mardi 5 décembre 2017

Une fille de la campagne

Guillaume Gallienne explique que cela faisait quinze ans que l'histoire de Maryline - le prénom a été modifié - lui trottait dans la tête. D'après lui, donc, le scénario de son nouveau film s'appuie avant tout sur le souvenir d'une rencontre avec une femme, qui l'avait marqué. Est-ce que cela "marche" au cinéma ? Je vais vous donner mon avis...

Commençons par le commencement. Au début du film, cinq femmes sont réunies dans un champ, avec pour but de disperser les cendres d'un homme, qui se trouve être le père de l'héroïne. Problème: l'urne funéraire résiste à l'ouverture ! Est-ce que c'est drôle ? Pas vraiment. En tout cas, si on veut la considérer comme cocasse, il me semble que cette étrange scène de lancement s'inscrit en profond décalage avec ce qui arrive ensuite. La fameuse Maryline du titre s'émancipe en quittant son petit village reculé, dans l'espoir de devenir actrice. Bientôt, on la voit passer un casting très éprouvant et on la retrouve sur un plateau, bien incapable de jouer et humiliée jusqu'aux larmes. Personnellement, je crois impossible qu'un réalisateur puisse accorder quarante prises à une comédienne débutante pour faire ses preuves. C'est pourtant le cas ici. Passons: le réalisme, je m'en fiche un peu. Mais tout cela est tout de même un peu lourdingue, pour être franc...

Je ne vais certes pas tout vous révéler, mais ces séquences initiales donnent le ton: ce qui va nous être raconté, c'est le chemin de croix d'une jeune femme vers l'accomplissement et un succès aléatoire. Pourquoi pas, d'ailleurs ? Bien qu'il ne soit pas d'une originalité renversante, ce sujet a déjà pu me séduire. Encore faut-il pour cela qu'il soit traité avec délicatesse et de manière assez é-qui-li-brée. Pour moi, c'est bien là que le bat blesse, en l'occurrence: Maryline croule sous des tonnes de pathos. C'est d'autant plus horripilant qu'aucune explication n'est donnée pour justifier le comportement erratique de la jeune femme. Par chance, quelques aspects du film parviennent à le sauver du naufrage: je pense surtout à une échappée nocturne sur des chemins de terre et à l'apparition quasi-miraculeuse d'une consoeur d'une juste empathie, jouée par Vanessa Paradis. Passés ces deux points, je tiens à dire également qu'Adeline d'Hermy m'a pleinement convaincu dans le rôle-titre - j'espère donc la revoir. Quelque chose me dit qu'elle serait très bonne dans d'autres registres.

Maryline
Film français de Guillaume Gallienne (2017)

L'avant-dernière (longue) scène du film, où Guillaume Gallienne ajoute une couche d'horreurs sur son personnage et joue allégrement avec nos émotions, m'a presque fâché définitivement. Il montre davantage de pudeur pour préserver l'anonymat de sa source d'inspiration. Sur le thème - éternel - de l'artiste consumé par les feux de la rampe, j'aime autant revoir Black swan, voire même Chocolat !

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Et si vous alliez voir ailleurs ?
Vous pourriez constater que Pascale est sensiblement du même avis.

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