mercredi 14 juin 2017

Girl power

J'ai manqué plusieurs occasions, mais j'avais depuis un moment envie de découvrir le cinéma de Céline Sciamma. J'ai profité de son passage sur Arte pour me pencher sur Bande de filles, son troisième long. Aucun regret lié à ce choix: le film m'a plu, malgré un petit bémol. D'abord, ce constat: les filles de banlieue sont peu visibles au cinéma.

Un sujet en or ?
Je n'irai pas jusque là, mais j'ai trouvé ce choix de la réalisatrice ambitieux et assez courageux. Le fait que les quatre protagonistes principales du film aient la peau noire n'est pas anodin non plus. Céline Sciamma a quelque chose à dire et utilise des personnages atypiques, qu'elle pourrait bien avoir observés dans leur quotidien tant ils paraissent crédibles. Je reviens sur l'idée même de rareté. Vraiment, vous en avez vu beaucoup, des "blackettes", au cinéma ? Cerise sur le gâteau: elles sont incarnées par des actrices débutantes.

Une idée de l'émancipation...
Autour de son quatuor, Bande de filles rebat finalement les cartes d'un concept très classique: celui de la prise d'autonomie progressive d'un personnage donné - on en a vu d'autres. La manière de filmer cette Marieme, ado de banlieue en train de grandir, est aussi délicate que sensible. Pas sûr qu'un homme cinéaste aurait obtenu ce résultat. Sur ce point, je n'ai au fond qu'un regret: qu'après quatre "chapitres" de groupe, le film achève sa course sur la jeune femme restée seule. Pourquoi ? Je vous laisse le découvrir. La fiction rattrape la réalité...

Une forme particulièrement soignée...

La photo que j'ai choisie vient illustrer mon propos: le film sort du lot pour le soin accordé à la technique. Toute bleue, la scène d'anthologie est portée par l'énergie des filles et la musique de leur idole, Rihanna. Croyez-moi: c'est une vraie chance que la star de la pop ait accepté que sa chanson Diamonds soit utilisée, car la séquence qu'elle sublime en tire une force incroyable. Et tout est à l'avenant, sans fausse note. D'aucuns pourront regretter l'enchevêtrement de certains dialogues devenus, en conséquence, un peu difficiles à saisir. Bon, je chipote...

Bande de filles
Film français de Céline Sciamma (2014)

Bilan: depuis La haine de Mathieu Kassovitz, je ne suis pas persuadé que le cinéma ait tenu un discours si juste sur la vie en banlieue. Maintenant, je n'ai pas vu Divines, le brûlot de Houda Benyamina sorti l'année dernière, et me suis contenté de l'étrange Mercuriales en contrepoint. Si, de votre côté, vous avez envie d'aller plus loin autour du désoeuvrement féminin, je vous renverrai vers John from.

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Pas convaincus ? C'est votre droit...

Je vous signale d'ailleurs que Tina est d'un avis (très) différent.

4 commentaires:

Pascale a dit…

Et bien moi les ados filles ou garçons de banlieue j'en ai JUSQUE LA ! Et je n'ai pas vu non plus Divines. Encore moins quand j'ai découvert que les deux actrices principales de Divines sont deux intellos littéraires incroyables à qui on fait jouer des Wesh Wesh de bas d'immeubles du 9.3. Elles ont sans doute du clito mais tant pis.

Martin a dit…

Je peux le comprendre et c'est ton droit le plus strict... même si cela te conduit à parler d'un film que tu n'as pas vu.

Je tique un peu sur l'argument "deux intellos littéraires qui jouent les Wesh Wesh". N'est-ce pas le principe même du métier d'acteur que de jouer ce que l'on est pas ?

tinalakiller a dit…

Ahaha je ne vais pas revenir sur mon avis, je crois que mon message est passé !! :p
(par contre j'ai aimé Divines que j'ai trouvé plus consistant et cohérent).

Martin a dit…

Effectivement, le message est passé: on va dire ça comme ça !
Pour ma part, il faudrait que j'arrive à voir "Divines", au moins pour comparer.