lundi 22 novembre 2010

Libre d'en parler

Je ne sais plus où, mais j'ai lu que Good night, and good luck. devrait être diffusé dans les écoles de journalisme. Il paraît évident qu'avec ce film ô combien chiadé, George Clooney ne s'adresse pas seulement aux nostalgiques d'une certaine époque de la télévision américaine - on note à ce sujet que l'acteur-réalisateur ne s'est pas donné le plus beau rôle. Non: entre un blockbuster calibré et une pub pour du café en capsule, le beau gosse s'est plu à revenir provisoirement dans le passé pour mieux s'adresser aux gens d'aujourd'hui et de demain. L'intention de départ est ici d'évoquer Edward R. Murrow, présentateur du journal télévisé dans les années 50. Un pionnier du petit écran, intéressant à plus d'un titre.

Ce journaliste est en effet resté dans les mémoires pour s'être fait l'écho des abus politiques du sénateur Joseph McCarthy, l'inventeur de la chasse aux sorcières communistes. De l'art et de la nécessité d'aller au-delà de son idéologie propre pour défendre la seule cause profonde: celle de l'information. Fait historique devenu argument scénaristique, l'idée aurait effectivement pu être transposé en filmant dans une rédaction actuelle - sur le principe, les possibilités ne manquent pas. Que Good night, and good luck. joue une carte rétro ne m'a pas dérangé pour autant. Au contraire, tant il le fait avec éclat: le noir et blanc choisi pour le tournage a vraiment beaucoup de classe. Un bon passeport pour cette belle reconstitution.

Comme je le dirais d'autres oeuvres, Good night, and good luck. est un film d'atmosphère. La reconstitution me semble quasi-parfaite: les héros fument à qui mieux mieux, les images d'archives s'insèrent naturellement dans le récit et la musique jazz qui emballe le tout contribue également à faire du long-métrage une grande réussite formelle. Sur le fond, l'intrigue est bien menée: toute la question est de savoir jusqu'où Murrow ira sans encourir lui-même les pressions et/ou la censure de McCarthy. Des reporters seront-ils sanctionnés ? Certainement, mais pas nécessairement ceux auxquels on pense d'abord. Cette production qu'on pourrait qualifier de citoyenne parle franchement à nos consciences. Un vrai grand moment de cinéma.

Good night, and good luck.
Film américain de George Clooney (2005)
Je me répète: fond et forme s'associent ici pour créer une oeuvre pertinente et d'une grande beauté. Une preuve parmi d'autres, aussi, que le noir et blanc ne devrait jamais être écarté d'emblée, au nom d'une prétendue modernité de la couleur. Le long-métrage ne durant qu'une petite heure et demie, il montre aussi qu'il n'est pas nécessaire de s'étendre pour convaincre. Bref, je le recommande vraiment à tous, apprentis journalistes ou non. Pour parler de la télé d'hier, j'aime aussi Quiz show, avec cette fois-ci la petite lucarne dans le rôle du manipulateur. Il me faudrait compléter ma collection de films liés à la presse. En attendant, je peux déjà conseiller Harrison's flowers, rude fiction sur le photo-reportage de guerre.

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