jeudi 9 janvier 2020

Archi-déçu

J'étais un peu dépité en ressortant de Notre dame. Imaginé et tourné avant l'incendie qui a ravagé la cathédrale parisienne, le film promettait d'être une fantaisie "à la française" au capital-sympathie indiscutable. Finalement, je l'ai trouvé bien trop fade pour m'attacher aux personnages. Il y a là quelque chose d'assez inabouti, je trouve...

Maud Crayon travaille dans un cabinet d'architecture parisien, dirigé par un chef gueulard, aussi tyrannique que bassement opportuniste. Elle n'arrive pas à le convaincre de ses qualités. Le hasard lui permet pourtant de décrocher un marché juteux (121 millions d'euros !): celui de la rénovation du parvis de Notre-Dame de Paris. Une somme rondelette qui pourrait lui permettre de prendre son indépendance professionnelle et peut-être aussi... de régler une vie sentimentale pour le moins compliquée. Las ! Ce pitch prometteur s'essouffle vite. Actrice-réalisatrice, Valérie Donzelli dispose visiblement d'un carnet d'adresses bien rempli, suffisamment en tout cas pour être entourée d'excellents comédiens. Mais cela reste malheureusement insuffisant pour donner du peps à un scénario gentillet. Et c'est bien dommage...

En suivant le fil de Dupontel et Kaurismäki, il y avait mieux à faire. Tout est un peu trop bancal pour se tenir vraiment. Le côté décalé fait pschit (malgré la participation d'un spécialiste: Philippe Katerine) et le défilé de visages sympathiques - Bouli Lanners, Samir Guesmi, Claude Perron, Isabelle Candelier... j'en passe et des meilleur(e)s - tourne à vide. Pas question de tout jeter, mais rien ne décolle franchement vers les sommets de la comédie française. Notre dame garde pour lui un atout: sa non-vulgarité, en dépit de 2-3 blagues orientées sous la ceinture de ces messieurs. On pourra aussi regretter cette titraille en trompe-l'oeil, désignant davantage l'héroïne du film que l'édifice religieux, écrin de l'une des séquences les plus poétiques et tendres du long-métrage. Cela sera peut-être un bon produit d'exportation, mais, de fait, je suis objectivement resté sur ma faim. Et je crois pouvoir dire d'ailleurs que cet opus passe plutôt inaperçu...

Notre dame
Film français de Valérie Donzelli (2019)

Pas un mauvais film, non, mais une certaine déception pour moi. Valérie Donzelli n'étant plus à son coup d'essai, je crois raisonnable d'attendre mieux d'elle - c'est peut-être une banale question d'univers. J'ai évoqué Dupontel et Kaurismäki: Le vilain (du premier nommé) et/ou Le Havre (du second) sont de bons souvenirs. Et côté humour décalé, le trio Abel, Romy et Gordon brille, dans Rumba par exemple !

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Et sur d'autres sites, ça donne quoi ?

Je n'ai pas trouvé d'autre texte que celui de Pascale, du même avis.

4 commentaires:

Pascale a dit…

Le pire pour une comédie est de ne pas faire rire... c'est vraiment le cas ici.
Le personnage (Valérie bien narcissique... je m'aime, je suis gentille...) n'est jamais attachant. Et effectivement elle a un joli carnet d'adresses...
Je craignais d'être influencée par le fait que la dame invitée à Beaune (festival plutôt convivial) en avril dernier a passé 4 jours à faire la gueule (à égalité avec Agathe Bonitzer).
Mais son film est vraiment moins que moyen.

Martin a dit…

Oh l'aut', hé ! Comment elle copie-colle sa propre conclusion !
Blague à part, heureusement que quelques acteurs sauvent le film d'un vide plus profond...

Quant au comportement des unes et des autres en festivals, ma foi... c'est un autre débat.

Pascale a dit…

Un autre débat mais gênant pour apprécier le côté farfelu et généreux qu'on ne perçoit pas en l'observant en vrai.
Dans le genre burlesque il vaut mieux Merveilles à Montfermeil qui me paraît plus sincère... mais pas bien terrible non plus.

C'est Pierre Deladonchamp qui m'a le plus plu. Il apporte un peu de profondeur.

Martin a dit…

Je vois ce que tu veux dire: il y a un décalage entre le propos et la personne.
"Merveilles à Montfermeil" ne m'attire pas DU TOUT. Et Pierre Deladonchamps... mouais...