samedi 24 juillet 2010

Le bon géant et les femmes

Lecteurs occasionnels, nouveaux ou distraits, certains parmi vous fouilleront les archives du mois de mai pour le vérifier. Les autres pourraient se souvenir que j'ai déjà eu l'occasion d'exposer ici même l'image que je me fais de Gérard Depardieu. Si j'ai un doute certain sur les qualités humaines du bonhomme, je n'en ai en revanche pas sur l'étendue de son talent. Il suffit souvent qu'un réalisateur donné demande à notre Gégé national d'être et le voilà qui est. Lui qui a tourné dans un nombre incalculable de films est, je crois, capable d'endosser tous les habits, de tout jouer. Même s'il semble que certains rôles sont créés pour lui et par lui, je l'ai trouvé crédible (presque) partout. Y compris donc dans l'oeuvre dont je vous parlerai aujourd'hui: La tête en friche. Sa seule présence mérite le détour.

Sorti récemment au cinéma, ce long métrage est signé Jean Becker, que je présenterais volontiers comme un artisan-cinéaste, un faiseur de talent. Celles de ses créations que je connais reposent en fait toutes sur un modèle unique: des personnages forts, des dialogues riches porteurs d'un argument dramatique assez simple et surtout des comédiens parfaitement à leur place. Ce style peut déplaire. Sincèrement, il m'est arrivé de le trouver trop statique, si je puis dire, ce qui est tout de même un comble pour un art résolument basé sur le mouvement. La tête en friche ne fait pas exception. Depardieu y incarne un simple d'esprit, pilier de bistro ami avec tout le monde et paradoxalement en mal d'affection. Avec lui, une bande de copains, mais aussi trois femmes marquantes: une mère indigne, une chauffeuse de bus qui le voudrait bien pour père de ses enfants, et enfin - et surtout - une vieille dame passionnée de littérature.

Si ces trois Grâces ont toutes, et chacune à leur manière, une partie dans cette histoire, il me semble que c'est la dernière qui détient l'essentiel des clés de l'évolution du scénario. Pour tout dire, je pense que c'est en tout cas grâce à elle que le grand benêt central apprendra à s'apprécier et, dès lors, à mieux aimer les autres. Maintenant, une fois encore, je comprendrais très bien que certains d'entre vous passent à côté de cette intrigue sans même oser daigner lui consacrer une heure et demie de leur temps. Offrir à la lecture d'être le fil conducteur d'une fiction cinématographique, ça peut également... se lire comme la marque d'un certain culot. Précision importante à destination de ceux qui, comme moi, aiment éperdument les comédiens: l'héroïne de La tête en friche est jouée par Gisèle Casadesus, société de la Comédie française depuis... 1939 et vénérable mamie de 96 ans ! Peut-être que ça ne suffit pas encore pour apprécier le film. Très honnêtement, en plus du fait que je n'ai pas payé grand-chose, Fête du cinéma oblige, c'est ce qui m'a encouragé à lui donner sa chance. Je n'ai rien vu d'extraordinaire. Cela dit, franchement, j'en ai tout de même été plutôt content.

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