Je vous assure que ce n'est pas une blague: un jour, un type ordinaire a appelé la rédaction d'un canard que je connais bien pour demander que les journalistes cessent de citer le nom d'une personne suspectée de meurtre. Le pauvre homme avait la malchance de porter le même et subissait un harcèlement téléphonique constant. À devenir dingue !
La folie épargne encore le personnage d'Alain Delon dans Mr. Klein quand, sur le perron de son appartement, il découvre qu'un journal auquel il n'est pas abonné lui a pourtant été livré. En cette matinée sans éclat de janvier 1942, c'est avec surprise qu'il constate en outre que le nom et l'adresse sur l'enveloppe sont identiques aux siens. Robert Klein, 136 rue du Bac, Paris septième, ne veut pas d'ennuis. Dès lors, sans plus attendre, il se doit d'alerter les services de police sur la possible usurpation de son identité. Et, de son côté, il se lance dans une double quête pour retrouver l'homonyme et ne plus passer pour ce Juif qu'il n'est pas. Une idée assez funeste lorsque l'on sait que, par ailleurs, il ne respecte qu'imparfaitement les lois en vigueur. Du pain béni pour le spectateur ! Un moteur de suspense impeccable ! Parce que celui que la caméra suit pas à pas dans son obstination fatale n'est pas sympathique, le film évolue sur une ligne de crête entre fascination et répulsion envers le personnage principal. Glups...
Tout est à l'avenant: Paris, par exemple, a l'air d'un environnement incertain, voire hostile. Et les autres protagonistes de cette histoire le traversent comme des spectres, déjà morts ou en passe de l'être. On se raccrochera - comme on peut - à la présence de quelques stars parmi les plus illustres de l'époque: Jeanne Moreau, Michael Lonsdale ou Jean Bouise. On croisera aussi Suzanne Flon... et Gérard Jugnot. Des visages familiers, mais pas de quoi s'offrir un cadre confortable. Vous me direz: compte tenu de la période présentée, c'est logique. Mr. Klein n'est en fait pas toujours aussi réaliste que vous pourriez l'anticiper, mais c'est un film qui n'épargne personne, ni les bourgeois français confits dans leur aveuglement coupable, ni les opportunistes centrés sur les combines (qui sont souvent les plus cyniques de tous). Avec, pour les filmer, un réalisateur qui s'était investi auprès du Parti communiste et avait pour cela dû quitter les États-Unis de McCarthy. J'imagine qu'il y a sans doute leçon à retenir pour les temps présents !
Mr. Klein
Film français de Joseph Losey (1976)
Des César pour Losey et pour son chef décorateur Alexandre Trauner. Leur long-métrage pointe les facettes obscures de la France d'alors. Tout à sa noirceur, il pourrait être le pendant d'un film de résistance comme L'armée des ombres (sorti en salles, lui, sept ans plus tôt). L'atmosphère, glauque, m'a également rappelé un film bien différent sur le fond: Le locataire, l'opus 100% paranoïaque de Roman Polanski.
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La folie épargne encore le personnage d'Alain Delon dans Mr. Klein quand, sur le perron de son appartement, il découvre qu'un journal auquel il n'est pas abonné lui a pourtant été livré. En cette matinée sans éclat de janvier 1942, c'est avec surprise qu'il constate en outre que le nom et l'adresse sur l'enveloppe sont identiques aux siens. Robert Klein, 136 rue du Bac, Paris septième, ne veut pas d'ennuis. Dès lors, sans plus attendre, il se doit d'alerter les services de police sur la possible usurpation de son identité. Et, de son côté, il se lance dans une double quête pour retrouver l'homonyme et ne plus passer pour ce Juif qu'il n'est pas. Une idée assez funeste lorsque l'on sait que, par ailleurs, il ne respecte qu'imparfaitement les lois en vigueur. Du pain béni pour le spectateur ! Un moteur de suspense impeccable ! Parce que celui que la caméra suit pas à pas dans son obstination fatale n'est pas sympathique, le film évolue sur une ligne de crête entre fascination et répulsion envers le personnage principal. Glups...
Tout est à l'avenant: Paris, par exemple, a l'air d'un environnement incertain, voire hostile. Et les autres protagonistes de cette histoire le traversent comme des spectres, déjà morts ou en passe de l'être. On se raccrochera - comme on peut - à la présence de quelques stars parmi les plus illustres de l'époque: Jeanne Moreau, Michael Lonsdale ou Jean Bouise. On croisera aussi Suzanne Flon... et Gérard Jugnot. Des visages familiers, mais pas de quoi s'offrir un cadre confortable. Vous me direz: compte tenu de la période présentée, c'est logique. Mr. Klein n'est en fait pas toujours aussi réaliste que vous pourriez l'anticiper, mais c'est un film qui n'épargne personne, ni les bourgeois français confits dans leur aveuglement coupable, ni les opportunistes centrés sur les combines (qui sont souvent les plus cyniques de tous). Avec, pour les filmer, un réalisateur qui s'était investi auprès du Parti communiste et avait pour cela dû quitter les États-Unis de McCarthy. J'imagine qu'il y a sans doute leçon à retenir pour les temps présents !
Mr. Klein
Film français de Joseph Losey (1976)
Des César pour Losey et pour son chef décorateur Alexandre Trauner. Leur long-métrage pointe les facettes obscures de la France d'alors. Tout à sa noirceur, il pourrait être le pendant d'un film de résistance comme L'armée des ombres (sorti en salles, lui, sept ans plus tôt). L'atmosphère, glauque, m'a également rappelé un film bien différent sur le fond: Le locataire, l'opus 100% paranoïaque de Roman Polanski.
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Le film semble conserver une bonne cote auprès des cinéphiles...
"L'oeil sur l'écran" s'en est fait l'écho, tout comme Sentinelle et Strum. C'est même le dernier nommé qui a réveillé mon envie de voir le film.
"L'oeil sur l'écran" s'en est fait l'écho, tout comme Sentinelle et Strum. C'est même le dernier nommé qui a réveillé mon envie de voir le film.
4 commentaires:
Seulement trois étoiles et demi pour ce que je considère comme un chef-d'oeuvre que j'ai vu un certain nombre de fois.
Alain Delon y est exceptionnel. Le voir perdre peu à peu de sa superbe et sombrer progressivement dans la folie est un "spectacle" inoubliable.
Sans parler de cette ultime scène...
Il avait beaucoup souffert à l'époque que le public boude le film dans lequel il s'était tant impliqué.
Je ne sais si tu connais les Affaires sensibles de Fabrice Drouelle sur France inter. Je te recommande celle intitulée : Les films maudits : Monsieur Klein, la blessure d'Alain Delon. Je la trouve extraordinaire.
C'est vrai que j'aurais pu arrondir à quatre étoiles. Ce côté très froid (logique) m'a un peu dérouté.
Je vais suivre ton conseil et écouter ce qu'en dit Fabrice Drouelle. J'aime bien ces émissions radio.
D'ailleurs, j'en avais écouté une autre intéressante, consacrée au "Corbeau" de ce bon vieux H.-G. Clouzot !
Super. Je la trouve géniale cette émission.
Je les écoute pratiquement toutes et absolument toutes celles qui concernent le cinéma. Donc je connais celle sur Clouzot.
En ce moment j'écoute le Podcast en 9 épisodes de Laurent Delmas, Delon par Delon et c'est PASSIONNANT. Extraits de films et d'interviews : une mine.
C'est une très bonne émission, en effet, et la voix de Drouelle sur la musique du générique... le must !
Pas forcément envie d'écouter (tout de suite) neuf émissions sur Delon, mais je retiens l'idée, des fois que...
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