Il y a des films que je vois venir de loin et dont j'attends la sortie pendant de (très) longs mois. Il y en a d'autres, peu ou pas anticipés. Night call, je l'ai découvert à l'aveuglette, sur la proposition d'un ami et sans trop savoir à quoi j'allais me frotter. En gros, Jake Gyllenhaal interprète Lou Bloom, pauvre type soudain mué en prédateur nocturne d'images choc. Les vampires de la télé aiment le chaud et le saignant.
Au petit matin, Lou vend ses "meilleurs" sujets à prix d'or et retourne zoner sur Internet pour améliorer sa technique. Une journaliste, chef d'antenne, lui fait confiance: il apprend vite et gagne facilement beaucoup d'argent. Le film repose très précisément sur ce crescendo. Les questions autour de la moralité d'une telle pratique professionnelle surgissent presque naturellement. Sans les évacuer totalement, Night call ne les impose nullement à son personnage principal, qui se montre dépourvu de scrupule. Il y a quelque chose d'étrangement fascinant à contempler l'irrésistible et fatale ascension de cette machine à scoops. Son environnement la rend très crédible. Et Jake Gyllenhaal, amaigri, livre l'une de ces performances d'acteur dont Hollywood est friande. Certains le voient déjà décrocher l'Oscar !
Cette prestation hallucinée et hallucinante mérite certes des éloges. Elle n'a pas suffi toutefois à m'emballer pleinement. Le long-métrage montre intelligemment les dérives du tout-image, mais il ne dit pas grand-chose dans ce domaine. La légitime critique des mass medias vire parfois à la complaisance, quand les sujets nous sont montrés deux fois ou quand nous sommes les témoins - évidemment passifs - des mises en scène et autres manoeuvres de cette crapule de Bloom. Vous serez alors bien aimables de vous indigner, messieurs dames ! Malgré le recrutement d'un associé, Lou raisonne toujours en solo. C'est donc sur lui que Night call braque les projecteurs, se coupant d'une étude plus poussée sur la fabrique de l'info. La photo impeccable rend la virée séduisante, mais il m'a manqué un petit je-ne-sais-quoi.
Night call
Film américain de Dan Gilroy (2014)
Attention: je n'ai pas dit que le film était mauvais. Je trouve juste qu'il ne va pas au bout de ses intentions. Je dois admettre également qu'il a su me surprendre sur la fin, alors même que je le trouvais quelque peu longuet, voire répétitif. Le numéro de Studio Ciné Live sorti en novembre citait une longue liste de films tournés de nuit comme Collateral. J'ai aussi repensé à Taxi driver... en moins bien.
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Bon, je constate que le film a plutôt de bons échos...
Dasola le juge "intelligent, bien fait" et son histoire "effrayante". Pascale revient sur la "performance saisissante" de Jake Gyllenhaal. Quant à Princécranoir, il place juste un bémol sur la mise en scène. L'ami 2flics, enfin, a bien aimé le film et en livre une analyse inédite.
Au petit matin, Lou vend ses "meilleurs" sujets à prix d'or et retourne zoner sur Internet pour améliorer sa technique. Une journaliste, chef d'antenne, lui fait confiance: il apprend vite et gagne facilement beaucoup d'argent. Le film repose très précisément sur ce crescendo. Les questions autour de la moralité d'une telle pratique professionnelle surgissent presque naturellement. Sans les évacuer totalement, Night call ne les impose nullement à son personnage principal, qui se montre dépourvu de scrupule. Il y a quelque chose d'étrangement fascinant à contempler l'irrésistible et fatale ascension de cette machine à scoops. Son environnement la rend très crédible. Et Jake Gyllenhaal, amaigri, livre l'une de ces performances d'acteur dont Hollywood est friande. Certains le voient déjà décrocher l'Oscar !
Night call
Film américain de Dan Gilroy (2014)
Attention: je n'ai pas dit que le film était mauvais. Je trouve juste qu'il ne va pas au bout de ses intentions. Je dois admettre également qu'il a su me surprendre sur la fin, alors même que je le trouvais quelque peu longuet, voire répétitif. Le numéro de Studio Ciné Live sorti en novembre citait une longue liste de films tournés de nuit comme Collateral. J'ai aussi repensé à Taxi driver... en moins bien.
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Bon, je constate que le film a plutôt de bons échos...
Dasola le juge "intelligent, bien fait" et son histoire "effrayante". Pascale revient sur la "performance saisissante" de Jake Gyllenhaal. Quant à Princécranoir, il place juste un bémol sur la mise en scène. L'ami 2flics, enfin, a bien aimé le film et en livre une analyse inédite.
4 commentaires:
Je pense que les lourdeurs que tu pointes (et que j'ai ressenties également) tiennent avant tout d'une carence imaginative dans la mise en scène, voire dans le mixage du son et de l'image (je trouve l'utilisation du score atrocement gérée). Mais voilà, le sujet reste fort, la prestation impressionnante.
Je n'ai pas prêté attention au mixage, j'avoue, ou alors je ne me souviens pas.
D'accord pour dire que le sujet est fort, mais je trouve donc qu'il n'est pas très bien traité sur la longueur du métrage. C'est limite si le réalisateur ne plante pas ce décor pour légitimer son personnage. Bref, je ne suis qu'à moitié convaincu et, pour moi, il y avait sans doute mieux à faire en oubliant Lou le temps de quelques scènes. Cela dit, la fabrique de l'info, je peux concevoir que ce n'était peut-être pas le sujet qui intéressait le plus Dan Gilroy.
On est grosso-modo d'accord sur ce film qui manque un peu de souplesse pour véritablement nous emporter dans son tourbillon.
De souplesse, je ne sais pas, mais je trouve qu'il manque quand même de profondeur. Et ce malgré les atouts indéniables déjà évoqués, comme cette très belle photo de nuit et la prestation incroyable de Jake Gyllenhaal.
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