vendredi 27 octobre 2017

Ses étoiles contraires

Je n'aime pas trop l'expression "encore beau (ou belle) pour son âge". Cela dit, c'est un fait: à 53 ans désormais, Juliette Binoche doit faire quelques envieuses... et/ou attirer toujours des regards admiratifs. Souvent inspirée dans ses choix de carrière, se montrant capable d'autodérision comme d'une grande gravité, elle a su rester épatante !

C'est autour d'elle que gravite Un beau soleil intérieur, un film sorti il y a pile un mois. Elle y incarne Isabelle, une quinqua... encore belle pour son âge, divorcée et mère d'une petite fille, qui aimerait vivre une nouvelle vraie histoire d'amour, mais ne parvient pas à rester durablement avec un homme. Il faut bien dire que la gente masculine fait peine à voir, joyeux mélange de types bizarres, petits garçons compliqués et pervers narcissiques tout juste soucieux de leur confort personnel. Bon... autant vous le dire: ce que les médias de cinéma ont parfois présenté comme une comédie décalée ne m'a pas amusé ! Très écrit, le récit s'apparente plutôt à une chronique de la névrose qu'à un divertissement un peu canaille. Serait-ce un problème ? Non. Les malheurs d'Isabelle / Juliette ont quelque chose à nous raconter...

Disons très simplement que, cette histoire, il faut vouloir l'entendre ! Écrite par un duo féminin, composée de la réalisatrice Claire Denis elle-même et de l'écrivaine Christine Angot, elle a au moins le mérite de ne pas plaquer un imaginaire de mâle sur la réalité de la condition féminine. On pourra regretter alors que le film ne s'aventure guère au-delà de ses intentions initiales, chaque homme apparu dans la vie de l'héroïne n'ayant de fait droit qu'à un unique et bref tour de piste. Heureusement pour les cinéphiles exigeants, Messieurs les acteurs sont plutôt bons, de Xavier Beauvois à Gérard Depardieu, en passant par Philippe Katerine, Nicolas Duvauchelle ou Bruno Podalydès. Dommage que tout soit si cloisonné ! Le réalisme en prend un coup et, malgré les qualités formelles de l'ensemble, je doute que le film reste dans les annales, si ce n'est pour la prestation de la Binoche. Une mention spéciale, malgré tout, pour la touchante séquence finale.

Un beau soleil intérieur
Film français de Claire Denis (2017)

Certains ont vu dans le personnage de Juliette Binoche un clone féminin et parisien de... Woody Allen. Je ne suis pas convaincu ! Reste que je conçois parfaitement que l'on puisse trouver un intérêt certain à suivre les pérégrinations amoureuses de cette femme malheureuse. Sur le "beau sexe", d'autres films pourraient vous plaire aussi: Portrait de femme, Sous le sable, Mal de pierres ou L'avenir.

----------
De petits liens en guise de conclusion...

Un clic vous suffira donc pour connaître aussi l'opinion de Pascale. Strum, lui, vous permettra de lire également un second avis masculin.

8 commentaires:

Pascale a dit…

C'est étrange d'employer (deux fois) une expression que tu dis ne pas aimer.
Juliette Binoche est belle. Point.
Ce qui m'a gênée est d'une part qu'on veuille nous faire croire qu'il s'agit de la vie amoureuse d'une cinquantenaire. Juliette ne peut effectivement physiquement représenter une femme de 53 ans, d'autre part, la galerie de portraits masculins est franchement à gerber et les dialogues indigents sont consternants.

Mais il y a Juliette (plus belle à 53 ans qu'à 20... donc pas "encore belle" mais de plus en plus belle),

et GERARD : magnifique !

Martin a dit…

Tu sais bien qu'il m'arrive de succomber au bizarre, quand ce n'est pas au paradoxal.
Tout à fait d'accord avec toi pour ce qui est de Juliette et Gérard, très bons tous les deux.

Et pourquoi est-ce que Juliette ne pourrait pas représenter une femme de son âge ?
C'est vrai en revanche que les hommes n'ont pas la part belle dans ce film trop bavard.

Pascale a dit…

Ça n'a peut-être aucun sens mais sauf à avoir le bon capital génétique de Juliette, une fille de 53 ans ne ressemble pas à ça. Du coup j'ai plutôt vu les tourments d'une trentenaire qui rencontrait des cons... Ce qui arrive beaucoup aux trentenaires que je connais...
Bavard ça peut être bien quand c'est bien écrit. Chez Woody ça cause. C'est drôle et intelligent. Ici c'est sinistre et bête.

Martin a dit…

Ta sévérité pour le film n'a d'égale que ton admiration pour Juliette.
Soit. Dans les deux cas, il me semble bien que ce n'est pas du tout immérité.

Et pour les trentenaires... j'en connais aussi.

Véronique Hottat a dit…

Ouhlala, ce film à tout pour me déplaire, Juliette ou pas, je passe mon tour bien volontiers. Sur ce, bon we cher ami :)

Martin a dit…

Oui... je comprends. Le film vieillit assez mal dans mon esprit.
Juliette Binoche méritait sans doute mieux. Quelque chose de plus enlevé, disons.

Bon week-end à toi, Sentinelle, et merci d'être passée par ici.

GirlyMamie-Chonchon a dit…

Je le verrai, uniquement pour Binoche que j'adore, film après film.

Martin a dit…

Tu l'auras compris: c'est Juliette elle-même qui m'a attiré vers le film.
Après coup, je n'ai pas de regret, mais le sentiment que ça aurait pu être bien mieux.