9 doigts est-il vraiment "un de ces objets inclassables qui traversent de temps en temps la nébuleuse du cinéma" ? On peut le dire ainsi. Rendons à César: cette belle définition est l'oeuvre de la présidente de mon asso cinéma, qui a choisi de diffuser ce film dernièrement. C'est vrai: il y avait de quoi être surpris. J'essaye de vous expliquer...
D'un noir et blanc superbe, le long-métrage ne déroute pas d'emblée. Ses toutes premières scènes pourraient même être celles d'un thriller ordinaire: on y voit un homme, la nuit, fuir devant l'avancée rapide d'une voiture dont les occupants, semble-t-il, lui veulent des ennuis. Finalement rattrapé et visiblement menacé, notre ami est emmené de force dans une villa isolée, squattée par un gang de cambrioleurs. Ensuite, le prisonnier... intègre la bande (!) et, sur une demande expresse du chef des malfrats associés, reste avec les deux femmes du groupe lorsque ses ex-geôliers passent de nouveau à l'action. L'affaire tournant au fiasco, toute la troupe est donc obligée de lever le camp et embarque sur un cargo, juste le temps de se faire oublier. Humblement, je vous prie de m'excuser si vous repérez des erreurs dans ce pitch: en fait, 9 doigts devient assez vite incompréhensible. Volonté délibérée de noyer le poisson ? Exercice de style particulier auquel je n'ai été que peu sensible ? Ou les deux, mon capitaine ? Navré, bande de petits curieux: je n'ai pas du tout envie de trancher !
Ce que je peux vous dire, c'est que, malgré ses évidentes qualités d'originalité, ce film atypique a eu du mal à me plaire totalement. C'est un peu, au fond, comme s'il était une longue installation vidéo destinée à être exposée dans un grand musée d'art contemporain. Formellement, pas de doute: il y a une vraie recherche esthétique. Cinéaste mais aussi romancier, poète et musicien punk, le réalisateur m'apparaît bien légitime à composer ce méli-mélo visuel et sonore. Qu'est-ce qui coince, alors ? Moi et ma rationalité bornée, sûrement. J'ai quand même besoin de comprendre un minimum ce que je vois. Sans même raisonner en fonction du plaisir, ressentir "quelque chose" ne me suffit pas... ou pas toujours. Une précision: ce n'est pas grave. 9 doigts pourrait même séduire ou ébahir certain(e)s d'entre vous que je ne m'en porterais pas plus mal. Au contraire ! Le septième art n'est pas pensé et conçu pour faire toujours l'unanimité, pas vrai ? Même quand il ne me convainc pas, je tiens à défendre ce cinéma alternatif, fauché par nature, mais sincère et innovant. C'est déjà ça.
9 doigts
Film français de François-Jacques Ossang (2018)
Il n'y a pratiquement qu'avec mon association que je vois des films bizarroïdes comme celui-là ! J'aimerais enfin, un jour, me replonger dans la filmographie de David Lynch, ne serait-ce que pour connaître quelques références supplémentaires. D'ici là, vous dire simplement que l'OVNI du jour m'a aussi refait penser à La chambre interdite. Esprits cartésiens, méfiance: vous voguez vers une terre improbable !
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Un mot encore pour être (un peu) plus clair...
Le titre de ma chronique correspond au nom d'un livre d'alchimie publié au 17ème siècle. Si j'ai bien suivi et entendu, c'est aussi celui d'un traitement prescrit dans le film par un docteur un peu étrange. Diantre ! Il est à craindre que des effets hallucinogènes en découlent !
D'un noir et blanc superbe, le long-métrage ne déroute pas d'emblée. Ses toutes premières scènes pourraient même être celles d'un thriller ordinaire: on y voit un homme, la nuit, fuir devant l'avancée rapide d'une voiture dont les occupants, semble-t-il, lui veulent des ennuis. Finalement rattrapé et visiblement menacé, notre ami est emmené de force dans une villa isolée, squattée par un gang de cambrioleurs. Ensuite, le prisonnier... intègre la bande (!) et, sur une demande expresse du chef des malfrats associés, reste avec les deux femmes du groupe lorsque ses ex-geôliers passent de nouveau à l'action. L'affaire tournant au fiasco, toute la troupe est donc obligée de lever le camp et embarque sur un cargo, juste le temps de se faire oublier. Humblement, je vous prie de m'excuser si vous repérez des erreurs dans ce pitch: en fait, 9 doigts devient assez vite incompréhensible. Volonté délibérée de noyer le poisson ? Exercice de style particulier auquel je n'ai été que peu sensible ? Ou les deux, mon capitaine ? Navré, bande de petits curieux: je n'ai pas du tout envie de trancher !
Ce que je peux vous dire, c'est que, malgré ses évidentes qualités d'originalité, ce film atypique a eu du mal à me plaire totalement. C'est un peu, au fond, comme s'il était une longue installation vidéo destinée à être exposée dans un grand musée d'art contemporain. Formellement, pas de doute: il y a une vraie recherche esthétique. Cinéaste mais aussi romancier, poète et musicien punk, le réalisateur m'apparaît bien légitime à composer ce méli-mélo visuel et sonore. Qu'est-ce qui coince, alors ? Moi et ma rationalité bornée, sûrement. J'ai quand même besoin de comprendre un minimum ce que je vois. Sans même raisonner en fonction du plaisir, ressentir "quelque chose" ne me suffit pas... ou pas toujours. Une précision: ce n'est pas grave. 9 doigts pourrait même séduire ou ébahir certain(e)s d'entre vous que je ne m'en porterais pas plus mal. Au contraire ! Le septième art n'est pas pensé et conçu pour faire toujours l'unanimité, pas vrai ? Même quand il ne me convainc pas, je tiens à défendre ce cinéma alternatif, fauché par nature, mais sincère et innovant. C'est déjà ça.
9 doigts
Film français de François-Jacques Ossang (2018)
Il n'y a pratiquement qu'avec mon association que je vois des films bizarroïdes comme celui-là ! J'aimerais enfin, un jour, me replonger dans la filmographie de David Lynch, ne serait-ce que pour connaître quelques références supplémentaires. D'ici là, vous dire simplement que l'OVNI du jour m'a aussi refait penser à La chambre interdite. Esprits cartésiens, méfiance: vous voguez vers une terre improbable !
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Un mot encore pour être (un peu) plus clair...
Le titre de ma chronique correspond au nom d'un livre d'alchimie publié au 17ème siècle. Si j'ai bien suivi et entendu, c'est aussi celui d'un traitement prescrit dans le film par un docteur un peu étrange. Diantre ! Il est à craindre que des effets hallucinogènes en découlent !
10 commentaires:
Tu n'as pas à t'excuser. On n'a pas toujours envie de se transformer en souris de laboratoire pour réalisateur torturé ou inspiré...
Ton association semble exigente, tant mieux, mais parfois si le spectateur est complètement perdu et lâché en route où est le plaisir voire l'intérêt ?
Avais tu vu Film Socialisme de Godard ? Je suis sortie en colère de la séance. On est pas des cobbayes !
Recemment je n'ai pu trancher pour Les garcons sauvages.
Le cinema expérimental n'est pas pour moi. J'ai trop besoin d'une histoire et de ressentir des émotions.
C'est vrai que mon asso est souvent exigeante. Mais là, pour moi, elle l'était trop.
Puisque nous faisons des débats après projection, je dois bien dire que le film a plu à certains.
Non, je n'ai pas vu le Godard. J'ai eu envie et puis... ça a fait pschitt.
J'ai zappé "Les garçons sauvages", aussi, et probablement pour la même raison.
Bon, après, un film comme ça, de temps en temps, ça peut ouvrir sur d'autres choses.
Le tout, je pense, est d'arriver à s'accrocher à quelque chose. Là, sur la durée, je n'ai pas réussi.
Oui je vois le genre. Il vaut mieux laisser ceux qui ont aimé débattre. En général pour ce genre d'oeuvres chiantes... euh exigeantes, ils n'arrivent à convaincre personne.
A chaque passage je dois prouver que je ne suis pas un robot... il y a au moins 4 étapes à franchir, remplir une fiche de police, répondre à des questions cons en cliquant sur des photos... c'est long et ça devient pénible de laisser un commentaire.
As tu eu dautres remarques à propos du parcours à réaliser pour laisser des commentaires ? Ou suis je la seule à bénéficier de ce traitement de faveur ?
@Pascale 1:
C'était étrange, ce débat. Une membre du bureau de l'asso a commencé par dire qu'elle n'avait pas aimé DU TOUT (ce qui est rarissime). Ensuite, d'autres membres du public ont fait état de leurs références. Pour le coup, je n'y ai pas vu beaucoup plus clair, mais il arrive que ce soit intéressant de voir ainsi le film remis en perspective.
D'une manière générale, nous sommes chanceux: il n'y a que peu de spectateurs qui viennent juste pour étaler leur science. Nos débats sont le plus souvent enrichissants et/ou spontanés.
@Pascale 2:
Désolé pour ces désagréments liés aux commentaires... et merci de ne pas te décourager.
Il m'arrive aussi d'avoir à supporter la procédure que tu décris. C'est censé éviter les spams.
A priori, ça arrive un peu plus souvent pour les gens qui, comme toi, laissent des messages rapprochés...
ok, il faudrait que je me fasse plus rare !
Ce serait dommage. Tu me manquerais.
Je m'en remets à ta patience légendaire. Ou à ton goût inextinguible pour le cinéma.
C'est gentil.
Parfois je me dis que je dois être envahissante puisque je commmente et lis Tout (ou presque...).
Envahissante, non, sûrement pas. Tu ne trolles pas: tu te passionnes.
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