jeudi 2 août 2018

Petite fille afghane

Je ne sais plus vraiment pourquoi, mais j'avais renoncé à mon envie d'aller voir Parvana - Une enfance en Afghanistan. C'est ma maman qui l'a réveillée quand, au cours d'une visite chez moi, elle a proposé de retenir ce choix pour nous offrir une séance de cinéma dominicale. Je lui en sais gré: ce très beau film d'animation valait bien le détour !

Adapté d'un roman de l'auteure canadienne Deborah Ellis, ce dessin animé s'articule autour d'une petite fille de Kaboul, en 2001. La ville est alors sous la coupe des Talibans, ces islamistes si extrémistes qu'ils imposent à tous un régime basé sur l'arbitraire le plus aveugle et dénient aux femmes la quasi-totalité des droits fondamentaux. Parce que son père, pourtant handicapé, a été arrêté par une milice et jeté en prison, la gamine se retrouve presque condamnée à mort. Comme sa mère et sa soeur, elle n'a même pas l'autorisation de sortir de sa maison pour simplement acheter de quoi nourrir les siens ! Cette destinée est sans doute encore celle de milliers de femmes afghanes aujourd'hui... et je ne vous parle même pas de la condition féminine dans d'autres régions du monde. Il est en fait "confortable" de prendre une leçon d'histoire et réfléchir à ce sujet face à un écran de cinéma. N'empêche: Parvana... n'a rien d'un produit édulcoré. C'est même, tout au contraire, un film puissant sur une situation dramatique. Et un récit qui préserve la dignité de ses protagonistes...

Je tiens à ne pas trahir de secret, mais je veux quand même signaler qu'en fait, le long-métrage est presque composé de deux oeuvres distinctes. En plus de suivre les pas de l'enfant, nous allons découvrir avec elle la tradition orale de son pays: un conte est en effet imbriqué dans le fil narratif principal et, à l'image, présenté sous une forme quelque peu différente. À première vue parallèles, les deux trames paraissent vite pouvoir se rapprocher ou même se rejoindre. Conséquence logique de cet état de fait: l'émotion est démultipliée. Désolé si je me répète: Parvana... est vraiment un très beau film. Faut-il le montrer aux enfants ? Je ne sais pas vraiment répondre. D'après ce que j'ai lu, les premiers mômes qui ont pu le découvrir n'étaient pas tristes après la projection, ayant en fait accueilli le récit en toute innocence - contrairement aux adultes, finalement "plombés" par leur connaissance du sujet ainsi exposé. Que ces considérations ne vous privent surtout pas de l'opportunité d'une sortie en famille ! Après coup, il sera toujours temps de repenser à la réalité des faits...

Parvana - Une enfance en Afghanistan
Film irlandais de Nora Twomey (2017)

Ma maman, mon papa venu aussi, moi... nous avons tous apprécié. Je donne au film la nationalité de sa réalisatrice, mais il a également des producteurs canadiens et luxembourgeois. Vous dire maintenant que son scénario est très proche de celui d'Osama, le seul film afghan évoqué sur ce blog. Dans la même veine, je vous conseille Mustang ou, plus optimiste, Wadjda. Vos suggestions sont ici les bienvenues !

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Un petit mot sur l'auteure du livre...
Deborah Ellis a en fait déjà écrit quatre romans autour de Parvana ! Elle fait partie des soutiens de Women for women, une association qui contribue notamment à l'éducation des femmes et jeunes filles afghanes réfugiées au Pakistan. Son site: www.womenforwomen.org.

Maintenant, si vous cherchez à lire d'autres avis...

Je suis sûr que ceux de Pascale et Dasola pourraient vous intéresser.

8 commentaires:

Pascale a dit…

Oui c'est un beau film puissant.
Je ne le montrerai pas pour l'instant à ma Poupée. Elle est trop impressionnable et comprend ce qu'est l'oppression.

Je t'encourage à voir Le Cahier (Le Buddha s'écroule de honte) de Samira Makhmalbaf (pas sûre de l'orthographe). Ça fait 10 ans que j'ai le DVD je n'arrive pas à le regarder à nouveau.

Martin a dit…

Elle a quel âge, ta poupée ? Effectivement, ce n'est pas plus mal d'attendre un peu.

Merci pour ton intéressante recommandation.
Vérification faite, tu as bien orthographié le nom de famille de la réalisatrice… mais son prénom est Hana.

Pascale a dit…

9 ans et 3 mois... déjà !

J'en reviens pas pour l'orthographe. En général, je ne sais où placer les H dans les mots.
Et oui, Samira, c'est la sœur.
J'espère que tu verras ce film aussi puissant et bouleversant que Parvana. Même plus. Rien que voir Baktay avec ses petits bras levés et son cahier (cette scène est un crève-coeur), je me dis que je ne pourrais pas revoir ce film. Il faudrait que je me fasse violence... Pourtant j'en ai vu et j'en vois des horreurs au cinéma. Mais ce film là je peux pas.
Régulièrement depuis 10 ans, je me demande ce qu'est devenue Nikbakht Noruz, la merveilleuse petite fille aux joues cramées par le soleil. Elle avait 6 ans à l'époque.
https://i.ytimg.com/vi/-eWLjzhLy6s/hqdefault.jpg

Pascale a dit…

J'avais un peu fait le forcing à l'époque et je l'avais déclaré MON film de l'année.
http://www.surlarouteducinema.com/archive/2008/02/29/en-attendant.html
En revoyant tout ça, je suis encore bouleversée.

Martin a dit…

@Pascale qui remonte le temps:

Tu me donnes envie de voir ce film, en tout cas. Je me souviens bien de la destructions des Bouddhas.
J'ai vu en te répondant que la réalisatrice n'avait pas 20 ans au moment de la sortie en salles !

Martin a dit…

@Pascale qui persiste et signe:

Dis donc, j'ai vraiment bien fait d'aller voir "Parvana", moi, si ça te rappelle tous ces souvenirs !
En 2008, mon blog était tout jeune… et je ne faisais pas encore de classement de mes films de l'année.

dasola a dit…

Bonjour Martin, merci pour le lien. Concernant Le cahier que j'ai aussi vu, je n'ai pas pensé à faire la comparaison avec Parvana. Ils sont assez différents tant l'histoire que le ton. Les deux films sont à voir et je pense que si j'avais un enfant, je l'emmènerai voir Parvana qui est visuellement superbe. Bonnes vacances.

Martin a dit…

Merci pour ce complément d'information sur "Le cahier", Dasola.

C'est vrai qu'un enfant peut aussi être ébloui par la force visuelle de "Parvana".
Peut-être faut-il le voir pour cela d'abord, avant de se pencher sur le fond un peu plus tard.