dimanche 16 décembre 2012

Choix de vie

Leur histoire pourrait être toute simple. Sabrina et Dorcy s'aiment. Ils veulent se marier. Unique problème: les tourtereaux appartiennent à deux communautés aux mœurs bien différentes. Sabrina est d'origine maghrébine. La famille de Dorcy, elle, vient d'Afrique noire. En une heure vingt à peine, Rengaine reprend l'histoire éternelle des amours contrariées. Le film a fait grand bruit à sa sortie: le réalisateur évoque l'aspect fauché de sa production, reconnaît ne même pas avoir obtenu chaque autorisation de tournage nécessaire et a mis neuf ans à construire son long-métrage. Scénario assez convenu, mais c'est un peu le phénomène cinéma du moment.

De par sa sincérité fondamentale, Rengaine gagne son pari. Il le fait avec ses armes et un style si particulier qu'il fait évidemment parler de lui. Le cadre est presque toujours en mouvement et semble attraper au vol des images bruitées, tronquées, saisies au plus près des personnages. On a parfois presque l'impression d'être venu suivre un documentaire tourné caméra à l'épaule. Sentiment d'urgence. C'est aussi pour me frotter à cette forme que j'ai voulu voir le film. Aucune déception après coup, même si j'ai trouvé l'effet un peu trop appuyé. La brièveté du long-métrage rend la chose supportable et sa relative originalité lui apporte un supplément d'âme. Tourné de façon plus conventionnelle, il aurait moins d'impact.
 
Sur le fond, en effet, le propos n'est pas follement nouveau. L'affiche du film le présente comme un conte. Mouais. Passez votre chemin sans regret si vous cherchez une bonne fée: même si Sabrina a pu trouver en Dorcy son prince charmant, le royaume enchanté demeure le Paris du quotidien, dont on reconnaît la grisaille et le métro. L'aspect fantaisiste du long-métrage, c'est sans doute une héroïne aux 40 frères, là où le héros n'a guère qu'une mère pour famille. Rengaine bat au rythme de la ville et trouve une certaine efficacité dans certaines scènes bien dialoguées. Ce n'est pas tous les jours qu'un tel projet débarque sur les écrans. Mais de là à crier au génie…
  
Rengaine
Film français de Rachid Djaïdani (2012)

Boxeur, ouvrier, agent de sécurité… le jeune cinéaste a déjà vécu plusieurs vies. C'est dans cette dernière fonction qu'il dit avoir découvert le cinéma, lors du tournage de La haine. En plus apaisé toutefois, son premier long-métrage m'a d'ailleurs fait penser à celui de Mathieu Kassovitz. Né d'un père algérien et d'une mère soudanaise, Rachid Djaïdani ne cache pas ses origines. Personnage atypique, il est également romancier, membre de la troupe théâtrale de Peter Brook et a connu quelques petits rôles à  l'écran, notamment dans Ma 6-T va crack-er de Jean-François Richet. À suivre...

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Une toute dernière info...

Je remercie Pascale, organisatrice du jeu qui m'a permis de gagner deux places pour le film. Son blog "Sur la route du cinéma" parle aussi du film, en des termes moins élogieux. Je vous laisse regarder.

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