greta Gerwig, que je n'ai pas reconnue tout de suite, mais qui tient bien son petit rôle d'assistante et amie. Vraie surprise: le long-métrage est rentré bredouille des Oscars 2017 !

Jackie
Film américain de Pablo Larraín (2016)

Un long-métrage moins polémique que JFK, l'un des films-souvenirs de mon adolescence, qui contestait les sources officielles sur la mort de Kennedy. En attendant de comparer, je veux vous redire que l'opus présenté aujourd'hui, sans être parfait, vaut largement le détour. L'Amérique n'est pas avare en biopics "politiques", mais le résultat n'est pas toujours probant. De mémoire, Lincoln est plutôt efficace...

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Si jamais ma chronique ne vous suffit pas...
J'en ai lu d'autres chez Pascale, Sentinelle, Princécranoir et Eeguab. Bon... vous pouvez aussi donner du clic du côté de "L'oeil sur l'écran" !

4 commentaires:

Pascale a dit…

Je me souviens en effet de l'interprétation digne et forte de Natalie Portman.

princecranoir a dit…

Très bon biopic, monté comme une projection de sang sur la robe de Jackie. Il fait évidemment la part belle à la première dame sans pour autant oublier d'éclabousser un peu son image et les apparences.
Merci pour le lien !

Martin a dit…

@Pascale:

Oui, j'ai trouvé que Portman était impeccable dans le rôle.
Je suis étonné qu'elle n'ait pas eu l'Oscar, mais Emma Stone dans "La La Land"...

Martin a dit…

@Princécranoir:

Effectivement. Et c'est justement parce qu'il montre un certain "côté sombre" que j'ai trouvé le film intéressant.