mardi 16 octobre 2012

Essais de montage

C'est une première: Benjamin Bardou, un lecteur du blog, m'a sollicité pour parler d'un de ses courts-métrages. Toujours ravi de pouvoir découvrir de nouvelles formes d'expression artistique, je me suis donc penché sur cette oeuvre et c'est à mon tour de vous la présenter aujourd'hui. Je place ici un petit lien sur le site Internet de Benjamin, sur lequel j'ai découvert non pas un, mais bien deux films format court. Lui dit considérer son travail comme du cinéma de recherche au niveau du montage - d'où le titre de ma chronique. J'espère parvenir à vous inciter à la curiosité, avant de lui donner la parole.

 
D'une durée de douze minutes, Tableau parisien n°1 - a été créé cette année et m'a aussitôt plongé dans l'univers de Benjamin. L'étrange y côtoie l'identifiable. On note qu'au cinéma, une seconde, c'est 24 images: sur pellicule, il y aurait donc quelque 17.280 images dans le petit film créé cette année par le sieur Bardou. Un sentiment s'impose: le réalisateur n'est pas un adepte du plan fixe. Il capte quelques images de Paris au ralenti et les plans défilent alors rapidement, entraînant le spectateur dans une sorte de transe forcée.

Quasi-subliminales, les images s'enchaînent et sont toutes porteuses d'une certaine force évocatrice. Dans le tourbillon, je n'ai pas trop su que penser. Plusieurs voix off et une musique un peu irritante renforcent le mystère. Ici et là, assez ponctuellement, j'ai reconnu des choses familières, mouvements de foule ou scènes de guerre. L'impression laissée n'est pas très apaisée. Tableau parisien n°1 sort très souvent du cadre et impose une frénésie stroboscopique.

En ce sens, il s'inscrit parfaitement dans la lignée du premier court signé Bardou: Paris, capitale du XIXème siècle (2010). Dix minutes tournées cette fois sans la moindre couleur, ce qui renforce nettement l'impression d'images d'archives d'une époque révolue. Et pourtant ! Ce que Benjamin balance à nos rétines semble à nouveau familier. Cette capitale que nous connaissons, nous la reconnaissons. Intemporelle, elle émerge derrière les plans, aussi abîmés soient-ils.

Le réalisateur explique sur son site avoir voulu reproduire le rendu des pellicules du début du XXème siècle. C'est tout à fait réussi ! L'absence de musique et le simple crissement de la bande-son ajoutent au sentiment d'immersion totale dans une autre époque. Perceptible malgré tout, le quotidien prend alors une allure fantomatique, assez poétique. Paris, capitale du XIXème siècle ressemble à un film muet sans personnages. Seul compte le ressenti.

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