jeudi 18 novembre 2010

La mouche du coche

Je me fiais aveuglément à sa notice Wikipedia: non, Lorànt Deutsch ne s'appelle pas vraiment Laszlo Matekovics. Ses origines hongroises paternelles n'y sont pour rien, mais je n'ai pas toujours su apprécier ce jeune acteur de ma génération. Difficile d'expliquer l'irrationnel. J'admets à présent que ce jugement ne reposait sur rien de concret. Conséquence: j'ai donc eu un certain plaisir à découvrir dernièrement l'un de ses (nombreux) films récents, Jean de la Fontaine, le défi. Avec le rôle du célèbre fabuliste français, le comédien endossait encore une fois les habits d'un personnage quasi-théâtral, à l'image de ceux qui ont assis sa réputation sur les planches. Faut-il aussi vous rappeler qu'avant même ce long-métrage, il s'était déjà glissé dans la peau de Mozart ? Le monde est petit et ma boucle bouclée.

Il serait facile de dire de l'intrigue de ce film qu'elle est moderne. Soucieux d'éviter les analogies douteuses avec le monde d'aujourd'hui, je dirais qu'elle est intemporelle. Le premier élément dramatique est l'arrestation de Fouquet, conseiller du roi Louis XIV, défenseur des artistes. Nombre d'auteurs et saltimbanques y voient la menace d'une censure renforcée, ce qui se confirme bel et bien avec la montée en puissance d'un autre homme dans l'entourage royal, le dénommé Colbert. Jean de la Fontaine, le défi arrange certainement la grande histoire à sa sauce populaire. Il explique combien la popularité de son héros va se montrer gênante au coeur même des plus hautes institutions et parle alors de la difficulté d'être un trublion en face d'un pouvoir trop absolu. Toute ressemblance...

Un peu longue peut-être ou alors pas assez enlevée, cette production n'emballe pas. De la qualité, certes, mais pas assez de souffle, voilà. Pour le connaître mieux désormais, je pense que Lorànt Deutsch vaut mieux que ça. Malgré son talent, le meilleur des musiciens ne peut sans doute transcender une partition moyenne. Oui, c'est véritablement au niveau du rythme que le film pêche le plus. Côté acteurs, ça tient la route. Respectivement roi soleil et éminence grise, le regretté Jocelyn Quivrin et le très théâtral Philippe Torreton ne s'en sortent pas si mal. Avec un peu plus de mouvement, on aurait donc sans doute pu avoir un grand film. Jean de la Fontaine, le défi reste un divertissement honnête, auquel il n'est pas scandaleux d'offrir une chance. Il apporte aussi, bien sûr, le plaisir de réentendre quelques fables oubliées. Comme un appel à la lecture, en images.

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Mise à jour (ce jeudi, 14h45):
Et chronique revue après rectificatif de l'ami Jos (merci !) pour indiquer que Lorànt Deutsch s'appelerait finalement ... Lorànt Deutsch. Les explications en commentaires.

Jean de la Fontaine, le défi
Film français de Daniel Vigne (2007)
Vous l'aurez compris: un peu empesé, le film ne parvient pas vraiment à convaincre totalement. Son propos reste toutefois pertinent et sa conclusion, assez cynique, peut montrer que l'âge aidant, tout le monde change. Chacun y lira le message qu'il voudra. Je regrette pour ma part cette impression que le réalisateur a gardé le cul entre deux chaises. Conséquence d'un scénario lui-même branlant, peut-être. Quitte à rester léger, j'aurais aimé que ce soit plus frivole encore. Pas question de convoquer les grands maîtres. Rayon divertissements sur un auteur connu, je me contenterais largement du séduisant et bien nommé Shakespeare in love.

1 commentaire:

Jos a dit…

Lorant Deutsch s'appelle en réalité... Lorant Deutsch.

Je l'ai entendu cet été - sur France Inter si mes souvenirs sont exacts, expliquer cette histoire de Matekovics.

Plus jeune, il passait pas mal de temps sur des jeux en ligne. Ayant des origines hongroises, mais aussi, serbes, il avait choisi comme pseudo un mix des deux, Lazslo Matekovics. Un truc censé faire peur à ses adversaires. Certains l'ont reconnu, ont cru que c'était son vrai nom. De fil en aiguille, cela s'est retrouvé sur Wikipedia. Jusque sur "Mille et une bobines". Mais pour l'état civil, il s'appelle Lorant Deutsch. Pour de vrai. Je vais essayer de retrouver l'émission de France Inter en podcast.