Elle s'appelait Mahsa Amini et aurait dû fêter son 23ème anniversaire le 20 septembre 2022. Iranienne, elle est morte quatre jours plus tôt d'une hémorragie intracérébrale, après avoir été arrêtée par la police des moeurs, à Téhéran. Motif: "le port de vêtements inappropriés". Les graines du figuier sauvage nous ramène à ce drame effroyable...
J'avais laissé passer ce long-métrage, couronné du Prix spécial du jury à Cannes, l'année dernière. Ce que je vous en ai dit en introduction n'est pas tout à fait juste: plutôt qu'à la mort de Mahsa Amini, le film s'intéresse aux manifestations (et autres répressions) qui ont suivi. Encore faut-il préciser qu'il aborde cette question assurément sensible par le prisme d'une famille. Le père, Iman, a été nommé enquêteur. Logiquement, sur sa lancée, il pourrait donc devenir juge d'instruction et, sans plus guère attendre, bénéficier d'avantages professionnels certains - un appartement de fonction plus spacieux, par exemple. Conséquence évidente: sa hiérarchie attend de lui un comportement irréprochable. Sa femme et ses filles, elles aussi, doivent s'inscrire dans cette logique étatique d'exemplarité. Convaincue du bien-fondé d'une telle ligne de conduite, la mère, Najmeh, la rappelle chaque jour à son aînée, Rezvan, soucieuse de son influence sur sa soeur, Sana. Inquiète aussi à l'idée que les deux ados puissent s'attirer des ennuis qui fragilisent la carrière de leur père. Ce qui fait monter la tension...
J'avais laissé passer ce long-métrage, couronné du Prix spécial du jury à Cannes, l'année dernière. Ce que je vous en ai dit en introduction n'est pas tout à fait juste: plutôt qu'à la mort de Mahsa Amini, le film s'intéresse aux manifestations (et autres répressions) qui ont suivi. Encore faut-il préciser qu'il aborde cette question assurément sensible par le prisme d'une famille. Le père, Iman, a été nommé enquêteur. Logiquement, sur sa lancée, il pourrait donc devenir juge d'instruction et, sans plus guère attendre, bénéficier d'avantages professionnels certains - un appartement de fonction plus spacieux, par exemple. Conséquence évidente: sa hiérarchie attend de lui un comportement irréprochable. Sa femme et ses filles, elles aussi, doivent s'inscrire dans cette logique étatique d'exemplarité. Convaincue du bien-fondé d'une telle ligne de conduite, la mère, Najmeh, la rappelle chaque jour à son aînée, Rezvan, soucieuse de son influence sur sa soeur, Sana. Inquiète aussi à l'idée que les deux ados puissent s'attirer des ennuis qui fragilisent la carrière de leur père. Ce qui fait monter la tension...
Déjà mis en prison et à chaque fois sous la menace de voir ses films censurés, le réalisateur vivrait à présent en exil, en Suisse. Il tourne dans la clandestinité: "Des solutions peuvent toujours être trouvées". D'après lui, "il ne fait aucun doute que la restriction et la suppression de la liberté d'expression ne peuvent être justifiées". Il s'est présenté dans de très nombreux festivals et y a témoigné de ses difficultés concrètes, pour recruter des acteurs et des techniciens, notamment. "Je ne suis pas le seul à en subir, lance-t-il. Mes collègues cinéastes sont soumis aux mêmes circonstances et à lourde pression des forces de sécurité". Cette constante oppression et le climat de paranoïa qu'elle engendre nourrissent bien sûr Les graines du figuier sauvage. Beaucoup de scènes se déroulent à huis-clos et utilisent le hors-champ d'une manière très intelligente. Le monde extérieur, lui, a un rôle-clé à la toute fin du métrage - il est de nouveau question d'enfermement. Des images d'archives redisent alors combien la liberté est précieuse !
Les graines du figuier sauvage
Film iranien de Mohammad Rasoulof (2024)
Avec quelque 615.000 entrées, ce long long-métrage - 2 heures 48 ! - rejoint le podium des plus gros succès du cinéma iranien en France. Le numéro 1 reste Une séparation (2011), que je conseille aussi. Autre "bon plan": Un homme intègre, mon premier Rasoulof (2017). L'existence même de ces films nous laisse une petite lueur d'espoir. Pour retrouver la poésie, je recommanderais Au travers des oliviers.
Les graines du figuier sauvage
Film iranien de Mohammad Rasoulof (2024)
Avec quelque 615.000 entrées, ce long long-métrage - 2 heures 48 ! - rejoint le podium des plus gros succès du cinéma iranien en France. Le numéro 1 reste Une séparation (2011), que je conseille aussi. Autre "bon plan": Un homme intègre, mon premier Rasoulof (2017). L'existence même de ces films nous laisse une petite lueur d'espoir. Pour retrouver la poésie, je recommanderais Au travers des oliviers.
----------
Vous voulez comparer mon avis à d'autres ?
Bonne idée ! Je vous suggère de lire ceux de Pascale et Princécranoir.
Vous voulez comparer mon avis à d'autres ?
Bonne idée ! Je vous suggère de lire ceux de Pascale et Princécranoir.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire