jeudi 28 octobre 2021

Revenir à la vie

Cela peut surprendre compte tenu de la densité de sa filmographie d'acteur: Mathieu Amalric se dit davantage motivé par la réalisation. C'est pour mieux le connaître dans cette facette de sa vie d'artiste que j'ai choisi d'aller voir Serre moi fort, son huitième long-métrage. Une précision pour les fans, au besoin: on ne le voit JAMAIS à l'écran !

Je vous épargne le spoiler que j'ai lu avant de voir le film. Pour entrer dans le vif du sujet, je vous cite le synopsis tel que je l'ai découvert après coup: "Ça semble être l'histoire d'une femme qui s'en va" (sic). Effectivement, quand Clarisse se réveille un beau matin, elle s'efforce de ne pas faire de bruit, car son mari et ses enfants dorment encore. Après un café, elle sort dans son jardin, prend le volant de sa voiture et entame un voyage dont elle paraît ne pas avoir fixé la destination. "J'ai envie de voir la mer", dit-elle à une amie pompiste, en chemin. Et, plus tard: "Quand on part faire un voyage, ça prend du temps". Nous voilà dès lors embarqués, à ses côtés, vers un horizon incertain. Le cinéma nous offre souvent de tels périples, mais celui de Clarisse est singulier. Réel et imaginaire se mêlent. Sans frontière marquée...

Avant le film, il y eut une pièce, Je reviens de loin (Claudine Galea). Publiée aux éditions Espaces 34, mais inédite au théâtre, semble-t-il. Invisible depuis sa parution en 2003. Mathieu Amalric dit: "Je l'ai lue dans un train et me suis mis à chialer. À hoqueter, comme un bébé". Cela suffira sans aucun doute à vous expliquer qu'il n'y a rien de drôle à attendre de ce récit. Pour être tout à fait clair, je vous déconseille de vous y frotter si vous n'avez pas un moral solide en ce moment ! Cela dit, si triste soit-il, le film reste éminemment recommandable. Chaque séquence est en quelque sorte le fragment d'un récit intimiste que le scénario nous invite à reconstituer, à la manière d'un puzzle. J'imagine qu'au final, chacun(e) aura sa propre perception de l'image obtenue: Serre moi fort n'est pas tendre, tout en demeurant pudique. Sa fin garde une part d'ambiguïté, mais j'y ai vu un peu de lumière retrouvée, une espérance encore ténue, née d'un cap enfin franchi. Chose probablement impossible sans Vicky Krieps, l'actrice principale. Vous seuls pouvez me dire si vous êtes attirés par ce même chemin...

Serre moi fort
Film français de Mathieu Amalric (2021)

J'insiste: les séquences éparpillées finissent par constituer un film unique et franchement intéressant pour peu qu'on s'y laisse prendre. Âmes sensibles, attention: quelques mouchoirs ne seront pas de trop. Cette parenthèse évoque Paris, Texas, dans une improbable version inversée. Autres parallèles: on peut penser à L'arbre, Valley of love et/ou Vers l'autre rive. Chuuut ! Je ne voulais pas trop en dévoiler...

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Et maintenant, pour aller plus loin...

Je vous suggère de lire également les chroniques de Pascale et Strum.

2 commentaires:

Pascale a dit…

Heureusement qu'il y a Vicky et l'AMC Pacer (et Arieh très beau).
Amalric s'est donné beaucoup de mal (son, voix off, montage) pour réaliser son film tarabiscoté. Il m'a laissé sur le bas côté et aucune larme n'a coulé.

Martin a dit…

Je n'ai pas trouvé ça si tarabiscoté. C'est vrai que ça mélange un peu réalité et irréalité, mais...