lundi 9 avril 2018

Au coeur des gangs

Le cinéma des frères Coen est peuplé de losers et de sombres crétins. Fichtre ! Certains de leurs personnages sont même les deux à la fois ! C'est en tout cas ce que j'ai pu constater au fil de mes découvertes. Maintenant que j'approche de l'intégrale, je me sens obligé d'affiner ce jugement en pointant les exceptions. Dont celles du film du jour...

C'est un fait: sans renoncer tout à fait à leur esprit de caricaturistes sarcastiques, les frangins ont fait de Miller's Crossing l'un des opus les plus sérieux de leur filmographie - NB: ce n'était que le troisième. Apparemment inspirés par les travaux de Dashiel Hammett, écrivain célèbre des années 30 et 40, Ethan et Joel nous offrent une histoire de gangsters efficace, dans le cadre ultra-classique de la Prohibition. Leur caméra colle aux basques de Gabriel Byrne, excellent en homme de main d'un caïd de la mafia irlandaise, soucieux d'éviter une guerre des gangs. Je vais vous laisser découvrir tout cela par vous-mêmes. Sommairement, je dirais juste que la paix des braves est un concept fragile quand elle repose sur la seule volonté de criminels patentés. Les Coen le démontrent avec brio: grand bonheur pour les cinéphiles !

Attention: si, jusqu'ici, vous êtes toujours restés à l'écart du cinéma du duo, je ne suis pas sûr que ce soit ce film que je vous conseillerais en priorité pour rattraper votre retard. À défaut d'autre qualificatif plus précis, j'ai envie de vous dire que c'est une oeuvre "exigeante". Volontiers bavarde, elle demande une assez vive attention aux détails pour bien mesurer les liens et interactions entre les protagonistes. Heureusement, ces derniers sont incarnés par de très bons acteurs pour la plupart: Gabriel Byrne, donc, mais également John Turturro, Steve Buscemi, Albert Finney, Jon Polito et J.E. Freeman. C'est vrai que cela fait beaucoup d'hommes, mais je ne peux oublier le rôle important, voire décisif, de la belle et étonnante Marcia Gay Harden. Détail qui n'en est peut-être pas un: les Coen auraient un peu peiné pour boucler leur scénario, eux qui sont, en règle générale, réputés pour l'agilité de leur plume. J'y vois le signe que Miller's Crossing était pour eux aussi un film atypique... et cette pensée me comble. Au final, la réussite est là ! J'en ferais volontiers mon pain quotidien !

Miller's Crossing
Film américain d'Ethan et Joel Coen (1990)

C'est dit: la reprise de ce thème classique du cinéma américain n'empêche pas les frères de nous servir une oeuvre des plus soignées. J'ai sans doute loupé certaines clins d'oeil, d'ailleurs, mais je fais pas de rapprochement avec Le parrain, comme j'ai pu en lire ailleurs. Allez, je cite juste Les incorruptibles, Les sentiers de la perdition et Des hommes sans loi: dans ce lot, à coup sûr, je préfère les Coen !

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Allez, pour conclure, un petit contrepoint...
Vous verrez: nos amis de "L'oeil sur l'écran" sont moins enthousiastes.

14 commentaires:

Strum a dit…

On est d'accord, c'est l'un des meilleurs films des Coen. J'aime beaucop la complexité du personnage de Gabriel Byrne dans le film. Celui-là, je le chroniquerai sûrement.

dasola a dit…

Bonjour Martin, quand je l'ai vu à sa sortie, j'avais adoré ce film. Je l'avais qualifié de chef d'œuvre mais je ne l'ai pas revu depuis. Une nouvelle vision s'impose. Bonne après-midi.

ideyvonne a dit…

Revu il y a peu de temps et cela m'a fait plaisir de me replonger dans ce film de mafiosi.
Dans les séries sur la mafia, je te conseille "Soprano" mais pour rester dans les années 20/30, il y a "peaky blinders" ;)

Pascale a dit…

Gabrieeeeeeeeel !

tinalakiller a dit…

Un des Coen qui m'a le moins marquée étonnamment... il faudrait que je le revoie !

Martin a dit…

@Strum:

Ravi de nous savoir à l'unisson.
Pour sûr, je lirai avec plaisir une chronique strumienne sur ce film !

Martin a dit…

@Dasola:

Ah ah... maintenant, je serais curieux de vérifier si tu trouves qu'il a bien vieilli ou non.

Martin a dit…

@Ideyvonne:

Merci du conseil. Le truc, c'est que je préfère le cinéma aux séries.
Mais je note quand même, parce qu'un jour, ça finira par me motiver, je pense.

Mais pourquoi les journées ne font-elles que 24 heures ? Tu le sais, toi ?

Martin a dit…

@Pascale:

Ouiiiiiiiiiiiii ! Il est très bon, dans ce film.

Martin a dit…

@Tina:

C'est sans doute l'un de leurs films les plus sérieux.
M'enfin, rien que pour le casting, je t'encourage à le revoir. Tu auras peut-être un oeil neuf.

ideyvonne a dit…

Je n'aime pas trop les séries non plus mais celles-ci valent le coup ;)
Oh que oui que j'aimerai bien que les journées soient plus longues !!!

Martin a dit…

J'imagine que les journées d'une IDE sont bien chargées !
Bon, je n'ai pas dit mon dernier mot avec les séries, mais le format me plaît moins.

cc rider a dit…

mon Cohen brothers préféré

Martin a dit…

Cher CC Rider, n'oubliez pas que cela s'écrit Coen (sans H) !
Parmi ceux que j'ai vus, ma préférence va à "Fargo" devant "Inside Llewyn Davis" et "O'brother".