Terrence Malick est un bon exemple: il a pu m'arriver de découvrir tardivement l'oeuvre d'un cinéaste et de vouloir ensuite me plonger dans toute de sa filmographie passée. Je n'en suis pas à ce stade d'admiration avec Walter Salles, mais apprécier Je suis toujours là m'a encouragé à vite "retourner" au Brésil pour regarder Avril brisé...
Première surprise: ce film est l'adaptation d'un roman paru en 1980 sous la plume de l'écrivain... albanais, Ismail Kadaré (1936-2024). Nous revenons au début du 20ème siècle, auprès d'une famille pauvre. Notre hôte est un petit garçon, sans prénom connu. Il travaille déjà pour aider ses parents, les Breves, qui tirent leurs modestes revenus de l'exploitation de la canne à sucre. Mais il est avant tout question d'une vengeance à prendre sur le clan voisin, les Ferreira: une rivalité territoriale dont le motif premier semble oublié depuis des lustres. Reste qu'après l'assassinat du fils aîné des Breves, les Ferreira doivent à leur tour payer le prix du sang - ce qui marquera l'ouverture d'un nouveau cycle de violences réciproques et jugées inéluctables. Deuxième surprise: sur cette trame, Avril brisé construit un drame d'une rare force poétique. Sachez-le: il y a quelque chose de très beau dans ce que feront les plus jeunes pour tenter d'échapper au destin des anciens. Et, sous ses airs de western, le film cache bien son jeu ! Le mieux est donc de ne pas trop en savoir pour être touché au coeur.
Walter Salles, lui, explique avoir été "frappé par la force symbolique de cette histoire, qui ressemblait à un conte des origines". Une étude de la tragédie grecque l'aura apparemment aidé à construire son film. J'insiste toutefois pour dire qu'il n'est pas qu'une illustration moderne de la loi du talion telle qu'elle a pu être appliquée en Amérique du sud. C'est aussi une invitation au rêve, adressée par un enfant contraint de grandir bien plus vite que les autres. La littérature et le cirque jouent un rôle décisif dans ce récit, qui nous parle aussi de l'amour avec un grand A - ce qui constitue une possible troisième surprise. Vous l'aurez compris: Avril brisé est un long-métrage aussi rare qu'étonnant. Il nous offre en cadeau de superbes images du Brésil. C'est pour tout dire un voyage que je n'aurais jamais fait sans lui. Que dire des acteurs ? Je n'en connaissais aucun et suis de fait tombé sous le charme de Flavia Marco Antonio, tout en étant très sensible au jeu (tout en retenue) de Rodrigo Santoro, Luiz Carlos Vasconcelos et Ravi Ramos Lacerda. Rares, leurs dialogues savent dire l'essentiel !
Avril brisé
Film brésilien de Walter Salles (2001)
Bon bon bon... il ne me restera donc plus qu'à lire le livre, désormais. Pour comparaison, je parlerai peut-être également d'autres vendettas sur écran (le thème de la Cinémathèque de Grenoble cette saison). Aujourd'hui, je me contenterai de me réjouir d'avoir vu ce film ! D'autres perles du Brésil sont présents en section "Cinéma du monde". Dont Gabriel et la montagne. Et La vie invisible d'Euridice Gusmão.
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Et pour finir en (léger) contrepoint...
Je vous propose de lire les avis de "L'oeil sur l'écran", un peu sévères.
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Et pour finir en (léger) contrepoint...
Je vous propose de lire les avis de "L'oeil sur l'écran", un peu sévères.
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