samedi 19 décembre 2020

Blouses blanches

Je me suis dit que ce serait bien de reparler des personnels soignants. C'est la raison qui explique que j'ai voulu voir Hippocrate et le chroniquer avant la fin de cette année ô combien particulière. Réalisé par un ancien médecin, ce film de fiction suit les premiers pas d'un interne dans une structure hospitalière publique. Un beau sujet...

Thomas Lilti admet que son film est très largement autobiographique. Pour l'anecdote, il a d'ailleurs souligné que le personnage principal portait son deuxième prénom. Il voulait également rendre une forme d'hommage à ses douze années passées à apprendre la médecine. Avec un certain souci de réalisme, à l'opposé des images véhiculées par les séries télé: "Je me suis donc replongé dans mes souvenirs pour retrouver les sensations formelles de ce que j'avais connu" (sic). Hippocrate est presque un huis-clos: les occasions de quitter l'hôpital sont rares, comme elles le sont, j'imagine, dans la réalité des choses. Le film n'est jamais ni larmoyant, ni étouffant. Et je le juge crédible !

Les acteurs le sont aussi et j'ai été content d'en revoir quelques-uns que j'aime bien: Reda Kateb, Jacques Gamblin et Vincent Lacoste. Hormis celui de Marianne Denicourt, il m'a semblé que les rôles féminins étaient un peu plus en retrait: c'est d'autant plus dommage que les hommes ne me semblent pas majoritaires à l'hôpital public. Qu'importe, au fond: l'intérêt du film est ailleurs. J'ai envie de dire qu'il réside essentiellement dans la description fine du caractère social de la profession de soignant - et tout autant dans l'intelligence avec laquelle il expose la nécessaire solidarité entre les équipes. Hippocrate n'est pas une hagiographie du corps médical: s'il évoque le peu de moyens dont les professionnels disposent, il montre aussi combien ils s'opposent parfois en matière de stratégie thérapeutique. C'est pertinent, oui, même si ce n'est pas forcément aussi touchant que j'avais pu l'espérer. D'où, au final, ma note restée un peu basse...

Hippocrate
Film français de Thomas Lilti (2014)

Une réussite, même si j'avais espéré pouvoir ajouter une demi-étoile. Les longs-métrages entièrement consacrés à l'hôpital semblent rares ! J'ai entendu parler de L'ordre des médecins, avec Jérémie Renier. Tout cela paraît franchement très sérieux, les ami(e)s ! Vous aurez peut-être envie d'aborder la question autrement ? Je vous dirais alors que La clinique de l'amour pourrait vous y aider. Pour rire, un peu...

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Une précision s'impose...

J'ai parlé de Thomas Lilti comme d'un ancien médecin: j'ai en fait lu qu'il n'exerçait plus depuis 2013. En mars, il bossait sur la saison 2 d'une série tirée d'Hippocrate quand le Covid-19 l'a obligé à arrêter de tourner. Résultat: il a remis sa blouse pour travailler aux urgences de l'hôpital qui lui servait de décor. Je vous applaudis, Monsieur Lilti !

Et pour en revenir au film...

Vous pourriez à présent vous tourner vers l'avis - mitigé - de Pascale. Je m'étais trompé en pensant qu'elle ne serait pas la seule à en parler.

6 commentaires:

cc rider a dit…

Alors Vincent lacoste énervant ou pas ???

Pascale a dit…

Et moi j'ai été bien généreuse avec mes 2 étoiles. Je n'aimerais pas tomber entre les mains des gens de cet hôpital.
Lacoste en futur médecin : non. Jamais crédible. Et le rôle du pauvre gosse de riches ne lui convient pas non plus.
Tout ce qui est fictionnel est sans intérêt.
L'ordre des médecins ne vaut pas mieux.
Je boycotte systématiquement toutes les séries qui se passent à l'hôpital. Je devrais en faire de même pour les films.
Et qu'on arrête de nous dire que les soignants sont des humains (qui ont besoin de dessiner des bites sur les murs pour se détendre).

Martin a dit…

@CC Rider:

Dans ce film, je ne trouve pas, non. Son personnage, en revanche, l'est (un peu).

Martin a dit…

@Pascale:

Je te trouve bien sévère avec Vincent, sur ce coup-là. Il reste correct à mes yeux.
Bon, évidemment, quand Reda arrive en face, c'est difficile de soutenir la juste comparaison.

Moi, je ne suis pas passionné par ce genre de films, mais ça a au moins le mérite de rappeler que nos hôpitaux (publics) sont sous-dotés. Cela dit, je comprends bien que, pour toi, le sujet ne soit pas abordable de la même façon. Avec, disons, le même "détachement".

princecranoir a dit…

J'avais chroniqué ce film sur mon ancien blog. A l'occasion d'un nouveau visionnage, je le republierai sans doute.
Il m'avait bien plu ce film, ouvrant une porte sur les coulisses de l'hôpital, ce monde d'infirmier(e)s et de médecins, apprentis ou confirmés. Lilti ne brosse un portrait très rassurant de l'hôpital, son film a d'ailleurs fait changer d'avis mon fils pour son orientation. Il a le mérite de donner une idée de la réalité de la médecine à l'hôpital. Il poursuivra d'ailleurs dans cette voie médicale en suivant les traces d'un généraliste en milieu rural dans son film suivant, puis reviendra sur ces fameuses études qui en laissent tant sur le carreau.
Pas vu sa série pour Canal. ça peut nous changer de "Grey's anatomy".

Martin a dit…

Et du coup, ton fiston, ça l'a découragé ou bien motivé ?
J'aime assez que Lilti fasse ainsi "le tour de la question". Je suis curieux de la suite !