dimanche 7 juin 2009

Dans un port de Normandie...

Le hasard a bien fait les choses. Il y a deux semaines jour pour jour, alors qu'Isabelle Huppert et ses co-jurés commençaient à envisager de remettre la Palme d'or du 62ème Festival de Cannes, je regardais (enfin !) un autre des films primés sur la Croisette: Les parapluies de Cherbourg, distingué en 1964. Avis aux amateurs: cette oeuvre de Jacques Demy n'est pas la dernière que vous verrez chroniquée ici, car on m'a offert l'intégrale à Noël et j'aurai donc l'opportunité d'ainsi vous parler de TOUTES les autres ! Quand ? Je ne sais pas encore, mais ça viendra tôt ou tard. J'ai une pile de DVDs "retardés" telle que je ne sais jamais vraiment par lequel je vais commencer. Je me suis finalement décidé, après chaque nouveau film vu, à tirer au sort le prochain. Je n'en sais donc pas plus que vous, si ce n'est que ce ne sera pas avant la mi-juillet, le temps également d'écluser mon autre liste: celle des films vus et pas encore chroniqués ici. Mais revenons à nos moutons ! Les parapluies de Cherbourg, donc. Onzième film de Catherine Deneuve, il est sans doute l'un de ceux qui a assis sa notoriété. La comédienne n'avait alors que 21 ans ! Inutile de vous dire, je suppose, qu'elle a fait carrière depuis...

Passons donc à l'intrigue. Les parapluies de Cherbourg suivent pas à pas le destin de Geneviève et Guy, deux amoureux d'origine modeste. Geneviève aide sa veuve de maman à tenir son magasin (de parapluies), Guy travaille dans un garage. Très éprise, la jolie Geneviève promet à Guy de l'épouser, le problème étant qu'elle n'a que 17 ans et que sa maman ne trouve pas ça très raisonnable. Fatale, la destinée va se charger de remettre Geneviève dans le droit chemin, quand Guy sera obligé de partir faire la guerre en Algérie. Fin du film ? Mais non ! Je ne suis pas sadique au point de dévoiler tout le scénario à celles et ceux d'entre vous qui seraient encore passés à côté. Les parapluies de Cherbourg se découpent, en fait, en trois parties à peu près égales: je n'ai évoqué que la première. Volontairement, je vous laisse voir par vous-mêmes, si ce n'est déjà fait, comment Jacques Demy procède pour bien les différencier. C'est si je le révélais ici que j'irais trop loin et vous priverais du plaisir qu'on peut avoir quand on découvre cette histoire d'un oeil neuf. Définitivement, non, je ne veux pas vous imposer ça...

Sans trahir de grand secret, tant le fait est notoire, je peux toutefois rappeler que Les parapluies de Cherbourg sont, selon l'expression consacrée, un film "en chanté"... en deux mots. Je discutais hier avec mes amis Lara et Jean-Michel du fait qu'il faille parfois laisser tomber quelques barrières psychologiques pour aborder une oeuvre cinématographique. Je confirme et c'est bien ce que j'ai fait ici. Avant de lancer le DVD, tirage au sort ou pas, il a fallu accepter l'idée que tout le film était musical. Le plus déroutant est que tout le texte des dialogues reste en prose: au départ, même informé, j'ai donc eu l'impression que l'ensemble des personnages s'exprimaient d'une drôle de voix, "en chanté", c'est le mot, mais pas en chansons. Il faut évidemment s'y faire et ce n'est peut-être pas si facile pour tous. Pour ma part, au fil des minutes, ça ne m'a plus dérangé et, mieux, ça m'a séduit, car ça ajoute au ton décalé du film. Dans ce domaine du travail technico-artistique du réalisateur créant une altération marquée du monde réel, je pourrais citer les couleurs vives utilisées pour les costumes et décors. En sens inverse, Demy parle de choses graves et existantes, dans les vraies rues de la ville normande. Gare aux malentendus: Les parapluies de Cherbourg ne sont vraiment pas une bluette, une histoire à l'eau de rose. C'est un récit poignant, très joliment réalisé, magnifiquement interprété. Demy en parlait d'ailleurs lui-même comme "d'un film contre la guerre, l'absence, tout ce qu'on déteste et brise un bonheur". Bonbon amer, disent certains. De mon point de vue, en tout cas, c'est une belle Palme d'or.

1 commentaire:

cd a dit…

c'est un excellent film !! il relate nos angoisses et la vérité de certains faits... ce film est toute fois pas abordable par tout le monde.... il faut ce faire au côté CHANTE... Mais très agréable a voir et à écouter...