Elle s'appelle Nadia Melliti et, à juste 23 ans, elle a décroché le Prix d'interprétation féminine lors du Festival de Cannes, en mai dernier. Fatima - qu'elle incarne dans La petite dernière - est le premier rôle de la jeune femme, étudiante STAPS à Bobigny, en Seine-Saint-Denis. Depuis six mois, j'étais curieux de la découvrir (sur un écran géant)...
Autant vous l'annoncer tout de suite: je n'ai pas été déçu, loin de là ! Comme vous l'avez peut-être déjà lu, le long-métrage évoque la vie d'une ado de banlieue, originaire d'Algérie et musulmane pratiquante. Dans une famille plutôt ouverte, Fatima est une lycéenne travailleuse et brillante, qui passera bientôt le bac avant d'étudier la philosophie. Elle a un petit ami, mais se trouve soudain attirée par les femmes. Petit à petit, elle va admettre (et comprendre) son homosexualité. Film délicat, La petite dernière est en somme le récit d'une éclosion. Je n'ai pas lu le roman éponyme qu'il adapte, mais c'est partie remise. J'espère que j'y retrouverai une forme de subtilité et une douceur auxquelles je suis sensible. Malgré quelques scènes "banlieusardes" parfois discutables, il est ici davantage question de questionnements intimes que de grandes déclarations enflammées ou de rejets violents d'amours jugées intolérables. Être soi n'est pas si facile pour autant...
D'un printemps à un autre, c'est donc une année entière que la caméra suit Fatima dans son quotidien. Personne n'est alors obligé d'accepter comme une évidence le fait qu'elle puisse être libre d'aller au restau ou de sortir en boîte de nuit, alors même que sa mère est paniquée simplement à l'idée qu'elle fasse un footing matinal dans son quartier. OK, il y a deux ou trois invraisemblances dans La petite dernière. Oui... et alors ? Sincèrement, cela n'a nullement gâché mon plaisir. Aux commandes, Hafsia Herzi parvient bel et bien à traiter d'un sujet intéressant et sensible, sans s'égarer dans une rhétorique politicienne ou militante. Certaines scènes sont explicites, mais je trouve aussi que, dans l'ensemble, elle filme avec pudeur. Une qualité perceptible devant l'usage ponctuel de très beaux fondus au noir, par exemple. Souvent avare de mots, son héroïne ne débite donc aucun discours convenu sur les réelles difficultés d'une vie liée à sa situation sociale. Toute en retenue et non-dits, la fin s'avère suffisamment évocatrice. Pas de doute: l'écoute et l'empathie sont des mots du genre féminin...
La petite dernière
Film français de Hafsia Herzi (2025)
Impossible de ne pas citer le cinéma d'Abdel Kechiche: la réalisatrice était l'actrice du cinéaste niçois dans La graine et le mulet (2007). Son - troisième - film à elle n'est évidemment pas qu'un copier-coller hésitant de La vie d'Adèle (le film palmé d'or à Cannes, en 2013). L'homosexualité féminine n'y est pas abordée de la même façon. Certain(e)s d'entre vous pourraient bien privilégier la classe de Carol.
----------
Une précision d'ordre littéraire...
Signé Fatima Daas, le roman originel a été traduit... en huit langues !
... et, en guise d'éventuel contrepoint...
Je vous suggère de lire aussi la chronique (très négative) de Pascale.
Autant vous l'annoncer tout de suite: je n'ai pas été déçu, loin de là ! Comme vous l'avez peut-être déjà lu, le long-métrage évoque la vie d'une ado de banlieue, originaire d'Algérie et musulmane pratiquante. Dans une famille plutôt ouverte, Fatima est une lycéenne travailleuse et brillante, qui passera bientôt le bac avant d'étudier la philosophie. Elle a un petit ami, mais se trouve soudain attirée par les femmes. Petit à petit, elle va admettre (et comprendre) son homosexualité. Film délicat, La petite dernière est en somme le récit d'une éclosion. Je n'ai pas lu le roman éponyme qu'il adapte, mais c'est partie remise. J'espère que j'y retrouverai une forme de subtilité et une douceur auxquelles je suis sensible. Malgré quelques scènes "banlieusardes" parfois discutables, il est ici davantage question de questionnements intimes que de grandes déclarations enflammées ou de rejets violents d'amours jugées intolérables. Être soi n'est pas si facile pour autant...
D'un printemps à un autre, c'est donc une année entière que la caméra suit Fatima dans son quotidien. Personne n'est alors obligé d'accepter comme une évidence le fait qu'elle puisse être libre d'aller au restau ou de sortir en boîte de nuit, alors même que sa mère est paniquée simplement à l'idée qu'elle fasse un footing matinal dans son quartier. OK, il y a deux ou trois invraisemblances dans La petite dernière. Oui... et alors ? Sincèrement, cela n'a nullement gâché mon plaisir. Aux commandes, Hafsia Herzi parvient bel et bien à traiter d'un sujet intéressant et sensible, sans s'égarer dans une rhétorique politicienne ou militante. Certaines scènes sont explicites, mais je trouve aussi que, dans l'ensemble, elle filme avec pudeur. Une qualité perceptible devant l'usage ponctuel de très beaux fondus au noir, par exemple. Souvent avare de mots, son héroïne ne débite donc aucun discours convenu sur les réelles difficultés d'une vie liée à sa situation sociale. Toute en retenue et non-dits, la fin s'avère suffisamment évocatrice. Pas de doute: l'écoute et l'empathie sont des mots du genre féminin...
La petite dernière
Film français de Hafsia Herzi (2025)
Impossible de ne pas citer le cinéma d'Abdel Kechiche: la réalisatrice était l'actrice du cinéaste niçois dans La graine et le mulet (2007). Son - troisième - film à elle n'est évidemment pas qu'un copier-coller hésitant de La vie d'Adèle (le film palmé d'or à Cannes, en 2013). L'homosexualité féminine n'y est pas abordée de la même façon. Certain(e)s d'entre vous pourraient bien privilégier la classe de Carol.
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Une précision d'ordre littéraire...
Signé Fatima Daas, le roman originel a été traduit... en huit langues !
... et, en guise d'éventuel contrepoint...
Je vous suggère de lire aussi la chronique (très négative) de Pascale.


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