vendredi 8 décembre 2017

Anatomie d'un couple

Sur l'affiche (française) du film d'aujourd'hui, la mention apparaît clairement: à côté du nom de Peter Falk, il est écrit "Colombo". Oublions l'orthographe erronée... relier l'acteur à ce rôle d'inspecteur de série est facile, mais pas scandaleux: cela m'a étonné, voilà tout. Pour Gena Rowlands, en revanche, aucune autre précision du genre...

Une femme sous influence... c'est pourtant bien d'elle dont il s'agit. C'est avec ce film que, pour la première fois, je découvre le cinéma de John Cassavetes. Une rencontre marquante, pour dire le moins. Dans le cas présent, il est question de Mabel, une femme au foyer jugée instable sur le plan émotionnel, et de son mari, Nick, ouvrier très occupé par ses chantiers. Un soir que Monsieur reste au boulot beaucoup plus tard que prévu, occupé à remplacer une canalisation inefficace, Madame sort, tombe dans les bras d'un inconnu et tente ensuite de faire bonne figure, quand la troupe des travailleurs débarque chez elle au matin sur la promesse d'un plat de spaghettis. C'est donc un couple menacé dans son existence qui est filmé ici, mais aussi et surtout une épouse quelque peu délaissée, qui devient presque folle à force de solitude (réelle ou simplement ressentie). Autant dire qu'on n'est franchement pas là pour s'amuser. Quoique...

Il peut arriver que la prestation de Gena Rowlands soit assez drôle. Même - étonnant - constat pour celle de Peter Falk, en réaction. Respectivement compagne et ami du réalisateur, les deux comédiens s'investissent pleinement et se montrent d'autant plus convaincants qu'ils sont observés au plus près de leurs émotions contradictoires. Certaines séquences sont filmées dans le mouvement et sur la durée, un peu comme si la caméra faisait partie de l'intimité familiale. Résultat: seule la sortie du champ permet aux personnages de trouver un moment de répit. Tout à fait intense, Une femme sous influence n'est pourtant pas réellement un film oppressant pour le spectateur. Placé de fait dans la position du voyeur, je n'ai pas ressenti de gêne particulière et plutôt une forme d'empathie pour ce duo désaccordé. Finalement, j'ai vu de l'amour dans leurs efforts lorsqu'il s'agit d'affronter l'adversité des situations et d'autres personnages, parents ou amis, bien moins compréhensifs. Et quelle justesse sur ce point ! Non, on ne ressort pas tout à fait indemne d'un film comme celui-là...

Une femme sous influence
Film américain de John Cassavetes (1974)

Pas facile de trouver un autre film "comparable". Les noces rebelles de Sam Mendes évoque la déliquescence du couple, mais je crois bien qu'il ne le fait pas de la même façon - à vérifier. C'est aussi le sujet d'À perdre la raison. Allociné suggère Laurence anyways (oui !) et, du côté classique, Voyage à deux, de Stanley Donen, que je veux voir depuis longtemps. Dans le mouvement, il resterait Voyage en Italie...

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Pour en savoir (un peu) plus sur le film...

Je vous signale que Lui propose une chronique au format "ordinaire". Eeguab, lui, en dit deux mots, tel un hommage à un couple mythique.

2 commentaires:

eeguab a dit…

Hello Martin. Tu as bien de la chance d'avoir tous les autres films de Cassavetes à découvrir. Tu te prépares de bien beaux moments, Gloria, Love streams mais aussi Husbands et le précoce et expérimental Shadows, ou encore Le bal des vauriens, premier titre français pour The murder of a Chinese bookie. Moi il 'men reste quelques-uns que je n'ai pas vus. A bientôt l'ami.

Martin a dit…

Salut Eeguab. Ces films, je crois que je vais les picorer. Il y en avait d'autres récemment sur une chaîne à laquelle j'ai accès, mais je n'ai pas voulu tout voir tout de suite. J'en choisirai sûrement un ou deux à la prochaine occasion.

C'est sûr en tout cas que je suis content de mon premier essai. Il n'a pas découragé mes envies pour d'autres découvertes. D'ailleurs, quand j'ai consulté la filmographie de John Cassavetes, je dois avouer que je m'attendais à trouver davantage de films. C'est sans doute le fait qu'il ait aussi été acteur qui m'a trompé.