samedi 27 avril 2024

Un été

Ils se tiennent par la main et ont le sourire: face à ces photos prises dans la forêt amazonienne, des internautes ont cru bon d'affirmer qu'Emmanuel Macron et le président brésilien Lula s'étaient mariés ! Dans son démenti officiel, notre très cher Manu a parlé d'un amour réciproque entre les deux nations. Ce qui m'aura éloigné du cinéma...

J'y reviens pour vous parler du premier long-métrage d'un duo originaire de Recife, la capitale du Pernambouc, un État du nord-est du Brésil. J'ai eu la joie de découvrir Sans Coeur avec quelques jours d'avance sur sa sortie française, en festival. Ses jeunes personnages s'amusent en bande au cours de ce qui est le dernier été de Tamara, l'une des filles, avant les débuts de ses études à Brasilia, la capitale. Parmi ces adolescents, il y a aussi Duda. Le groupe se moque d'elle tout en la tenant à l'écart, sans raison autre qu'une vague réputation liée à la cicatrice qui traverse sa poitrine. Dans un environnement paradisiaque, cette méchanceté gratuite paraît tout à fait déplacée. C'est néanmoins le point de départ réaliste d'un récit que les cinéastes ancrent dans le proche passé de leur pays: les faits, d'inspiration autobiographique, sont censés se dérouler au cours de l'année 1996. Pas besoin de connaître l'histoire du Brésil pour bien suivre, cela dit...

Le mieux est je crois de se laisser emporter par les images et le son. Quelques scènes oniriques avec une baleine et d'autres animaux marins nous invitent à ressentir les choses avant de les comprendre. Finalement, entre le rêve à la réalité, il n'y a qu'un pas que le film propose de franchir collectivement, quitte à s'écarter du groupe initial. Hum... suis-je clair ? Ce n'est pas certain ! Je vous conseille de retenir une idée simple: Sans Coeur s'appuie sur des symboles pour développer son propos, mais demeure par ailleurs très proche d'une certaine vérité de la vie au Brésil - celle des inégalités sociales et des clivages raciaux. On se retrouve à l'opposé de la carte postale habituellement promue autour du foot, des longues plages de sable fin et du Christ de Corcovado. C'est dur, certes, mais jamais plombant. Sachez-le: sans nous ménager, le scénario parvient à un joli point d'équilibre entre drame et message d'espoir adressé aux générations actuelles. Et les derniers plans, eux, nous laissent face à la possibilité de bâtir une fin heureuse. Car les temps peuvent changer, toujours...

Sans Coeur
Film brésilien de Nara Normande et Tião (2023)

Je n'avais jamais entendu parler de cette femme et de cet homme avant d'apprécier cet opus qui est donc aussi leur tout premier long. Parmi leurs producteurs, j'ai retrouvé Kleber Mendonça Filho - l'auteur de bonnes références (Les bruits de Recife, Aquarius et Bacurau). Autant le dire: j'ai encore beaucoup à apprendre du cinéma brésilien. Je n'ai vu que dix films originaires de ce pays. Affaire à suivre, donc !

6 commentaires:

Jourdan a dit…

Je le note,je ne sais pas si j’aurais le cœur ravagé mais le sujet de la différence de classes est intéressant dans ce pays.
Et j’ai bien ri en lisant le début de votre chronique😁

Martin a dit…

Tant mieux si ce début de chronique insolite vous plaît ! Je crains d'être lourd...
Je serais très curieux de votre point de vue si vous arrivez à voir le film. Je vous le souhaite !

Pascale a dit…

Étrange en effet, cette évocation de Manu. ;-)
Jamais entendu parler de ce film.

Martin a dit…

Le film n'est pas sorti dans tes salles ? Chez moi, après sa projection festivalière, il est revenu à l'affiche à la date de sa sortie française: le 10 avril. Mais il n'y est plus, désormais.

Pascale a dit…

Non, pas vu passer.
Les nouvelles gérantes de mon cinéma font beaucoup de tri et ça m'agace bien.
De quel festival parles tu ?

Martin a dit…

Du Festival Ojoloco :
https://www.ojoloco-grenoble.com/