dimanche 7 février 2010

In the Na'vi

Si ce que j'ai pu lire est exact, il n'est encore "que" le 18ème film ayant généré le plus d'entrées en France. Pas évident d'y voir clair dans le box-office mondial, qui note plutôt le total des sommes rapportées, sans toujours tenir compte du prix des places ou encore de l'inflation. Reste une certitude: Avatar fait un très gros carton. Dans le monde, ses recettes dépassent désormais les deux milliards de dollars, soit environ quatre fois ce que le film a coûté, promotion comprise ! Je dois admettre que j'ai quand même un peu tergiversé avant de participer à ce titanesque succès. Le fait est que le discours de James Cameron, le réalisateur, ne me plaisait pas: un mélange d'arrogance et de fausse modestie. Finalement, j'ai décidé de ne pas en tenir compte et, comme beaucoup d'autres, j'ai acheté ma place de cinéma. Il est tout à fait clair que je ne voulais pas attendre jusqu'à la sortie DVD. Un film à si grand spectacle me paraît justifier pleinement l'écran géant et l'usage de lunettes 3D. Quelques minutes avant que la projection ne commence, j'ai eu le sentiment de vivre un moment historique, à propos duquel, dans le futur, je pourrai dire "J'y étais". Attendons: quelque chose me dit que, d'ici environ vingt ou trente ans, le fait d'être allé voir ce film lors de sa sortie fera forcément des envieux. La Guerre des étoiles millésime 2009.

En attendant, rafraîchissons la mémoire aux étourdis: Avatar évoque le destin d'un soldat de l'armée américaine, blessé, privé de l'usage de ses deux jambes et qui décide d'embarquer vers ce que l'état major qualifie d'enfer: la planète Pandora. Là-bas, ce brave garçon qu'est Jake Sully ne sera plus un handicapé. Puisqu'il est volontaire pour une expérience scientifique d'envergure, son esprit peut rejoindre le corps d'un Na'vi, l'une des drôles de créatures locales. L'avantage étant de pouvoir quitter la base, se promener au milieu des luxuriantes forêts du voisinage et, bien évidemment, apprendre à connaître la population autochtone. Tout ça, il est clair que Jake est censé le faire pour espionner l'ennemi de l'Amérique, identifier ses faiblesses et l'encourager à dégager le terrain. Aussi magnifique et périlleuse soit-elle, Pandora est pour les humains une surface d'exploitation minière. Pas question dès lors de se laisser attendrir par un discours néo-écolo: si Sully a été missionné, c'est bel et bien dans une optique colonisatrice. Serez-vous surpris si je vous révèle que c'est tout le contraire qui va se passer ? L'homme devenu Na'vi endossera les habits de ses amis et aimera une de leurs princesses. Plus question de se battre pour autre chose que leur protection.

Oui, je crois qu'on peut le dire: Avatar repose sur un scénario extrêmement conventionnel. Le cinéma américain avait déjà écrit cette histoire cent fois. En somme, vous avez là une copie conforme d'un récit que Kevin Costner avait signé en 1990, presque vingt ans avant James Cameron. Remplacez les Na'vi par des Indiens, le beau Jake Scully par le noble John Dunbar et tout le bestiaire de Pandora par des bisons ou des chevaux: sans aller jusqu'à citer le mythe éternel de la nouvelle frontière, ce nouveau film semble un remake futuriste du sompteux Danse avec les loups. Au départ, les héros ont bien des ennuis avec leurs jambes. Ensuite, ici et là, ce sont presque les mêmes personnages aux cultures variées, le même élan vers l'autre contrarié par une hiérarchie bornée, le même amour absolu de la nature. Faut-il alors vouer le "nouveau" aux gémonies cinématographiques ? Certainement pas. En dépit de cette intrigue éculée, il y a beaucoup de belles choses dans Avatar, et évidemment d'abord des images à couper le souffle. Le fait qu'elles soient visibles en 3D n'est pas qu'un gadget: on s'immerge littéralement dans le film et ses presque trois heures passent à toute vitesse. Beaucoup disent que ce qui vient d'être créé va révolutionner le cinéma, qu'il y aura un avant et un après. Nous verrons bien. D'autant mieux, en fait, qu'une trilogie pourrait bien être en préparation. La date de sortie des deux prochains opus ? Je n'en sais rien. J'ai simplement entendu dire que James Cameron pourrait intercaler quelques autres films. Déjà, il travaillerait notamment sur un projet autour d'Hiroshima. Pour des raisons presque inverses, là aussi, je demande à voir...

2 commentaires:

Hélène a dit…

Très subtil le rapprochement avec Danse avec les loups , très beau film , le seul peut-être où Kévin Costner soit supportable...

Anonyme a dit…

Je fais mienne ta phrase suivante :"on s'immerge littéralement dans le film et ses presque trois heures passent à toute vitesse."
Mon fils qui n'aime pas, tellement, ce genre de film, a dit: si tu rentre dans le film, sûr qu'il te resteras dans la memoire.
Et puis je trouve la musique parfaitement en simbiose.
Chef d'oeuvre.