samedi 20 février 2010

Les charmes de l'Italie

C'est soucieux de sensibiliser mon cousin Mathieu à d'autres époques cinématographiques que j'ai revu Avanti ! Ce film signé Billy Wilder est sorti en 1972. Ce n'est pas son plus grand succès, mais je l'aime beaucoup. Résumons l'intrigue: le fils d'un capitaine d'industrie américain, Wendell Armbruster Jr, débarque sur Ischia, une petite île du sud de l'Italie, pour y chercher le corps de son père. Le paternel est mort dans un accident de voiture, à des milliers de kilomètres des siens, dans le cadre paradisiaque où il soignait son vieux corps en prenant des bains de boue. Le fiston n'a pas de temps à perdre. Surpris par le décès en pleine partie de golf, il entend bien embarquer le cercueil et retourner à Baltimore, sans même prendre une minute pour profiter des charmes de l'hôtel. Oui mais voilà ! C'est compter sans la présence d'une jeune Anglaise, elle aussi endeuillée, Pamela Piggott. La pauvre pleure la mort de sa mère. Finalement, et en même temps que les personnages, on découvre alors que les deux disparitions sont survenues... simultanément ! Et dans les mêmes circonstances ! En résumé, les défunts n'ont pas seulement partagé une fin tragique, mais aussi la voiture qui les y a conduits et, évidemment, l'une des chambres de l'établissement grand luxe qui accueille leurs enfants. Depuis un point de départ relativement nostalgique, si ce n'est macabre, le spectateur, surpris et séduit, s'embarque illico vers une pure comédie. Que du bonheur !

Osons l'écrire: Avanti ! est même une comédie romantique. Inspiré d'une pièce de théâtre, le scénario n'a rien à envier à celui d'oeuvres plus récentes, au contraire. Il y a beaucoup de tendresse et de poésie dans cette histoire et, toujours soucieux de vous préserver les joies d'une découverte, je dirai simplement qu'elles ne se manifestent pleinement qu'à la toute fin du métrage. C'est d'ailleurs à mes yeux ce qui fait toute la qualité de ce film au charme un peu suranné. Cette parenthèse italienne de Wendell Armbruster Jr est un moment d'humour avant tout, une longue série de scènes cocasses reposant sur le profond décalage entre la mentalité de ce goujat d'Américain et l'hédonisme de ceux qui l'entourent. Sitôt installé dans la voiture qui l'amène à l'hôtel aux côtés de son directeur, l'héritier pressé affronte un monde qu'il ne comprend pas, parce qu'il le juge trop lent. Irene, une amie italienne, m'a avoué qu'elle trouvait l'argument un peu caricatural, mais malgré tout fort drôle. Et nous, Français, devant cette tempête sur pieds, on peut se laisser langoureusement contaminer par le rythme latin, juste soucieux de profiter tranquillement de la dolce vita à l'italienne. Le fait même d'y être invités par un personnage britannique, nationalité souvent moquée pour son flegme et la rigité de ses convenances, vient encore ajouter au plaisir et à l'envie de se la couler douce. Et Ischia est si belle...

Curieusement, c'est Wendell Armbruster Jr qui prendra l'initiative d'un premier dîner commun avec Pamela Piggott. Je vous laisse découvrir ses causes et ses conséquences. Il me semble parfaitement évident que la distribution retenue par Billy Wilder contribue largement à la réussite d'Avanti ! Le duo vedette est parfait. Fidèle du réalisateur, Jack Lemmon est tout à fait dans la lignée du talent qu'il manifeste habituellement. Juliet Mills, elle, assure une réplique brillante et n'a même pas hésité à prendre dix kilos pour les besoins de la cause. Leurs prestations, complémentaires, sont calées, exactement dans le bon ton. Il serait dommage de ne pas également pointer les projecteurs vers d'autres comédiens. J'ai déjà dit un mot du directeur de l'hôtel: originaire de Nouvelle-Zélande, Clive Revill compose un Italien plus vrai que nature. Les autres personnages, secondaires, sont plutôt convaincants eux aussi, mais la plupart ont également la nationalité transalpine - ceci expliquant peut-être cela. Le plus beau dans tout ça est que, sans montrer énormément d'images du pays, le long métrage est très clairement tourné in situ. C'est peut-être le génie du réalisateur d'avoir su capter des images typiques de ces lieux magnifiques et, plaisir complémentaire, quelque chose de leur incomparable lumière. Je n'en sais rien, mais je le ressens par intuition. Pour en être sûr, il faudrait aller vérifier sur place. Signe tangible de sa réussite formelle, je dois en tout cas dire pour conclure qu'au Méditerranéen d'adoption que je suis, le film donne envie de voyager. En fait, lui-même est déjà un beau voyage.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci pour cette information interessante