jeudi 8 décembre 2016

Génération désenchantée

Le nom de Peter Bogdanovich vous est-il familier ? Moi, avant d'avoir l'occasion de découvrir l'un de ses films, j'avais lu deux/trois choses assez favorables sur ce cinéaste américain né en 1939. En souvenir des soirées passées avec Eddy Mitchell quand j'étais môme, je tenais absolument à voir La dernière séance. C'est chose faite, désormais !

Alors ? J'ai beaucoup aimé ce film, sorti six ans avant que Schmoll n'interprète pour la première fois sa chanson mythique et onze ans avant les débuts de son émission télé sur les classiques du cinéma américain. Le scénario est minimaliste, au moins en apparence. L'idée est de filmer la vie de quelques jeunes (20-25 ans) dans un bled paumé du Texas, dans l'immédiate après-guerre. Hormis un billard dans un bistro et leur solidarité de bande, ils n'ont pas grand-chose pour se divertir et à peine un boulot minable à espérer pour la suite. Filles et garçons vont bien au cinéma, mais l'ultime salle du coin risque fort de tirer le rideau définitivement. Tout ça n'est pas drôle. Pourtant, La dernière séance touche quelque chose auquel je suis sensible. Il développe une certaine idée de la mélancolie, je dirais...

En arrière-plan, l'idée est que le passage à l'âge adulte est un cap difficile à franchir, voire une étape très ingrate. J'interprète peut-être exagérément ce qui est montré, mais La dernière séance évoque timidement la guerre de Corée - et il est sorti pendant celle du Vietnam ! Quelque chose me dit que c'est tout sauf un hasard. Attention: je ne veux pas dire que le film est militant et pacifiste. Simplement, il semble désabusé de tout "rêve américain" et porteur du désenchantement d'une partie de la jeunesse. J'y vois un film moderne, du coup, et franchement touchant, dans le même temps. L'usage du noir et blanc renforce cette impression de désolation. Quant aux acteurs, ils sont tous excellents. Une mention personnelle pour Ellen Burstyn, Cybill Sheperd, Jeff Bridges et Randy Quaid, connus de moi grâce à des films plus récents. Confirmation: j'aime plonger dans le passé du septième art pour y retrouver pareille perle !

La dernière séance
Film américain de Peter Bodganovich (1971)

Les jeunes, la glande, la musique, le ton désenchanté... ça vous dit quelque chose ? Certains voient une parenté avec American graffiti. Ami(e)s au coeur tendre, soyez prévenus: le film de George Lucas s'avère plus léger... mais je préfère celui de Peter Bogdanovich. Pourquoi ? Parce que capter ainsi l'humeur incertaine de la jeunesse me paraît assez peu évident. Même si d'autres y parviennent aussi...

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Vous voulez un autre avis ?

J'en propose trois: ceux du duo "Elle et Lui" et celui de Princécranoir.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah oui, très beau film, l'un des plus touchants du Nouvel Hollywood.
Strum

Pascale a dit…

Oui ça me parle Bogdanovitch mais il faudrait que je cherche pourquoi.
Tu donnes bien envie avec celui-ci et son casting de rêve.
Jeff Bridges tout boudeur : j'adore ! Tu sais comme je suis sensible au joli garçon :)

Martin a dit…

@Strum:

Si tu en as d'autres à me conseiller, n'hésite pas !
Pour ma part, je vais tâcher de ne pas rater l'occasion de voir d'autres Bogdanovic.

Martin a dit…

@Pascale:

Parce que tu as chroniqué son "Broadway therapy" l'année dernière ?
Au fait, c'est Bogdanovic... sans H final !

Quant aux beaux garçons, oui, je suis au courant !
Il faut admettre qu'avec Jeff Bridges, tu fais preuve d'un goût très sûr.
Mais de cela, très chère, je ne doutais pas non plus, à vrai dire.

princécranoir a dit…

Quand le Nouvel Hollywood se baigne dans la nostalgie. Et puis Ben Johnson (acteur fordien auprès de qui Jeff Bridges semble avoir tout appris) y est bouleversant.

Martin a dit…

Je n'ai pas insisté sur Ben Johnson, c'est vrai. Et c'est de fait assez injuste.
Son monologue sur l'existence au bord de rivière est l'un des moments forts du film.