Vous pouvez vérifier. Sur ce blog, il m'arrive d'annoncer mon intérêt pour un film donné pour finalement ne pas le voir et dès lors, bien évidemment, ne pas le chroniquer non plus. Et hop ! Ce soir, c'est l'inverse qui se produit. Si vous fouillez les archives, vous pourrez constater que j'ai brièvement évoqué L'imaginarium du docteur Parnassus, le 14 mars dernier. La bonne nouvelle, c'est donc bien que Terry Gilliam a finalement pu trouver une société distributrice. L'autre bonne nouvelle, d'ailleurs préalable, c'est qu'il a pour une fois su vaincre sa légendaire malchance ainsi que le destin, en terminant son oeuvre malgré... le décès de son acteur principal, j'ai nommé Heath Ledger. Un mot sur l'intrigue: le docteur Parnassus - à gauche sur l'image ci-dessus - est en fait un artiste de théâtre ambulant, entouré d'une petite troupe réduite à sa fille, son prétendant secret et... un nain. Le cliché que j'ai choisi pour démarrer cette chronique vous montre un cinquième personnage: le Diable incarné ! Sans trop en dévoiler, je confierai tout de même que le scénario repose d'abord sur une problématique faustienne: en échange de l'immortalité, Parnassus a promis au démon de lui donner sa fille dès qu'elle aurait atteint l'âge de 16 ans. Et même s'il prétend que la belle enfant n'en a que 13, son diabolique créancier n'est pas dupe. Il est au contraire joueur et propose donc un autre arrangement, sous forme de pari.
Et Heath Ledger, dans tout ça ? Un soir de pluie, sauvé de la mort par la petite troupe, le voilà qui entre finalement en scène, à la fois comme sixième larron et compagnon d'aventure. Pour ce qui restera donc dans l'histoire du cinéma comme son ultime rôle, le comédien australien envoie du gros ! Je l'ai trouvé tout bonnement excellent dans cette composition de jeune homme un peu décalé, séducteur, sympa et mystérieux à la fois. On pourrait ajouter pour être honnête que l'ensemble de la distribution "gilliamienne" s'en sort parfaitement, mais ce ne sera probablement pas une vraie surprise pour les habitués. La question que je me posais plutôt avant d'entrer au cinéma, c'était: à quel point L'imaginarium du docteur Parnassus sera-t-il inventif ? Et son univers saura-t-il me séduire ? Réponse: ces deux heures de cinéma sont sans contestation possible du très grand spectacle et mes yeux s'en sont régalés. Les images choisies pour illustrer cette chronique ne donnent qu'une idée primaire, très vague, de la formidable exubérance de l'inspiration débridée de Terry Gilliam. Je n'ai pas autant aimé chacun des films qu'il a réalisés et que j'ai découverts, mais à mon sens, celui-là propose un cocktail équilibré entre, côté pile, le monde réel et, côté face, la plus extravagante fantasmagorie. J'ai donc pu m'extraire temporairement du quotidien et me laisser attraper vers un ailleurs déroutant et plaisant. Je peux donc l'affirmer: mission accomplie !
Je me rends compte désormais qu'il est très difficile de parler conventionnellement d'un film aussi fou. Pour être allé le voir accompagné de mon pote Philippe et de mon cousin Mathieu, puis pour en avoir touché quelques mots avec mes amies Julie et Céline, je me dis qu'il a également un formidable potentiel. Pourquoi ? Simplement, si j'ose dire, parce qu'il laisse finalement le champ libre à toute une série d'interprétations possibles sur ce qu'il montre. Terry Gilliam propose un univers, mais n'impose pas de justification péremptoire à cet univers. Son récit tient évidemment de la fable, mais je crois qu'arrivé au générique final, chacun peut à son tour inventer sa propre morale. Le coup de génie du réalisateur américain sur ce film reste à mon sens d'avoir réellement mélangé, on pourrait même dire entremêlé, des scènes qui peuvent rappeler une réalité certaine et d'autres qui tiennent réellement du fantasme. C'est chaque fois qu'ils traversent un miroir - L'imaginarium du docteur Parnassus, donc - que les différents protagonistes peuvent passer d'un monde à l'autre. De l'autre côté, même Heath Ledger n'est plus vraiment lui-même, puisque le rôle est alors successivement repris par Johnny Depp, Jude Law et Colin Farrell. C'est amené de manière suffisamment intelligente pour n'être jamais choquant. Je dirais même que c'est peut-être bien le plus bel hommage qu'on pouvait rendre à l'acteur décédé. Un homme est mort, mais le spectacle continue. Ma conclusion: chapeau bas et merci, monsieur Gilliam !
1 commentaire:
J'adore les films de Gilliam, et sa faculté à transformer chaque histoire en conte pour adulte
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