La Force est-elle avec moi ? Le week-end où la grande foule est allée retrouver les héritiers des chevaliers Jedi, j'ai préféré rester fidèle aux projections de mon association cinéma pour découvrir, en comité restreint, un drôle de film: La chambre interdite. Il y a longtemps que le septième art ne m'avait pas offert des ressentis aussi neufs...
Pour le dire de manière assez simpliste, c'est à une expérience rare que j'ai été convié. L'idée qui a donné naissance à ce film unique mérite d'être racontée. Au départ, si j'ai bien compris, le cinéaste canadien Guy Maddin envisageait de saisir sur le vif le jeu d'acteurs placés sur cent décors, installés quant à eux sur un seul et même site. En guise de matière première, il souhaitait utiliser ce qu'il est resté de très vieux films: petits bouts de pellicule, photos de tournage oubliées, scénarios plus ou moins complets ou listes de comédiens. Finalement confronté à une impossibilité matérielle, il a conservé cette idée et, entre les murs de deux musées, tourné une trentaine de courts-métrages, improbables fantômes du cinéma des origines. Après quoi, de cette vaste collection d'images, il a fait un montage personnel, ouvrant enfin au public la possibilité de le découvrir aussi. La chambre interdite est né ainsi, reprenant le titre originel de l'une de ses sources disparues. Un espace Internet a même été imaginé pour que chacun puisse fabriquer sa version... vous avez dit bizarre ?
Vous n'avez encore rien lu ! Parmi ses références, Guy Maddin cite volontiers un trio prestigieux: Friedrich Wilhelm Murnau, Fritz Lang et Alfred Hitchcock. Pour s'amuser, il est dès lors possible de guetter les clins d'oeil aux univers de ces trois grands réalisateurs visibles dans La chambre interdite. Sauf que c'est presque perdu d'avance ! Les deux heures du film sont toujours plus rapides: le rythme frénétique du métrage vous laissera à peine le temps de capter quelques bribes d'émotion, ce qui rend le spectacle aussi fascinant qu'abscons. On en prend d'autant plus plein les yeux et les oreilles qu'en invoquant l'esprit des maîtres d'antan, l'artiste d'aujourd'hui s'est payé le luxe du son, de la musique et, bien sûr, de la couleur ! L'incroyable aventure démarre dans une salle de bains, se prolonge dans un sous-marin menacé d'explosion et nous embarque par la suite vers une forêt enneigée ou la grotte d'hommes loups. On y rencontre un voleur de calamar, des femmes squelettes, des bananes mutantes, Mathieu Amalric, Adèle Haenel, Jacques Nolot, Charlotte Rampling...
La chambre interdite
Film canadien de Guy Maddin et Evan Johnson (2015)
Incroyable mais vrai: avant de tourner, il paraît que le plateau entier menait une séance de spiritisme ! Je peux parfaitement comprendre que le concept même de ce long-métrage décourage les plus motivés. Pourtant, sans donc en faire un must, je suis content de l'avoir vu ! En salles, pas moyen de s'échapper: l'immersion est totale. Je crois désormais être prêt à réessayer le cinéma de David Lynch. À suivre...
Pour le dire de manière assez simpliste, c'est à une expérience rare que j'ai été convié. L'idée qui a donné naissance à ce film unique mérite d'être racontée. Au départ, si j'ai bien compris, le cinéaste canadien Guy Maddin envisageait de saisir sur le vif le jeu d'acteurs placés sur cent décors, installés quant à eux sur un seul et même site. En guise de matière première, il souhaitait utiliser ce qu'il est resté de très vieux films: petits bouts de pellicule, photos de tournage oubliées, scénarios plus ou moins complets ou listes de comédiens. Finalement confronté à une impossibilité matérielle, il a conservé cette idée et, entre les murs de deux musées, tourné une trentaine de courts-métrages, improbables fantômes du cinéma des origines. Après quoi, de cette vaste collection d'images, il a fait un montage personnel, ouvrant enfin au public la possibilité de le découvrir aussi. La chambre interdite est né ainsi, reprenant le titre originel de l'une de ses sources disparues. Un espace Internet a même été imaginé pour que chacun puisse fabriquer sa version... vous avez dit bizarre ?
Vous n'avez encore rien lu ! Parmi ses références, Guy Maddin cite volontiers un trio prestigieux: Friedrich Wilhelm Murnau, Fritz Lang et Alfred Hitchcock. Pour s'amuser, il est dès lors possible de guetter les clins d'oeil aux univers de ces trois grands réalisateurs visibles dans La chambre interdite. Sauf que c'est presque perdu d'avance ! Les deux heures du film sont toujours plus rapides: le rythme frénétique du métrage vous laissera à peine le temps de capter quelques bribes d'émotion, ce qui rend le spectacle aussi fascinant qu'abscons. On en prend d'autant plus plein les yeux et les oreilles qu'en invoquant l'esprit des maîtres d'antan, l'artiste d'aujourd'hui s'est payé le luxe du son, de la musique et, bien sûr, de la couleur ! L'incroyable aventure démarre dans une salle de bains, se prolonge dans un sous-marin menacé d'explosion et nous embarque par la suite vers une forêt enneigée ou la grotte d'hommes loups. On y rencontre un voleur de calamar, des femmes squelettes, des bananes mutantes, Mathieu Amalric, Adèle Haenel, Jacques Nolot, Charlotte Rampling...
La chambre interdite
Film canadien de Guy Maddin et Evan Johnson (2015)
Incroyable mais vrai: avant de tourner, il paraît que le plateau entier menait une séance de spiritisme ! Je peux parfaitement comprendre que le concept même de ce long-métrage décourage les plus motivés. Pourtant, sans donc en faire un must, je suis content de l'avoir vu ! En salles, pas moyen de s'échapper: l'immersion est totale. Je crois désormais être prêt à réessayer le cinéma de David Lynch. À suivre...
2 commentaires:
Les films de Guy Maddin sont des expériences à part. N'y ayant pas encore été confronté, cet intrigant billet ajoute à ma curiosité qui désormais dépasse de très loin la méfiance de rigueur.
Ah ah ! Si j'ai réussi à t'intriguer, j'ai déjà plus ou moins gagné mon pari. Je serais toutefois curieux de connaître ton avis sur cet objet filmique à peine identifié...
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