mardi 9 octobre 2012

Au pied des arbres

Jean-François Laguionie, épisode 4. Après vous avoir présenté deux de ses films et sa série de courts-métrages, je poursuis aujourd'hui mon exploration de la filmographie du maître de l'animation française avec Le château des singes. Le début m'a beaucoup plu. Le générique se déroule sur des esquisses de dessin, un narrateur nous racontant en voix off ce qu'est le monde que nous allons découvrir. Les primates y vivent désormais au sommet des arbres. D'après les anciens, une grande inondation a ravagé leurs terres autrefois et, depuis, il est devenu dangereux de descendre. Formule très classique: "On n'a jamais revu aucun de ceux qui étaient partis".

Je pense que vous pourriez le deviner: le récit s'appuie en priorité sur un jeune singe peu soucieux des superstitions. Il s'appelle Kom et, en effet, a envie d'aller voir ce qui se passe au pied des arbres. Bien qu'on veuille l'en dissuader, un saut manqué entre deux branches l'y entraîne finalement plus vite que prévu. Le château des singes développe alors un scénario assez classique. Son petit héros découvre qu'il est tout à fait possible de survivre sous la canopée. Rapidement, même s'il n'est pas très bien accueilli, il fait connaissance avec des créatures très similaires à lui et finit même par avoir des amis. Là-dessus, il est aussi question d'un complot destiné à renverser un roi, mais je vous passe les détails. J'ai trouvé parfois que le récit partait un peu dans tous les sens à la fois. Visiblement destiné à un public enfantin, le dessin animé m'a paru manquer d'un peu de cohésion. Bon, ce n'est pas très grave, cela dit.

Ce Laguionie m'a objectivement moins plu que les autres. L'animation elle-même n'est pas en cause. Sa relative fluidité reste tout à fait dans la norme de ce que j'ai pu voir - certaines séquences du tout début, quand la pluie tombe sur les arbres, m'ont enchanté. Qu'est-ce qui m'a manqué, alors ? Peut-être un peu de surprise. Globalement, oui, j'ai trouvé le scénario très convenu. Il n'y a guère que la disparition d'un personnage qui détonne: ce genre de rebond dramatique me semble plutôt rare dans le monde du dessin animé. Pour le reste, c'est vrai, j'attendais sans doute mieux. Le château des singes n'est pas un mauvais film, mais il manque de poésie. Aussitôt qu'il commence à dire des choses intéressantes sur les rêves d'un monde meilleur et la tolérance, c'est comme s'il voulait rester sur la réserve, de peur de perdre ses jeunes spectateurs. On a droit à quelques chansons et aux voix de célébrités comme Pierre Arditi, Michael Lonsdale, Nadia Farès ou Patrick Préjean. Je dois probablement être un peu trop "grand" pour profiter de ce spectacle...

Le château des singes
Film français de Jean-François Laguionie (1999)
Vous l'aurez compris: de tous les films de Jean-François Laguionie que je connais, c'est donc celui qui m'a le moins séduit. Il me reste encore à découvrir L'île de Black Mor pour boucler la collection. Rassurez-vous: pour l'heure, le bilan reste très honorable, en dépit même de la relative déception d'aujourd'hui. Je constate également que le style évolue de manière importante entre les longs-métrages et les époques - cette créativité est pour moi un point très positif. Attendons de voir la suite pour juger d'une oeuvre globale et pas seulement d'un simple extrait qui pourrait être un peu moins réussi...

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