jeudi 2 juin 2016

Deux heures à vivre

Le hasard a bien fait les choses: je vous parlais de films en temps réel lundi et j'en ai découvert un dans la foulée de ma chronique. Mesdames et messieurs, Cléo de 5 à 7 marque ma première incursion au coeur du territoire créatif d'Agnès Varda. C'est aussi le deuxième des longs-métrages de fiction de la femme du regretté Jacques Demy.

Paris, 21 juin 1961: Florence, alias Cléo, une jolie blonde, se morfond dans l'attente du résultat d'un examen médical. Une cartomancienne n'est pas parvenue à la rassurer: la belle est sûre d'avoir un cancer. Qu'elle essaye de vivre comme tous les autres jours ou qu'elle tente au contraire de se changer les idées, rien ne fonctionne vraiment ! Incapable de tenir en place, l'artiste - Florence est chanteuse - quitte son loft, sa gouvernante et son piano pour déambuler dans Paris avant l'échéance supposée funeste. À sa suite, Cléo de 5 à 7 virevolte en tous lieux, ce qui nous offre au passage une jolie balade dans la capitale. Malgré quelques coupes et raccords, l'ensemble respire la liberté. Toutefois, la quête existentielle du personnage principal reste chargée d'une vraie tension, alimentée par la peur. Honnêtement, tout ça m'a plus fasciné par la forme que pour le fond. J'ai ressenti peu d'empathie pour l'héroïne. Je ne sais pas pourquoi...

Cela étant dit, sur la forme, donc, le film m'a bien plu. Les historiens du cinéma en font l'un des tous premiers feux de la Nouvelle Vague. Dans un petit film dans le film, Agnès Varda s'est amusée à convier quelques-uns de ses amis de cinéma: les amateurs reconnaîtront ainsi Anna Karina, Jean-Luc Godard, Eddie Constantine, Jean-Claude Brialy ou Sami Frey (entre autres). Le film contient aussi une belle scène musicale avec un autre bon camarade, j'ai nommé Michel Legrand. Bref, pour celles et ceux qui aiment ce cinéma, Cléo de 5 à 7 défend fièrement son rang de classique indémodable et incontournable. Libre à vous désormais d'entrer dans le tourbillon ou pas: l'attente paraîtra peut-être longue à qui n'adhère pas aux choix narratifs et notamment à ce découpage en chapitres, par l'intermédiaire de bandeaux visibles à l'écran. Moi, ça m'a surpris, oui, mais pas franchement dérangé. L'impression de mieux connaître le cinéma français me satisfait pleinement et occulte aisément l'idée selon laquelle le film aurait pu être meilleur. À noter: il circule aujourd'hui dans une copie restaurée.

Cléo de 5 à 7
Film français d'Agnès Varda (1962)

Désolé, les ami(e)s: mes connaissances sur la Nouvelle Vague m'apparaissent encore beaucoup trop partielles pour que je replace précisément le film dans son contexte. Possible que j'y revienne bientôt. D'ici là, vous trouverez quelques vieux Truffaut, Godard, Rohmer et Demy sur ce blog, des portes ouvertes à votre curiosité. Une certitude: c'est une école de cinéma pour laquelle j'ai de l'estime.

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Internet peut permettre de prolonger le débat...
Une autre chronique est parue chez "L'oeil sur l'écran", par exemple. L'image sur le blog d'Eeguab a disparu, mais le texte, lui, est bien là !

2 commentaires:

eeguab a dit…

Merci pour le lien, Martin. Hasard à propos de Demy je présente demain au cinéma de notre ville Les demoiselles de Rochefort, précédé d'une douzaine de chansons de Michel Legrand dont les classiques des films de Demy, interprétées par une chanteuse et un pianiste. A bientôt.

Martin a dit…

Avec plaisir, Eeguab ! Ton programme est vraiment sympa, dis donc ! La chose amusante est que, ce soir, je présente un film, moi aussi. Rien à voir avec Agnès Varda ou Jacques Demy, cela dit. J'en reparlerai la semaine prochaine (lundi)...