samedi 15 novembre 2025

Au nom du frère

À 44 ans, on pourrait croire qu'il n'avait plus grand-chose à apprendre. Pourtant, à la toute fin du générique, on découvre qu'il dédie son film à son frère aîné August, "mon premier et meilleur professeur" (sic). Comme quoi ! Malgré deux Palmes d'or, trois Oscars et plusieurs prix internationaux, Francis Ford Coppola n'a rien effacé de ses origines...

Certains exégètes affirment que Rusty James, adaptation d'un roman pour ados, est aussi issu de ses souvenirs. Ma seule vraie certitude est qu'en cette année 1983, le maître en est à son deuxième film consacré aux bandes rivales de Tulsa, la capitale de l'Oklahoma. Quelques mois seulement après le précédent, ce nouvel opus étonne néanmoins parce qu'il est presque totalement tourné en noir et blanc. Ce n'est toutefois pas qu'un exercice de style. On s'attache très vite au personnage principal, Rusty, un jeune qui a abandonné ses études et, à l'image de son frère avant lui, se rêve comme un chef de gang. Un beau soir, il apprend qu'un autre petit caïd veut lui faire la peau. Résultat: il rameute ses copains en vue d'un règlement de comptes définitif, sous forme de bagarre générale, et ce au mépris du danger. Heureusement pour lui, alors qu'il est gravement blessé, son frangin jadis disparu sur sa moto revient soudain en ville et lui sauve la vie ! L'occasion de renouer les liens familiaux ? Je vous laisse le découvrir. Échec au box-office, le film est je crois mieux apprécié aujourd'hui...

En son temps, il reçut tout de même un assez bon accueil critique. Après quoi, il obtint deux prix au Festival de Saint-Sébastien 1984. Vous vous intéressez aux acteurs ? Il y aura là de quoi vous satisfaire. Il faut dire que notre ami Coppola a fait confiance à une ribambelle d'interprètes de talent: têtes d'affiche, Matt Dillon et Mickey Rourke côtoient ainsi Nicolas Cage, Diane Lane ou encore Dennis Hopper. Larry Fishburne, Tom Waits et Chris Penn ont chacun un petit rôle. Côté technique, j'ai littéralement été ébahi par la direction artistique de Dean Tavoularis et la superbe photographie de Stephen H. Burum. La baston du début, admirablement chorégraphiée, m'a impressionné. La bande-son du film est tout aussi remarquable, avec une musique de Stewart Copeland (la première au cinéma du batteur de Police). Décidément, le cinéma US des années 80 est d'une grande richesse. Ce n'est plus un scoop, certes, mais j'apprécie toutes les opportunités que je peux avoir de le vérifier - disons, un peu plus "tardivement". J'espère donc que j'en aurais donné l'envie à certain(e)s d'entre vous !

Rusty James
Film américain de Francis Ford Coppola (1983)

Il n'est assurément pas trop tard pour découvrir ce petit bijou noir ! Moins clinquant que Le parrain et financièrement moins gourmand qu'Apocalyse now, il est l'un des films plus modestes de son auteur comme L'idéaliste (sorti, quant à lui, en 1997). Ses bandes rivales peuvent rappeler celles de West Side story et de Shotgun stories. Soyez prudents: souvent, ces histoires-là se terminent dans le sang...

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Un petit complément ?

Je n'ai malheureusement pas trouvé de chronique sur mes blogs-amis. Cela dit, Ideyvonne avait rendu un bel hommage... à Dean Tavoularis.

1 commentaire:

Pascale a dit…

Je me souviens avoir aimé à sa sortie mais il faudrait que je me rafraîchisse la mémoire.
Ce casting était dingue quand on y pense.