vendredi 28 août 2020

Les ados à dos ?

Les vacances se terminent: je vous propose ce midi de me suivre pour rencontrer les élèves d'une classe de troisième, dans un collège huppé. Ces brillants jeunes gens sont sous le choc: l'un de leurs profs vient de faire une tentative de suicide. C'est dans une ambiance lourde et avec froideur qu'ils "accueillent" leur enseignant suppléant...

Adaptation d'un roman signé Christophe Dufossé, L'heure de la sortie est passé assez inaperçu parmi les sorties cinéma de l'année dernière. Je n'ai pas lu le livre, mais le film est un thriller des plus honorables pour qui aime les mystères insondables et les ambiances poisseuses. Presque aussitôt après sa prise de poste, Pierre Hoffman, son héros taciturne, se heurte à l'hostilité de ses élèves, d'une arrogance rare chez des ados de cet âge. Ensuite, très rapidement, il se rend compte que c'est en réalité tout son environnement qui paraît dysfonctionner. Est-il en train de devenir fou ? Et serait-ce pour cette raison précise que son prédécesseur s'est défenestré au beau milieu d'un cours ? Subira-t-il le même sort ? Ce n'est qu'au compte-gouttes que le film répond à ces questions - ce qui est une bénédiction pour le suspense. Nous n'aurons JAMAIS plus d'informations que Hoffman lui-même. Comme lui, nous voilà condamnés à errer entre peurs et incertitudes !

Laurent Lafitte, souvent porté sur la gaudriole, est vraiment très bon dans ce registre plus sombre: une fois encore, il ne m'a pas déçu. Sans doute est-il aussi bien dirigé, mais je veux avant tout relever qu'il est... bien accompagné: omniprésents, les jeunes du casting jouent parfaitement leur partition ! En l'absence du plus petit sourire sur leurs visages, l'atmosphère du film est toujours plus glaciale. Intelligemment, le réalisateur a choisi d'ajouter quelques images d'archives à ses plans, ainsi qu'une petite série de séquences muettes et oniriques, comme pour mieux réfrigérer le tout. Effet garanti ! L'heure de la sortie est un long-métrage que l'on peut ressentir viscéralement (enfin... pour peu que l'on adhère au sujet, bien sûr). Plutôt qu'un discours martelé, c'est plutôt plein de petits détails visuels ou sonores qui contribuent à nous laisser accrochés à l'écran dans l'attente de la révélation finale - laquelle sera plutôt "explosive". Je n'en dirai pas plus pour ne pas vous gâcher la (ou les) surprise(s). Le cinéma français de genre a le vent en poupe ? Une bonne nouvelle !

L'heure de la sortie
Film français de Sébastien Marnier (2019)

Un scénario malin et un flop en salles: à peine 66.500 spectateurs ! C'est tout à fait désolant: d'autres films beaucoup moins intéressants connaissent pourtant un bien meilleur sort. Certains critiques pro voient Le village des damnés comme une référence pour Marnier. Cela se tient. J'y ajoute Funny games ou Le ruban blanc (Haneke), Le locataire (Polanski)... et Irréprochable, premier film du cinéaste.

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Il n'est pas encore l'heure de sortir...

Je vous propose préalablement de lire aussi la chronique de Pascale.

4 commentaires:

Pascale a dit…

Ah dommage qu'il n'ait pas marché. Comme je ne regarde jamais les chiffres, je le découvre ici.
C'est ce qui me consterne toujours... voir des gens faire la queue pour Divorce club (c'est le premier titre débile qui me vient en tête) et bouder ce genre de pépite.
C'est un film rondement mené, intrigant de bout en bout et admirablement interprété. Luana Barjami et son regard flippant, en tête.

Martin a dit…

Je suppose qu'il n'a pas dû faire l'objet d'une grosse promo, donc... score faiblard.
Dommage, en effet, car je suis bien d'accord avec toi: c'est franchement très bien ficelé.

Luana Bajrami (que je ne connaissais pas) est vraiment extra.
Elle est si petite qu'elle paraît vulnérable, d'une certaine façon, mais quelle froideur !

Pascale a dit…

Et elle était le plus beau personnage et la meilleure actrice d'un film que je n'ai pas aimé, La jeune fille en feu.

Martin a dit…

Je ne l'ai pas vu, celui-là, mais je n'exclus pas de lui accorder une séance de rattrapage à l'occase.