lundi 18 septembre 2017

Impasse criminelle

Frédéric Foubert n'a peur de rien. Le journaliste de Première est cité en lettres capitales sur l'affiche de Baby driver, pour avoir osé écrire qu'il constituait "probablement le film le plus cool jamais tourné". Vérification faite, à mes yeux, c'est un gentil petit blockbuster, digne d'être vu car (un peu) différent des autres. De là à s'emballer si fort...

Le titre ne ment pas: le fameux Baby - ce n'est pas son vrai nom ! - travaille bien comme chauffeur. La relative originalité de ce statut professionnel vient en fait du patron qui l'emploie: un chef de gang adepte des braquages de banques. Pendant que ses complices opèrent, notre jeune ami attend sagement dans la voiture, déjà prêt à mettre les gaz pour quitter le lieu du crime et échapper aux flics. Comment ? Ce pitch vous dit quelque chose ? Logique: j'y reviendrai. Maintenant, si Baby driver a eu de bons échos, c'est aussi et surtout parce que son premier protagoniste a des acouphènes et qu'il passe tout son temps à écouter de la musique (au casque). Conséquence logique: en bons spectateurs de ses aventures, nous profitons aussi de cette bande-son, d'une efficacité imparable. Elle se veut synchrone avec les images, tantôt frénétique, tantôt beaucoup plus apaisante. Franchement, l'idée est bonne, mais la mise en oeuvre pourrait casser quelques oreilles, adeptes d'autres mélodies. À vous d'entendre, donc.

Entre deux morceaux, vous serez peut-être sensibles à l'histoire secondaire que le récit développe: celle d'une relation amoureuse naissante entre Baby et une serveuse de café. OK, cette sous-intrigue fait avancer le schmilblick, mais elle semble parfois bien trop naïve pour emballer les adultes auxquels le film est prétendument destiné. Ce côté très candide est à mon avis le point faible de Baby driver. Soucieux d'offrir une porte de sortie à son personnage, il souffre donc d'un décalage entre sa coolitude affichée et ses aspects plus sombres. J'en ai vu d'autres, évidemment, mais certaines scènes sont violentes au tout premier degré. On finit par se demander ce que ce gamin fabrique avec de tels compagnons d'arme, la seule explication donnée s'avérant tout à la fois idiote et expéditive. Bon... je dois admettre malgré tout que le film m'a plutôt plu dans l'ensemble, en tout cas dans le rayon ultra-dopé aux hormones des joyeusetés estivales. Serait-ce la naissance d'une énième franchise ? Je ne crois pas. Ouf...

Baby driver
Film américain d'Edgar Wright (2017)

Je reviens en arrière: oui, le pitch est évidemment évocateur ! Impossible de voir ce film sans penser à ses grands frères, à savoir par ordre d'apparition: Driver et... Drive. Je vous laisse juger seuls de cette comparaison (et de la valeur de chacun des longs-métrages). Une chose est sûre: Edgar Wright est bien moins geek qu'auparavant. Et son film de gangsters objectivement moins désespéré qu'un Titli...

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Vous hésitez encore avant de voir le film ?

Très bien: je vous suggère de compléter mon avis avec celui de Tina.

4 commentaires:

Pascale a dit…

J'ai préféré continuer à écouter de la musique chez moi.
Ce que tu en dis me conforte : conclusion expéditive, idylle bêta, incompréhension du pourquoi du comment baby est avec ces truands...
Pas eu envie DU TOUT !

Martin a dit…

Tu as sans doute bien fait. Ce genre de films, quand on ne les sent pas, mieux vaut les éviter.

tinalakiller a dit…

Un indéniable bon divertissement qui, hélas, ne dépasse pas l'exercice de style :o

Martin a dit…

Voilà, on peut dire ça: il lui manque sans doute un petit supplément d'âme pour décoller vraiment.