mardi 4 décembre 2007

Plaidoyer pour Ocean

Le premier opus avait cartonné et plu à presque tout le monde. Le deuxième a objectivement rencontré moins de succès. Recette éprouvée ? Intrigue plutôt légère ? Prises de liberté trop flagrantes avec la réalité ? Possible. Recevable. Mais pour moi, à côté de la plaque. Ocean's 12 ne fait pas l'unanimité ? Tant pis ! J'aime cette histoire loufoque de braqueurs improbables, cette autodérision magnifique de George Clooney, Brad Pitt et consorts, et ce côté "film de copains" clairement revendiqué. Personne n'est obligé d'être d'accord !
J'ai vu le film au cinéma, je l'ai revu en DVD et je l'ai re-revu dimanche soir avec un pote. Je ne m'en lasse pas... ou à peine. Les répliques, je trouve qu'elles font mouche à chaque fois. OK, elles sont bien souvent faciles et déjà dites par d'autres acteurs avec le même talent. M'enfin, quand même ! George Clooney qui tique sur le fait qu'on pense qu'il a 48 ans, Brad Pitt qui abandonne sa maîtresse flic quand il se rend compte qu'elle est à deux doigts de le démasquer, Matt Damon qui joue les gros durs mais qui n'y capte pas grand-chose... vraiment, j'adore. Et je n'ai pas encore parlé d'Elliot Gould et ses grosses lunettes, de Catherine Zeta Jones en vénéneuse agent de police, de Julia Roberts et son rôle pour le moins étonnant ! La recette est finalement assez simple: casting aux petits oignons et dialogues savoureux. Ce n'est peut-être pas du grand cinéma, mais c'est à mon sens du très bon divertissement.

Et moi je dis: c'est déjà pas si mal !

dimanche 2 décembre 2007

Une coloc' angoissante !

Méfiez-vous de l'eau qui dort. C'est un peu la morale de cette histoire terrifiante, idéale pour rester éveillé un dimanche après-midi de paresse. Je me disais que ça faisait longtemps que je n'avais pas regardé de DVD, alors j'ai lancé JF partagerait appartement sur ma platine. Bonne inspiration: voilà un thriller tout à fait réussi !

Dans le genre, j'aime aussi Dark Water et Un frisson dans la nuit. La trame est assez classique: une jeune New-Yorkaise quitte son petit ami et, parce qu'elle ne peut pas payer le loyer de son appartement seule, ouvre sa porte à une inconnue pour le partager. La bonne idée tourne vite au cauchemar, quand il s'avère que la nouvelle venue n'est rien d'autre qu'une psychopathe en mal d'affection. S'ensuivent angoisses, conflits et morts violentes. Je ne rentre pas dans le détail pour ne pas tout vous dévoiler.

Le film date de 1992 et ça se sent: c'est peut-être le reproche numéro 1 qu'on pourrait lui faire. Le scénario est un peu trop linéaire, l'intrigue convenue et sa conclusion sans surprise. Et pourtant, on frissonne, dans ces couloirs obscurs, à entendre ses portes qui claquent et ses meubles qui bougent. Je me répète: rien d'original là-dedans mais une réalisation soignée et deux interprètes inspirées permettent de passer un bon moment. Il paraît qu'il y a un JF partagerait appartement 2. En général, je n'aime pas trop les remakes, mais je serai assez curieux de le voir... un autre jour.

lundi 19 novembre 2007

Petite guimauve berlinoise

Berlin 1944. Un soldat allemand fuit devant l'avancée des Russes, abandonnant son femme et son fils. Après quelques embrassades, il promet à la belle qu'il reviendra. Elle promet qu'elle l'attendra. Berlin 1948. Staline a décrété le blocus de la ville. Les Américains organisent un pont aérien pour la ravitailler. Et la jolie Allemande, qui n'a pas revu son mari, s'éprend du général US venu si généreusement en aide à la population civile. Quand la pomme de terre devient symbole de liberté face aux menaces soviétiques.



J'attendais beaucoup de Air lift, seul le ciel était libre. Pourquoi ? Probablement parce que c'est un film allemand. Je n'en avais jamais entendu parler avant de le repérer l'autre jour dans les rayonnages de la Fnac, à l'occasion de la sélection que j'opère chaque mois pour le journal. Que dire à présent que j'ai regardé - en deux parties presque égales - les 3 heures de cette fresque historique ? Que ce n'était pas mal, mais que ce n'était pas non plus aussi bien qu'espéré.

Quand on dit que le général américain a la voix française de Bruce Willis, on a presque tout dit. Quand on ajoute que Air lift ne dispose pas des effets spéciaux propres aux grosses productions américaines, on craint le nanar du dimanche. Mais non. Téléfilm à l'eau de rose pétri de bons sentiments ? Sans doute. Ma certitude: ce film-là ne laissera pas une trace indélébile dans l'histoire du cinéma. Assez caricaturaux, les personnes ont malgré tout quelque chose d'attachant. Peut-être parce qu'on ne peut pas accuser le réalisateur de parti-pris patriotique en faveur de ce bon vieil Oncle Sam.

vendredi 9 novembre 2007

Un conte dans les tranchées

Certains ont reproché à Joyeux Noël, film que j'ai revu hier soir, d'en faire trop. Les critiques ont parfois été violentes. J'ai du mal à le comprendre, presque même à l'accepter. Pour ma part, j'ai senti toute la sincérité d'un homme, le réalisateur Christian Carion. J'ai vu une équipe d'acteurs aussi impliquée que cosmopolite. J'ai aimé un sujet: celui d'une trêve possible au milieu de la barbarie la plus sauvage. C'est pour ça que je défends ce film.


Joyeux Noël est-il crédible ? Oui, comme il l'explique, des ennemis ont fraternisé dans l'horreur des tranchées de la guerre de 14-18. Oui, comme il le montre, des soldats allemands et français ont échangé de la nourriture, partagé jeux et moments de repos. Joyeux Noël est-il historiquement rigoureux ? Les deux armées ont-elles accepté un cessez-le-feu aussi long et des activités communes aussi diverses ? Certainement pas. Mais j'ai envie de dire qu'on s'en fout. Parce que je ne crois pas que ce film ait vocation historique.

"On peut violer l'histoire si on lui fait de beaux enfants", disait Alexandre Dumas, qui était bien placé pour le savoir. Disons donc que Christian Carion est le père de "beaux enfants". Et dépassons le contexte dans lequel il installe sa parabole pour ne retenir que le message d'amour et d'amitié qu'il délivre à tous les hommes. Tant pis si certains trouvent que c'est gnan-gnan. Moi, je trouve juste ça généreux. Et tant pis encore si certains trouvent que je suis naïf. Moi, je trouve que parfois, elle fait du bien, cette naïveté.

dimanche 4 novembre 2007

À l'Ouest, une vengeance...

La vengeance: c'est sans doute l'un des thèmes les plus fréquents du western, au moins sous sa forme hollywoodienne. Celui-ci ne fait pas exception: Nevada Smith, c'est l'histoire d'un jeune homme (Steve McQueen) dont les parents ont été assassinés par des desperados. Et voilà le héros parti sur les routes à la recherche des meurtriers, dans l'idée de tous les éliminer les uns après les autres. Ils sont nombreux à vouloir le détourner de ces projets, mais rien n'y fait: le garçon est têtu. Quant à savoir s'il parvient à ses fins, je ne vous le dirai pas. Il ne me semble pas utile de vous gâcher la surprise.



J'ai vu des quantités de westerns, américains, italiens ou autres encore, sans le savoir vraiment. C'est un genre que j'affectionne particulièrement, un peu comme une madeleine proustienne, parce qu'il me rappelle plein de bons souvenirs d'enfance. Que vaut donc celui-là ? Sûr qu'il est bien dans la tradition de l'homme seul qui se donne une mission à accomplir et qui se révèle justement dans l'accomplissement. Chose plutôt étonnante: la quête est un peu désespérée et la rédemption y emprunte des chemins de traverse. D'autres westerns ont des héros moins ambigus.

Le tout reste relativement classique. Peu de surprises et un suspense tout relatif. J'ai passé un bon moment à le regarder, même s'il ne révolutionne pas le genre. Disons donc que c'est de la belle ouvrage pour les amateurs du genre. Pour les autres, je suppose également que ça se laisse regarder sans déplaisir.

samedi 3 novembre 2007

L'hymne à la flemme

Alexandre est paysan. Il travaille d'autant plus dur que sa femme ne lui laisse pas un instant de répit. Le jour où la mégère pas trop apprivoisée a un accident de la route, le brave homme revit à son rythme, c'est-à-dire retrouve le plaisir de ne plus rien faire de spécial. Attitude quasi-révolutionnaire pour tous les tâcherons qui l'entourent. Qui jalousent ses richesses inexploitées. Et qui, même s'ils ne le disent pas tous, rêveraient sûrement de s'offrir eux aussi le plaisir d'une sieste ou deux.



On ne s'étonnera guère qu'Alexandre le Bienheureux ait déjà 40 ans. Une autre époque, une autre France, sous la caméra d'Yves Robert. Des dialogues savoureux et un hymne à la paresse matinée de contemplation. Le casting fait merveille autour d'un Philippe Noiret en chemise de nuit. Marlène Jobert est une délicieuse arriviste, Jean Carmet un goguenard voisin et le désormais trop rare Pierre Richard un très drôle converti à la flemme. Et je ne vous ai même pas parlé du petit chien qui accompagne le héros lors de ses très calmes aventures. Un sacré numéro, celui-là.

Il devait faire bon, dans les années 60, sortir d'un cinéma après avoir vu ce film-là. Il fait bon, aujourd'hui, le revoir sur support numérique. Bien sûr, ça a un peu vieilli. Mais le message passe encore et le rire a traversé les générations. Une heure trente très réjouissante, comme on n'en fait plus guère aujourd'hui, mais qui passe vite pour peu qu'on se laisse bercer par l'évident plaisir que prennent les acteurs à jouer une certaine idée de la douceur de vivre.

samedi 27 octobre 2007

La métamorphose de Marina

Je l'ai vu présenté comme une comédie romantique à venir. Maldonne. J'ai entendu parler de Darling tout à l'heure, en découvrant l'émission "Extérieur Jour", sur Canal. L'interview de Marina Foïs promettait plutôt un drame. Rien de comique. Rien de romantique non plus. L'histoire d'une femme battue et solitaire. Je suis resté scotché devant mon écran et les propos de l'actrice, connue dans un registre totalement opposé. J'ai été touché par sa pudeur dans la manière dont elle parlait de cette femme, qui existe vraiment. Sans cacher leurs différences. "Moi, je n'ai jamais été malheureuse".


Du coup, j'ai envie d'aller voir ce film. Tant pis si je ne rigole pas. Tant pis si je ne m'évade pas. Tant pis en somme si j'en prends plein la gueule et que l'espoir final reste ténu. C'est aussi pour éprouver des choses fortes, même si elles sont tristes, que j'aime le cinéma. Et là, il y a encore quelque chose qui me dit qu'il faut aller voir ce film, quelque chose ou plutôt quelqu'un: Marina Foïs, donc. J'aime énormément les contre-emplois, les acteurs qui vont puiser au bout d'eux-mêmes la capacité de créer autre chose que ce qui fait leurs habitudes. Vous avez peut-être également reconnu Guillaume Canet sur la photo. Lui aussi, en mari violent, pourrait avoir un rôle intéressant. Je tâcherai d'aller voir.

Si vous avez vous aussi quelques exemples de films avec des acteurs brillants à contre-emploi, je suis preneur.

dimanche 21 octobre 2007

Transporté... pas loin !

Je vais être franc: je n'avais pas l'intention de regarder ça ce soir. J'avais mis de côté un tout autre film qui fera l'objet d'une chronique prochainement. Je me suis avachi dans mon canapé, j'ai vu quelques images de Nice dans le film qui commençait, alors j'ai regardé. En fait, j'aime tout simplement retrouver des coins que je connais bien dans les films. Et guetter les incohérences, les fautes de raccord, les petits et grands arrangements cinématographiques. Pour parler de films comparables, j'en ai vu plein dans Ronin ou encore Opération Espadon.



Que vaut Le transporteur à mes yeux ? A peine plus que les deux métrages précités. Voilà bien un pop corn movie aux couleurs américaines, aux acteurs presque tous américains, mais finalement français. L'histoire: celle d'un mec qui est chargé de transporter des colis sans s'interroger sur leur contenu. Sauf que voilà, le dernier en date est un sac qui bouge et qui héberge une jolie petite asiatique. On t'avait pourtant dit de ne pas l'ouvrir, Franck. Tu violes la règle numéro 1 que tu as toi-même édictée. Du coup, il ne t'arrive que des emmerdes, viens pas dire que tu l'as pas cherché...

De ce pitch banalissime, on peut à la rigueur tirer un film distrayant. C'est le cas ici, à condition de ne pas être trop gourmand ou amateur de vrai cinéma. Le transporteur, c'est musclé, chorégraphié et rythmé. Mais aussi très franchement dispensable: des films comme ça, il s'en produit treize à la douzaine tous les mois. Détail amusant: un second rôle pour François Berléand, aux côtés d'un Jason Statham tout en muscles. Le plus drôle, c'est qu'il est presque crédible dans son rôle de flic franchouillard un peu dépassé, notre bon Frenchie. Mais j'insiste: on peut se passer de le vérifier.

dimanche 14 octobre 2007

Poisson palmé

Commençons aujourd'hui par décrypter le jeu de mot facile de mon titre. Récompensé de la Palme d'or du festival de Cannes en 1983 pour La ballade de Narayama, Shôhei Imamura fait coup double en 1997 avec L'anguille. Décédé l'année dernière, il est toujours le seul réalisateur japonais à avoir réussi ce doublé palmé. Je dirais pour être complet sur les consécrations cinématographiques qu'en 1997, la Palme fut attribuée à deux réalisateurs ex-aequo. Mais c'est une autre histoire, que j'aurai loisir de vous raconter tôt ou tard. Restons-en pour le moment au film que j'ai regardé cet après-midi.



L'anguille, donc. Ce n'est pas tant le prix qu'il a reçu qui m'a attiré vers ce film. J'avais envie de tourner mon regard vers une autre culture. C'est bien l'aspect japonais des choses qui a emporté ma décision sur ce long métrage pour accompagner mon dimanche. L'histoire elle-même est fort simple: Yamashita surprend sa femme en train de le tromper, la poignarde, se constitue prisonnier et file tout droit en prison. Il en ressort huit ans plus tard, avec une anguille adoptive (!) et bien déterminé à reprendre un salon de coiffure miteux. Lesté de son passé, il ne s'imagine pas d'avenir.

C'est quand apparaît une autre femme, Keiko, que le destin de Yamashita bascule. Tombe-t-il amoureux d'elle ? Se prend-elle d'affection pour lui ? C'est ça et c'est plus subtil à la fois. Car les deux protagonistes se découvrent lentement, en fait presque malgré eux. Comme des anguilles, ils ne se laissent pas facilement attraper. Remontant le courant de leur vie, ils doivent faire beaucoup d'efforts pour s'aimer. Voilé de pudeur, leur espoir nous permet d'y croire.

dimanche 7 octobre 2007

Une belle et une bête

C'est parfois risqué, mais j'aime pouvoir regarder un film sans savoir grand-chose de son intrigue. C'est ce que j'ai fait cet après-midi avec Fur, de Steven Shainberg. Ayant à écrire des chroniques DVD dans mon journal, je peux ainsi en emprunter périodiquement quelques-uns à la Fnac et c'est dans ce cadre "professionnel" que j'ai découvert ce long métrage surprenant. Pour être honnête jusqu'au bout, c'est surtout Nicole Kidman - une de mes actrices préférées - qui m'a donné envie d'en savoir plus.


Je ne le regrette pas: voilà un très beau film, loin des machines hollywoodiennes qui déboulent régulièrement sur les écrans de France et d'ailleurs. L'histoire de Diane, femme assistante de son mari photographe, un peu solitaire pourtant et finalement très troublée par la personnalité de son voisin. Un voisin qui l'intrigue, d'abord, lui fait peur ensuite et l'envoûte petit à petit. Le fait est que l'intéressé, Lionel, n'est pas un homme comme les autres, puisqu'il a le corps recouvert de poils. Mais une fois de plus, la bête subgjugue la belle.

Vieux comme le monde, cet argument scénaristique ? Peut-être. Nicole Kidman n'en est pas moins parfaite dans ce rôle ambigu, de quoi confirmer tout le bien que je pense d'elle. A ses côtés, deux acteurs que je découvre: Ty Burrell, fort juste dans son rôle de mari trompé, et un épatant Robert Downey Jr, monstrueux mais irrésistible amant. Je pourrais en dire un peu plus, donner quelques détails sur l'histoire, mais je trouve en fait que j'en ai déjà trop dit. Et j'aime autant vous laisser quelques surprises. Une oeuvre très librement inspirée du personnage réel de Diane Arbus, que je vous conseillerai donc de découvrir avec votre propre sensibilité.