samedi 1 septembre 2018

Engrenage

Peut-être vous l'ai-je déjà signalé: je porte un intérêt tout particulier aux premiers films. Je les accueille avec curiosité et bienveillance. Deux cas de figure se présentent: 1) la découverte des grands débuts d'un(e) cinéaste que je connais déjà et 2) l'entrée dans l'univers d'un(e) artiste débutant(e). Toril pointe dans la seconde catégorie...

Je ne sais plus exactement ce qui m'a décidé à regarder ce film. J'avais un a priori favorable pour Vincent Rottiers, le jeune acteur principal, 32 ans depuis juin. Idem pour Bernard Blancan, 60 ans bientôt, qui joue ici son père. Les deux hommes nous embarquent cette fois dans une histoire paysanne, tournée en terre camarguaise. L'aîné est un agriculteur courageux, mais criblé de lourdes dettes. Lorsque sa situation bascule, Jean-Jacques commence par menacer ses créanciers et, se sachant acculé, fait une tentative de suicide. Philippe, le plus jeune de ses deux fils, s'efforce alors de l'aider. Problème: il le fait en violant la loi, pour devenir le premier complice d'un éleveur de taureaux, qui trafique du cannabis sous cette façade respectable. Est-ce que ça finit mal ou bien ? C'est à vous de voir. Toril délocalise intelligemment les codes du film mafieux et tient parfaitement la route au rayon thrillers. Je ne me suis pas ennuyé...

Si j'ai un reproche à lui faire, c'est peut-être d'être assez prévisible. L'engrenage annoncé par le titre de ma chronique est si bien huilé qu'en réalité, la mécanique ne sort jamais vraiment de sa trajectoire. D'aucuns pourront juger que cela témoigne d'une véritable maîtrise formelle, toujours louable quand celui ou celle qui tient la caméra démarre dans l'exercice (euh... après trois courts, tout de même). Pour ma part, cela gâche tout de même un peu le plaisir. Je veux rester sur une note positive, car j'ai trouvé l'ensemble du casting convaincant et tout à fait crédible. Il m'aura tout simplement manqué de l'ambigüité ou de la perversité pour que je sois vraiment captivé. J'ajoute cependant que Toril se distingue également par une photo soignée, qui fait presque du territoire un personnage à part entière. On comprend que le cadre s'empare d'un paysage familier pour l'auteur du film. Et on se dit qu'un jour, ce sera agréable d'y revenir avec lui...

Toril
Film français de Laurent Teyssier (2016)

J'ai lu par ailleurs un avis selon lequel le scénario reste à la croisée des chemins, sans oser s'orienter vers le drame social que le film aurait pu être. Cette grille de lecture m'apparaît assez pertinente. Cela dit, il reste une oeuvre très correcte et sans doute assez proche des intentions du réalisateur. La ruralité a de fait plusieurs visages cinéma: Petit paysan, Le démantèlement, Saint Amour, La vache...
 
----------
Si vous souhaitez y retourner sans attendre...
Pascale peut elle aussi vous servir de guide sur la terre de Camargue.

2 commentaires:

Pascale a dit…

Ah j'étais très enthousiaste de ce western en Camargue (on apprend plein de choses) écrasé de soleil au scenario implacable bouclé en 1 h 20. Et puis Vincent, Bernard, Karim, Sabrina et les autres... font du bon boulot.
Un film francais original et différent. J'applaudis.

Martin a dit…

Je te rejoins largement sur l'originalité et la distribution, toutes deux remarquables.
Il m'aura peut-être manqué un je-ne-sais-quoi d'intensité. Cela reste très honorable dans l'ensemble.