samedi 29 août 2020

Attraction

Elle reconnaît que la célébration "n'a aucune valeur à l'égard de la loi" et souligne qu'elle ressent pourtant bien "une connexion spéciale". Américaine et ancienne militaire, Erika LaBrie s'est mariée en 2007 avec... la tour Eiffel et a dès lors fait changer ses papiers d'identité ! Son histoire a inspiré un film: Jumbo. Cela m'a réellement intrigué...

Dans le film, nul ne parle de paraphilie ou d'objectosexualité, termes qu'utilisent les thérapeutes pour désigner ce trouble de nature autistique.  Personne n'évoque ses origines qui, dans le cas particulier d'Erika, seraient liées à une agression. Bref... Jumbo nous propose d'accepter comme "normaux" les sentiments qu'une dénommée Jeanne développe soudain à l'égard d'un immense manège de fête foraine. Cela étant posé, le scénario dresse clairement le portrait d'une fille fragile, élevée sans père par une mère elle-même un peu borderline. Ceci explique cela ? Pas forcément: c'est bien à chacun d'en décider. Reste que la prestation de Noémie Merlant dans le rôle principal appuie fortement l'idée d'une faiblesse psychique (qu'il faut protéger). Le film s'avérant toutefois visuellement explicite sur les réponses qu'apporte le manège à l'émoi de son admiratrice, on a le droit aussi de penser que la réciprocité existe. Sans se poser plus de questions...

L'étrangeté de Jumbo ne m'a en fait qu'à moitié séduit. Son postulat donne immédiatement lieu à quelques très belles scènes, mais le fil narratif est vite coupé, la situation de départ n'évoluant qu'assez peu. C'est dommage: une approche qui aille à fond dans le côté fantastique de cette histoire m'aurait sûrement davantage convenu et convaincu. Tel quel, le film a les défauts de ses qualités: je crains donc qu'il soit trop incongru pour séduire un large public. Je salue toutefois son côté audacieux et, à tout le moins, son originalité. J'ai aimé le fait qu'aucun lieu ne soit réellement identifié, avec un travail important mené sur les environnements, justement. Ainsi, la maison de Jeanne et de sa mère, leur voiture, la foire elle-même... tout paraît sortir d'un ailleurs que nous n'avions jamais eu l'occasion de fréquenter jusqu'ici. Attention: je ne vais pas jusqu'à rejoindre ceux qui parlent de ce long-métrage comme d'un appel au respect de la différence. Simplement, je me suis senti sensible à une forme de poésie visuelle. Curieux de savoir ce que la réalisatrice débutante proposera ensuite !

Jumbo
Film franco-belge de Zoé Wittock (2020)

"Et si c'était à vous d'ouvrir les yeux ?": la petite phrase de Jeanne pourrait vous servir de guide vers ce film étonnant, largement éloigné du tout-venant de la production francophone. Oui, bravo pour cela ! Avant de le voir, j'avais lu une critique qui le comparait aux oeuvres de Stephen King... et j'ai alors pensé à Carrie, la violence en moins. Pour un amour fou, cf. Vif-argent, Vers l'autre rive, The fountain...

----------
Et si tout cela ne vous fait guère envie...
Vous pourrez lire également l'avis de Pascale. Un parfait contrepoint.

4 commentaires:

Pascale a dit…

Contrepoint certes, parfait je ne sais pas :-)
En tout cas, ce film ne m'a pas laissé de marbre, il m'a profondément déplu et agacée. Parler de la "maladie" dont souffre Jeanne aurait sans doute été plus intéressant. Quoique... Mais le film qui fait clignoter et "gicler" la jolie machine est d'une platitude sans nom. Les grand yeux vides et la coiffure moche de Noémie Merlant n'y changent rien.
Quand tu dis borderline pour la mère, tu veux dire vulgaire, hystérique et nymphomane ? ça me fait de la peine de voir constamment Emmanuelle Bercot dans ce genre de rôle.
Si c'est tout ça la poésie, je comprends que je n'y comprends rien.

Martin a dit…

Franchement, je continue de trouver le film très correct, même avec des défauts.
Il a en tout cas quelque chose que beaucoup d'autres non pas... et c'est un premier film.

Par "borderline", je voulais dire "incapable d'élever sa fille correctement".
Je sais ton affection pour Emmanuelle Bercot. Je la crois meilleure comme réalisatrice.

Pascale a dit…

J'essaie toujours d'être indulgente avec les 1ers films mais la longue et hideuse scène de l'huile noire a définitivement enterré ce film pour moi, très ennuyeux par ailleurs.

Martin a dit…

C'est vrai que cette scène était un peu longue et redondante. Et assez vilaine.