lundi 6 octobre 2025

Avoir été, être encore

Robert Redford ? C'est par mon ami Philippe, alors en plein voyage professionnel à Tokyo, que j'ai appris sa disparition, le 16 septembre. J'ai cru opportun d'attendre avant d'écrire un éloge et donc laissé le fil de mes chroniques se dérouler comme prévu, autour de dix textes prêts à être publiés. Et... j'ai cherché un film de Bob à voir ou revoir !

Parmi trois-quatre options possibles, j'ai opté pour un long-métrage que je n'avais pas encore pu découvrir: Le cavalier électrique. Précision historique: cet opus est l'un des sept que ce cher Robert tourna avec son grand ami réalisateur, Sydney Pollack (1934-2008). Au sommet de sa beauté, l'acteur y incarne un ex-quintuple champion du monde de rodéo, Norman "Sonny" Steele, à présent sur le déclin. Une très sérieuse blessure l'ayant écarté du terrain de ses exploits passés, il en est réduit à mener des opérations de relations publiques pour son sponsor - une marque de céréales pour le petit-déjeuner. Lassé de cette vie, il aurait bien envie de déchirer son contrat. Finalement, un soir, attendu à dos de cheval sur la scène d'un casino de Las Vegas, il va tout envoyer promener et déguerpir avec l'animal ! Ce qui suscitera la colère de ses chefs, la panique de ses agents artistiques et la curiosité d'une jeune journaliste en panne de scoop...

J'en ai dit beaucoup, mais je veux vous rassurer: je n'ai pas tout dit. D'abord confiné dans des intérieurs bling-bling, ce beau film méconnu nous offre aussi une jolie vue dégagée sur l'Amérique des campagnes. C'est presque dans un road movie, finalement, que Steele / Redford nous embarque. Avec lui, Jane Fonda, parfaite en reporter de télé fortement attachée aux valeurs de la presse, mais moins psychorigide qu'elle n'en a l'air de prime abord. Le duo fonctionne à merveille. Librement adapté d'un roman, le long-métrage ose même s'aventurer dans des registres variés: sa bande-originale renforce sa dimension mélancolique, sans nuire à ses aspects comiques et/ou romantiques. Chut ! Le cavalier électrique respire la sincérité: à vous d'en juger. J'ai bien peu de choses à lui reprocher, si ce n'est quelques longueurs dans sa partie finale - il dure deux heures pile, générique compris. Mes goûts évoluent, bien sûr, mais je vois encore comme une chance de pouvoir fréquenter ainsi les mille et un monstres sacrés du cinéma américain. Et rien qu'avec Robert Redford, je suis loin d'en avoir fini !

Le cavalier électrique
Film américain de Sydney Pollack (1979)
Ce cinéma des gens de peu, lié aussi aux grands espaces, me fascine. J'y vois une représentation de la liberté et de ces utopies humaines qui, parfois, l'enrichissent. Comme dans Les désaxés, d'une tonalité tragique, ou Jeremiah Johnson, autre opus du duo Pollack / Redford. Je trouve en outre quelques parentés chez Schatzberg (L'épouvantail) et Eastwood (Bronco Billy). La continuité d'une forme de solidarité...

----------
Allez, confidence pour confidence...

Je précise que les autres films qui étaient en balance pour ma séance d'hommage étaient Votez McKay, L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux et All is lost, sortis tour à tour en 1972, 1998 et 2013. Arte a opté pour la redif' d'Et au milieu coule une rivière (1992). J'ose désormais vous assurer qu'il n'y a là que quatre parties remises !

En attendant, pour retrouver le film du jour...

Vous pourrez sans autre délai consulter la page de "L'oeil sur l'écran".

Aucun commentaire: