jeudi 29 avril 2010

Monsieur Jean

Jean Rochefort, c'est pour moi un exemple, la classe à la française personnifiée. Antoine de Caunes a dit un jour qu'il aurait sacrifié énormément de choses pour être lui. Je n'irai pas jusque là, mais j'ai une admiration sans bornes pour ce vieux monsieur. Une info: j'ai appris ce matin en parcourant le Figaro qu'il pensait ne plus tourner qu'un seul film, pour jouer un sculpteur sous la direction de l'Espagnol Fernando Trueba. Et avant cela, combien de rôles a-t-il acceptés dans sa carrière ? En comptant cinéma, théâtre et télé, une centaine bien tassée, je suppose. Depuis 1999, millésime "toute fin de siècle" au cours duquel les professionnels de la profession leur attribuèrent enfin un César d'honneur, les plus belles moustaches du septième art français sont apparues dans 18 longs métrages ! Qui dit mieux ?

Rions un instant, voulez-vous ? "Quand je les enlève, j'ai l'impression de ne plus avoir de slip. En fait, j'ai un espace énorme entre le nez et la lèvre supérieure et je me trouve obscène sans elles". Joli, non ? C'est paraît-il l'aveu qu'en 1994, Jean Rochefort fit à un journaliste de France 3 qui voulait bien l'entendre. Analysées, ces deux phrases pourraient renfermer tout ce que j'aime chez lui: un juste mélange de sérieux dans l'expression et de fantaisie la plus totale et débridée quant au fond du propos. Parfois, c'est le contraire. En bon clown patenté, notre homme est capable de tout et, selon une recette n'appartenant qu'à lui-même, prouve que Pierre Desproges avait raison d'affirmer qu'on peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui. En sens inverse et très digne pour le coup, le même amuseur public raconte ses souvenirs de la Libération et des femmes tondues. Un temps pour tout. Au fond, c'est peut-être ça aussi, la grandeur.

C'est que, contrairement à bon nombre de "petits jeunes" évidemment moins drôles que lui, Jean Rochefort n'est pas cynique. Vulgaire ? Méchant ? Non plus. Il aime à dire que nous avons tous, foncièrement, besoin des autres. Mercredi sortira sur les écrans cinéma son tout premier film... comme réalisateur. Un documentaire sans commentaires, une histoire autour du cheval. J'y reviendrai probablement car, même si le thème retenu ne me fascine pas nécessairement, j'ai bien l'intention de la découvrir quand même. Une façon (très imparfaite, j'en conviens) de rendre à nouveau hommage au talent de son auteur. L'année dernière, je suis allé l'applaudir sur scène, au Théâtre national de Nice: grand souvenir ! C'était encore mieux que j'aurais pu l'imaginer. Depuis, je rêve d'avoir d'autres occasions et, qui sait ? peut-être un jour de saisir celle d'une rencontre. Vous me direz que c'est pour les anniversaires que l'on formule des voeux. Je répondrai que je le sais pertinemment et que ça tombe bien: aujourd'hui, en effet, Jean Rochefort a 80 ans.

Aucun commentaire: