dimanche 15 décembre 2019

Main baladeuse

Si je vous dis La Chose, dans la famille Addams, ça vous parle ? Sortie d'un laboratoire, l'une des protagonistes de mon film du jour est une autre main, habituée à se promener seule, sans bras ou être humain pour la guider. J'ai perdu mon corps: voilà un titre explicite. Ce film d'animation est le grand vainqueur du Festival d'Annecy 2019 !

Également récompensé à Los Angeles et Cannes, il raconte l'histoire d'un livreur de pizza d'origine marocaine, Naoufel, tombé amoureux d'une fille aussitôt après... avoir entendu sa voix à l'interphone. Parfaitement déterminé à devenir pianiste de concert ET astronaute quand il était petit, le jeune homme ne veut surtout pas renoncer aussi à son nouveau rêve: retrouver cette Gabrielle qui n'a pas voulu de sa Napolitaine (avec supplément oignons) apportée en retard. Comme je le signalais en introduction, le film s'intéresse également au devenir d'une main, ce qui lui donne un petit côté fantastique. Certaines choses seront expliquées au cours du récit, d'autres non. Adaptation du roman Happy hand de Guillaume Laurant, ce dessin animé peut dérouter et s'adresse plutôt, a priori, à un public adulte...

Tout dépendra de savoir si vous êtes sensibles à son charme (ou pas). Dans le vaste paysage de l'animation française, J'ai perdu mon corps m'est apparu comme une oeuvre atypique. Sa singularité le rend intéressant à suivre, mais peut-être un peu complexe, a fortiori quand, une fois familiarisé avec cet univers proche du nôtre, on finit par admettre que certains mystères subsisteront jusqu'au bout. Immergé dans la très planante bande originale, j'ai dès lors accepté de ne pas tout comprendre et de me laisser porter, tout simplement. Quelque part, je me dis que l'auteur et le réalisateur ont voulu laisser au spectateur l'opportunité de "boucher les trous" avec son imaginaire propre: c'est bien ainsi. Je ne prédis pas un triomphe au box-office pour ce genre d'objet de cinéma, mais que cela existe me fait plaisir !

J'ai perdu mon corps
Film français de Jérémy Clapin (2019)
Ce premier long d'un jeune réalisateur - 45 ans - semble prometteur pour la suite d'une carrière désormais lancée. Je n'avais plus vu d'animé aussi novateur (et mature) depuis le futuriste Amer béton. J'ai encore tellement à découvrir, dans ce seul registre de cinéma ! Apprécié en salles, c'est par Netflix que ce film va partir à la conquête du marché mondial. Il n'y aura plus qu'à lui souhaiter un grand succès !

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Si vous souhaitez aller plus loin avec le film...
Vous en trouverez une autre chronique (dithyrambique) chez Pascale. Dasola en a parlé aussi, mais elle me paraît un peu moins convaincue.

4 commentaires:

dasola a dit…

Bonjour Martin, oui, pas mal mais j'ai ressenti un certain malaise et la fin m'a laissée sur ma faim. Bon dimanche.

Martin a dit…

Je peux parfaitement comprendre tes deux réserves. Le film a les défauts de ses qualités.

Pascale a dit…

Ah que vous êtes tièdes !!!
J'ai trouvé ce film exceptionnel et bouleversant.
Et certaines scènes sont magiques comme celle de la rencontre par interphone.

Martin a dit…

Pas faux. Cela dit, je suis d'accord avec toi pour dire que la scène de l'interphone est exceptionnelle !